GLORIEUX André, Jean

Par Louisette Battais, André Caudron

Né le 25 avril 1910 à Roubaix (Nord), mort le 20 février 1987 à Tourcoing (Nord) ; ébéniste, menuisier ; militant de la JOC, permanent de l’UL-CFTC de Roubaix-Tourcoing (1933-1939), secrétaire général de l’UD-CFTC du Nord (1947), membre du bureau confédéral CFTC puis CFDT (1945-1970), président de l’UR Nord-Pas-de-Calais (1970-1975).

Aîné des trois enfants d’un ouvrier teinturier de l’industrie textile et d’une repasseuse, André Glorieux suivit une formation d’ébéniste après son certificat d’études primaires mais le chômage l’obligea à travailler comme ouvrier menuisier de seize à vingt-trois ans. Habitué du cercle paroissial des jeunes de Roubaix Sainte-Élisabeth, il entendit à Tourcoing, avec son ami Maurice Florin, le 29 juin 1927, l’abbé Joseph Cardjin, fondateur de la Jeunesse ouvrière chrétienne (JOC) belge. Les deux adolescents fondèrent aussitôt une section à Tourcoing sur le modèle du pays voisin et reçurent leur carte provisoire de la section de Mouscron (Belgique). André Glorieux fit partie du comité fédéral jociste de Roubaix-Tourcoing.

Après un court passage à la CGT, il entra à la CFTC en 1928, au syndicat local du bâtiment. Secrétaire de ce syndicat en 1931, il fut nommé permanent dès 1933 et secrétaire en 1936 de l’Union locale des syndicats libres de Roubaix-Tourcoing, la plus importante du département et peut-être de toute la France. Il le resta jusqu’en 1939. En 1938, il avait été élu président de la Fédération nationale du Bâtiment, du Bois et des Travaux publics.

Mobilisé en 1939, fait prisonnier dans les Vosges en mai 1940, il ne revint qu’après cinq années de captivité. À son retour, tout en gardant la présidence de la Fédération du Bâtiment, il aida Charlemagne Broutin, secrétaire général de l’Union départementale CFTC du Nord, et prit sa succession en 1947.

De 1945 à 1970, André Glorieux représenta le Nord au bureau confédéral et fut élu trésorier national au congrès de 1955. Il fut également membre de la commission nationale de formation (1947), du comité de la Confédération internationale des syndicats chrétiens (CISC) et du comité départemental pour l’organisation du Mouvement européen.

Majoritaire convaincu, attaché aux références à la morale sociale chrétienne avec ses amis dits de « centre droit », tels le secrétaire général Maurice Bouladoux, Benoît Mayoud*, René Bonéty*, il manifesta sa volonté de conciliation vis-à-vis des minoritaires de « Reconstruction » lors de la crise de 1952. Soucieux de l’unité du mouvement, il fit partie des négociateurs, élaborant le rapport d’orientation que présenta Bouladoux au XXVIIe congrès (1953). Il présida la commission chargée de préparer la modification des statuts et siégea au nouveau conseil confédéral.

André Glorieux joua un rôle déterminant dans l’évolution de l’organisation et dans la déconfessionnalisation de la CFTC. Son attitude personnelle fut d’un grand poids pour faire accepter cette évolution en 1964 par une grande partie des militants au nom de la discipline démocratique. La CFDT garda dans le Nord, en particulier, toutes les unions locales et la quasi-totalité des syndicats. Il fit ensuite partie du « groupe de travail idéologique », réuni en 1965 sous la présidence de François Lagandré* pour « clarifier le contenu des concepts fondateurs de la CFDT », inscrits dans ses nouveaux statuts.

Devenu président de l’Union départementale en 1969, André Glorieux prit la présidence de l’Union régionale Nord-Pas-de-Calais lors de sa création l’année suivante. Il avait été chargé de la gestion du Cartel régional des caisses de résistance CFTC à sa fondation en 1952 et il présida plus tard la Caisse nationale d’action syndicale (CNAS), constituée en 1973. En 1975, il partit en retraite mais n’abandonna pas pour autant ses activités militantes. Président de l’Union régionale des retraités CFDT Nord-Pas-de-Calais de 1975 à 1986, il en fit la section de retraités la plus forte de la confédération.

Toujours attentif aux questions de formation, André Glorieux avait participé au lancement du Centre université-entreprises d’éducation permanente (CUEEP) à l’université de Lille I (1968). Il était également administrateur du Centre de perfectionnement des cadres de Roubaix et co-fondateur, avec Gilbert Ryon*, du Centre régional de formation ouvrière (CREFO). Porte-parole de la CFDT à la Commission de développement économique régional (CODER) en 1964 puis au Conseil économique et social régional, il représenta les travailleurs français au comité du Fonds social européen (1975). Il était soucieux de l’autonomie du syndicat face aux partis politiques, mais il ne fut pas absent du rapprochement avec le Parti socialiste auquel il adhéra une fois en retraite.

André Glorieux, décédé à l’hôpital de Tourcoing, s’était marié le 22 octobre 1934 à Roubaix avec Madeleine Kinnen, née le 17 juillet 1903 à Roubaix, décédée le 24 octobre 1996 à Wasquehal, sténodactylo, secrétaire à l’Union locale CFTC de Roubaix de 1932 à 1934, responsable des syndicats féminins puis présidente du comité fédéral de la Ligue ouvrière chrétienne féminine (LOCF) à sa création (1935). Ils eurent cinq enfants dont quatre vécurent. Parmi eux, citons deux militants CFDT : Pierre, délégué syndical central à la Caisse de retraites interprofessionnelle (CRI), collaborateur de Gilbert Ryon à la tête de l’Association régionale d’histoire ouvrière et syndicale (ARHOS), et Anne-Marie, épouse Cuvelier, secrétaire administrative de l’Union régionale CFDT, déléguée syndicale. La sœur d’André Glorieux, Marcelle, était la femme de Robert Vansieleghem*, secrétaire général adjoint de la CFTC.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article73479, notice GLORIEUX André, Jean par Louisette Battais, André Caudron, version mise en ligne le 23 août 2009, dernière modification le 27 octobre 2021.

Par Louisette Battais, André Caudron

SOURCES : Arch. Dép. Nord, M 595/73 et M 595/74. — Paroles de militants. Témoignages de syndicalistes CFTC-CFDT du Nord-Pas-de-Calais 1925-1985, recueillis par Christine Bard, Association 1884-1984, Lille, 1990. — André Glorieux, 1910-1987, brochure, CFDT ARHOS, 1987. — André Caudron, Dictionnaire du monde religieux dans la France contemporaine, 4. Lille Flandres, Beauchesne, 1990. — Gérard Adam, La CFTC, 1940-1958, Librairie Armand Colin, 1964. — Charles Véret, J’ai vu grandir la JOC, Les Éditions ouvrières, 1977. — Frank Georgi, L’invention de la CFDT 1957-1970, Les Éditions de l’Atelier, 1995. — Bruno Béthouart, Un siècle de combat syndical. L’histoire de la CFTC-CFDT du Nord-Pas-de-Calais 1893-1998, CFDT ARHOS, slnd. — Interview réalisée par Louisette Battais et Pierre Autexier, janvier 1986, archives confédérales CFDT.

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