Par Jean Gaumont, Gaston Prache
Né le 26 novembre 1871 à Lyon, mort le 13 décembre 1956 à Paris ; docteur en droit, avocat au barreau de Lyon puis de Paris ; maire de Lyon après la Libération ; ministre ; membre de l’Assemblée consultative provisoire (1944-1945) représentant le Front national ; président de l’Entr’aide française par décret du 29 décembre 1944 ; membre du Conseil permanent d’hygiène sociale par décret du 28 février 1945 ; président de la Ligue française contre le cancer ; fondateur et président de l’Union internationale du cancer ; officier de la Légion d’honneur.
Justin Godart étudia le droit à Lyon et fut reçu docteur. Il enseigna à l’École professionnelle de la Martinière. Conseiller municipal et adjoint au maire de Lyon, il fut élu député en 1907, sénateur en 1928, et fut ministre à différentes reprises. Son activité coopérative se place surtout antérieurement à sa carrière purement politique. En 1901 il fonda le Cercle de Valse qui était à la fois un cercle éducatif et une coopérative de consommation. Il est l’auteur de nombreuses études sur le travail ouvrier et sur la coopération parues dans la presse lyonnaise à partir de 1898. Cette activité lui valut de faire partie du Conseil central de l’Union coopérative de 1903 à 1910. Il fut membre du conseil supérieur de la coopération de 1918 à 1924. Il appartint également au conseil d’administration de la coopérative « Les Presses universitaires de France ».
Justin Godart fut d’abord un historien du social. Ses monographies sur L’Ouvrier en soie, 1899 (initialement thèse de doctorat en droit) ou sur Les travailleurs et métiers lyonnais, 1909, par exemple, sont devenues classiques (elles ont été réimprimées chez Slatkine). Plus tard, Godart sera l’un des présidents de la Société de la Révolution de 1848.
De formation juridique, Justin Godard vécut quelque temps de la profession d’avocat et fonda en 1900, avec Paul Pic, les Questions de législation ouvrière et d’économie sociale, principale revue de droit social du premier tiers du XXe siècle. Il participera ensuite activement aux travaux de l’Association internationale pour la protection légale des travailleurs, association privée fondée à Paris en 1900 et dont le président de la section française était Arthur Fontaine*. Cette association qui fut à l’origine de la législation internationale du travail, laissera, après la guerre, la place à l’Organisation internationale du Travail, OIT, laquelle s’inspirera très largement de ses méthodes (système des conventions par exemple). On trouvera un exposé détaillé de cette tranche d’histoire dans l’ouvrage de G. Godart, Les clauses du travail dans le traité de Versailles, Dunod, 1920. Justin Godart devait d’ailleurs lui-même représenter la France aux Conférences de l’OIT dans l’entre-deux-guerres.
Par ailleurs, Justin Godart embrassa très rapidement la carrière politique (tendance radicale-socialiste) : adjoint au maire de Lyon en 1904, puis député en 1908 ; de 1915 à 1918, il sera sous-secrétaire d’État chargé du service de santé au ministère de la Guerre et, en 1924-1925, ministre du Travail. À ce titre, il sera aux origines du Conseil national économique, futur Conseil économique et social et de l’Office national d’hygiène sociale – supprimé en 1935 – futur Institut national de recherche et de sécurité.
Il fut secondé dans sa tâche par un juriste éminent : Georges Scelle, spécialiste de droit public, qui participera à l’institution de la Société des Nations, future ONU. G. Scelle publia aussi divers ouvrages sur la conditions ouvrière dont un petit traité sur le Droit ouvrier (A. Colin, 1922).
Justin Godart sera ensuite sénateur en 1927 puis ministre de la Santé publique en 1934. Il votera contre l’octroi des pleins pouvoirs au maréchal Pétain en 1940 et sera maire de Lyon à la Libération.
Sur le plan personnel, Justin Godart animera un grand nombre d’œuvres sociales, la plus connue étant la Ligue française contre le cancer. À ce dernier titre ainsi qu’à l’éclat de ses activités ministérielles, il fut élu, en 1938, à l’Académie de médecine.
Sa vie durant, Justin Godart ne cessa de porter un grand intérêt au Mouvement coopératif : il fonda, en 1901, le Cercle de Vaise, à la fois coopérative de consommation et groupement éducatif, fit partie, de 1903 à 1910, du Conseil central de l’Union coopérative, fut membre du Conseil supérieur de la Coopération de 1918 à 1924, anima les travaux du Groupe parlementaire de la Coopération dans les années suivantes et devint en 1932 président du Comité national coopératif des Loisirs, à la suite d’Albert Thomas, son fondateur décédé. Sociétaire des Presses universitaires de France, société coopérative d’édition et de librairie, dès sa fondation en 1921, il n’y joua ultérieurement aucun rôle sauf à soutenir l’ancien directeur Pierre-Marcel Levi dans le procès que celui-ci intenta aux PUF en 1945.
Par Jean Gaumont, Gaston Prache
ŒUVRE : Nombreuses études d’histoire lyonnaise dont l’une a une importance particulière du point de vue coopératif. C’est lui en effet qui découvrit les premiers coopérateurs du Commerce social et véridique de Michel Derrion et Reynier, à qui il a consacré dès 1903 une conférence à l’École des Hautes Études sociales. Les Origines de la coopération lyonnaise, Lyon 1904. Bibliographie : cf. pp. 129-130 de Pour le Travail et pour la Paix, hommage de ses amis, A. Quillet, Paris, 1939.
SOURCES : Dictionnaire des Parlementaires français (1889-1940). — Le Coopérateur de France, 1er septembre 1947, 17 novembre 1951. — Who’s who in France, 1953. — Notes de E. Sarin.