Par Michèle Rault
Né le 21 janvier 1930 à Paris (XIIIe arr.), mort le 25 février 2020 ; tourneur ; dirigeant de l’UJRF, militant communiste ; conseiller municipal (1953-1965) puis maire (1965-1998) d’Ivry-sur-Seine (Seine, Val-de-Marne).
Jacques Laloë vécut son enfance dans le quartier du Petit-Ivry à la limite de Paris. Sa famille paternelle, venue au début du siècle de Bretagne pour chercher du travail en région parisienne, s’y était installée après avoir vécu à Antony (Seine, Hauts-de-Seine) et à Paris. Son grand-père et sa grand-mère y étaient respectivement boulanger et concierge. Sa mère, d’origine normande, trouva à se placer comme bonne à Paris puis travailla à Ivry, chez Bognier-Burnet, une usine de fabrication d’objets en caoutchouc où elle contracta la tuberculose. Son père, Maurice Laloë, fit son apprentissage d’ajusteur à Paris, chez Ernault, puis travailla aux usines Renault et, à partir de 1935, chez Gnome et Rhône boulevard Kellermann (Paris XIIIe arr.).
Atteint de tuberculose osseuse, Jacques Laloë fut admis, en 1935, à l’hôpital de Berck-sur-Mer (Pas-de-Calais) et y resta plus de deux ans. À son retour, en 1938 et jusqu’en 1941, il poursuivit sa scolarité alternativement à Ivry et en Bretagne, à Paimpont (Ille-et-Vilaine). En 1941, il fit sa communion à l’église Notre-Dame de l’Espérance d’Ivry. De septembre 1942 à juin 1944, il fut scolarisé en Bretagne et fut reçu premier du canton au certificat d’études primaires. Pendant cette période, son père s’était engagé dans la Résistance et avait adhéré au Parti communiste en 1944. À la Libération, il devait être élu secrétaire de la section syndicale CGT de la SNECMA (ex-entreprise Gnome et Rhône). En septembre 1944, Jacques Laloë entra à l’école secondaire du Moulin-des-Prés (Paris XIIIe) et un an plus tard, devient apprenti à la SNECMA où il créa, en 1946, une section syndicale indépendante des apprentis.
En janvier 1947, Jacques Laloë adhéra à l’Union de la jeunesse républicaine de France (UJRF). Délégué des apprentis, il fut à l’initiative de la formation du cercle de l’UJRF « André Huard » de la SNECMA. Au mois de mai 1947, il rejoignit la CGT puis en octobre, les rangs du Parti communiste à la cellule des professeurs de l’école d’apprentissage de la SNECMA. Ayant obtenu en juin 1948 son CAP d’ouvrier tourneur métallurgiste, il travailla comme tourneur P2 à la Manufacture de Fraises Livet (Paris, XXe arr.) puis comme tourneur P3 à l’atelier d’études de la SNECMA Kellermann. Dans cette entreprise, il fut élu en mars 1948 membre du comité de section du PCF. En 1950, il fut « lockouté » de l’usine (son père le fut en 1952). Il était alors membre du bureau fédéral de l’UJRF et du conseil national de l’UJRF. Il retrouva un emploi de tourneur-outilleur chez Mecanoca à Paris (Ve arr.). En 1952, il fut élu secrétaire de l’UJRF d’Ivry et secrétaire départemental de la Fédération Seine-Sud de l’UJRF. Il était désigné en 1953 membre du bureau fédéral du PCF de la Seine-Sud.
Le 26 avril 1953, il fut le plus jeune candidat de France à être élu conseiller municipal délégué à la jeunesse et aux sports sur la liste de Georges Marrane. En 1954, il devint permanent du Parti communiste dont il était membre du comité fédéral. En 1956, il fut arrêté quelques heures pour avoir organisé un rassemblement pour la Paix devant les usines Schneider d’Ivry. Il accéda au secrétariat de l’Union des jeunesses communistes de France, fonction qu’il exerça jusqu’en 1962. Réélu conseiller municipal en 1959, il fut désigné second adjoint. En 1962, il accéda au secrétariat de la Fédération Seine-Sud puis au secrétariat de la section d’Ivry.
Le 21 mai 1965, tandis que la municipalité communiste d’Ivry célébrait son quarantième anniversaire, Jacques Laloë succéda à Georges Marrane, maire d’Ivry depuis 1925. Conseiller général de 1967 à 1973, élu président de l’Office d’HLM de la commune en 1977, Jacques Laloë conserva son siège de maire après les élections de 1971, 1977, 1983, 1989 et 1995. Il fut membre du comité directeur de l’Association des maires de France et assura la fonction de secrétaire de l’Association départementale des élus communistes et républicains (ADECR) à partir de 1996. En 1998, il passa le flambeau à Pierre Gosnat qui devint maire d’Ivry.
Passionné de pêche, Jacques Laloë reçut la Médaille du ministère de l’Environnement pour son action en faveur de la défense de l’eau, de la faune et de la flore aquatique. Il fut promu chevalier de la Légion d’honneur le 12 avril 1998.
Père de deux enfants, Jacques Laloë avait épousé, en 1954, Simone Diot dont le père, René Diot, avait été fusillé le 7 juillet 1942 à la prison de la Santé. Il se remaria le 14 février 2002 avec Solange Giard.
Par Michèle Rault
SOURCES : Arch. Dép. Val-de-Marne, 1 Mi 2426. — Arch. Com. Ivry-sur-Seine. — Témoignage de Jacques Laloë. — Le Parisien, 26 février 2020, 2 mars 2020 ("Hommage très politique à Laloë").