TRÉGAUT Lucien, Ernest

Par Daniel Grason, Michèle Rault

Né le 1er août 1908 à Paris (XIIIe arr.), mort le 8 février 1978 à Villejuif (Val-de-Marne) ; conducteur de métro, ouvrier puis chauffeur de taxi  ; résistant ; déporté.

Archives familiales, cliché transmis par sa fille, Régine Trégaut Rouchut.

Fils de Lucien chauffeur d’automobile et de Berthe née Dupotet, journalière, Lucien Trégaut vint habiter à Ivry-sur-Seine (Seine, Val-de-Marne) dans les années 1930. De la classe 1928, il effectua son service militaire à Cherbourg dans la Manche. Il contracta une maladie, et fut pensionné à 20%. Il adhéra au Parti communiste en 1935, milita à Vitry, milita avec Henri Pourchasse et Georges Jehenne. Travaillant à la Compagnie des Eaux de la ville de Paris, d’Ivry, il fut organisé sur la cellule. Il a été rappelé sous les drapeaux alors qu’il était emprisonné à la centrale de Poissy.
Il habita les HBM (Habitations à bon marché) au 40 rue Parmentier. Après avoir été conducteur au métropolitain, il travailla à l’Usine des eaux d’Ivry. Ayant adhéré au Parti communiste et à la CGT en avril 1935, secrétaire de la cellule communiste des eaux en 1936, il suivit les cours de l’école de section et de l’école fédérale du Parti communiste en 1938. Pour avoir distribué des tracts, il fut arrêté une première fois, le 31 août 1939 et condamné à trois mois de prison. À l’issue de vingt-et-un jours de prison, Il a été rappelé sous les drapeaux alors qu’il était emprisonné à la centrale de Poissy.
En raison de son action politique, il avait été condamné à trois mois de prison et 50 francs d’amende. Il a été libéré en août 1940. Sans domicile fixe depuis avril 1942, entré dans l’illégalité, il était hébergé par des militants, et recevait 2.000 francs par mois de l’organisation clandestine.
En novembre 1940, il entra dans l’illégalité et fut condamné par défaut à deux ans de prison. Après l’interdiction du Parti communiste en août 1939, il milita à la cellule des Habitations à Bon Marché (HBM) d’Ivry-sur-Seine. Muté à Clamart, il devint le responsable aux Masses du secteur. À la mi-août 1942, après son consentement, il a été muté dans les FTP comme chef d’un groupe de protection. Il assura le 27 août 1942 la protection de l’orateur qui s’adressa aux ouvriers devant l’usine des Compteurs de Montrouge, d’autres militants distribuèrent plus d’un millier de tracts.
Il devint responsable politique dans la région P5 (sud de Paris) sous le pseudonyme de "Lacotte". Muté à Clamart, il fut le responsable aux Masses du secteur. À la mi-août 1942, après son consentement il a été muté dans les FTP comme chef d’un groupe de protection. Il assura le 27 août 1942 la sécurité de l’orateur qui s’adressa aux ouvriers devant l’usine des Compteurs de Montrouge, d’autres militants distribuèrent plus d’un millier de tracts.
Avec d’autres FTP il protégea les militants qui diffusèrent un millier de tracts aux salariés devant la SEV à Issy-les-Moulineaux. À la fin septembre 1942, une autre initiative eu lieu.
Lucien Trégaut a été interpellé le 20 octobre 1942, par trois inspecteurs de la BS2, l’un ayant remarqué qu’il gardait sa main droite constamment dans sa poche, en déduisit qu’il portait une arme, tira le blessant légèrement. Fouillé, il était porteur de documents qui concernaient son activité clandestine : une fausse carte de chemin de fer au nom d’André Gauchy, un pistolet automatique Mab n° 79721, calibre 6,35 mm chargé d’une cartouche et d’un chargeur en contenant cinq autres. La perquisition de son domicile au 40 rue Parmentier à Ivry-sur-Seine a été infructueuse.
Lucien Trégaut était selon Roger Foin le Commissaire politique, il s’exclama lors de son interrogatoire par les policiers « C’est faux ! Je n’ai jamais été en relation avec le nommé Foin alias Martin dont vous me représentez la photographie ». Il nia également connaître Raymond Bressler. Quant aux papiers d’identité au nom de Gauchy, il affirma qu’il les trouva vers le pont Mazagran, trois semaines auparavant, « Je les ai conservés par devers moi pour m’en servir pour les besoins de la cause ».
Les policiers lui demandèrent pourquoi il était armé, il répondit « Il m’arrive fréquemment de sortir armé. Je ne doutais pas de ce rendez-vous et je n’étais pas armé à cette intention ». Avant d’intervenir les policiers l’observèrent, ils remarquèrent qu’il maintenait « constamment [sa] main droite dans [sa] poche à travers de laquelle on remarquait facilement le canon d’une arme braquée sur les passants dont vous vous inquiétiez de leur trajet. Par ailleurs lors de votre arrestation, cette arme était nantie d’une balle dans le canon. Expliquez-vous ? »
Lucien Trégaut répondit « Les allégations des inspecteurs sont fausses ». Il s’agissait pour lui d’être « prêt à faire feu sur toute personne » qui voudrait l’arrêter.
Après son interrogatoire, il a été remis aux allemands, puis incarcéré à la prison de La Santé, de Fresnes (Seine, Val-de-Marne), au fort de Romainville (Seine, Seine-Saint-Denis) puis, enfin, au camp de Compiègne (Oise). Le 24 janvier 1943, il fit partie d’un convoi de plus d’un millier d’hommes et de 230 femmes qui quittèrent la gare de Compiègne pour être déportés vers l’Allemagne en direction du camp de Sachsenhausen. Le 21 avril 1945, avec des milliers de détenus jugés en état de marcher, il fut évacué vers le KL Neuengamme. Il atteignit Schwerin où il fut libéré le 3 mai 1945.
De retour à Ivry, il retrouva son travail à l’Usine des eaux, puis fut ensuite chauffeur de taxi et occasionnellement guide de voyage. Il fut un membre très actif de la section d’Ivry-sur-Seine de la Fédération nationale des déportés et internés résistants et patriotes (FNDIRP).
Il s’était marié à Ivry-sur-Seine, le 19 décembre 1931 à Jeanne Ducher, puis le 19 avril 1952 à Renée Monjanel. Il était père de deux enfants.
Lucien Trégaut a été homologué au titre de la Résistance intérieure française (RIF), et Déporté, interné, résistant (DIR).
Il mourut le 8 février 1978 à Villejuif dans le Val-de-Marne.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article73519, notice TRÉGAUT Lucien, Ernest par Daniel Grason, Michèle Rault , version mise en ligne le 1er octobre 2021, dernière modification le 22 novembre 2022.

Par Daniel Grason, Michèle Rault

Archives familiales, cliché transmis par sa fille, Régine Trégaut Rouchut.

SOURCES : AN Z-4-78 dossier 531. – Arch. Dép. Val-de-Marne, 1 Mi 2426. — Arch. Com. Ivry-sur-Seine. Archives familiales, cliché transmis par sa fille, Régine Trégaut Rouchut.

Photographie : D.R.

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