GUIDOU Louis, Paul

Par Daniel Grason, Michèle Rault

Né le 10 janvier 1890 à Brest (Finistère), mort en déportation le 22 août 1942 à Auschwitz (Pologne) ; ouvrier plâtrier ; militant communiste d’Ivry-sur-Seine (Seine, Val-de-Marne).

Fils de Louis Yves Guidou, menuisier au port, vingt-sept ans et de Marie Yvonne Froel, vingt-cinq ans, blanchisseuse, il épousa le 1er décembre 1913 Marie Herrou en mairie de Brest (Finistère). Il se remaria le 21 septembre 1930 avec Alice Kilian à Ueberstrass (Haut-Rhin). Il eut trois enfants.
Louis Guidou travaillait comme plâtrier. En 1939, il fut employé comme aide maçon à la régie municipale d’Ivry-sur-Seine où il habitait.
Militant communiste, il fut interpellé le 3 août 1940 par deux inspecteurs de police du commissariat d’Ivry-Vitry là où il travaillait à Paris-Métal au 21 rue Miollis à Paris (XVe arr.). À la suite de son interrogatoire, une imprimerie clandestine a été perquisitionnée au 40 route Stratégique, furent saisies quatre machines rotatives et de nombreux tracts. Cinq militants furent appréhendés : Albert Magot, Marcel Boyer, Jules Vanzuppe, Julien Kempenaire et Henri Borioli. Aux termes de l’enquête ponctuée par des interrogatoires 65 personnes furent impliquées.
Il fut condamné le 8 février 1941 par la quinzième chambre correctionnelle à quatre mois de prison, peine qui couvrait sa détention préventive. Mais il ne fut pas libéré et fut interné administrativement à la Maison centrale de Clairvaux (Aube). Le 8 avril 1941, il fut transféré à la prison de la Santé, le 3 juillet il était extrait de la prison pour assister aux obsèques de son frère, à Paris. Il fut renvoyé le 9 juillet à Clairvaux, puis en septembre 1941 à Gaillon (Eure) et enfin en mai 1942 à Voves (Eure).
Son épouse Alice intervint à deux reprises pour obtenir sa libération. Elle s’adressa le 22 avril 1941 au Préfet de police. Elle soulignait qu’il avait été « combattant de la guerre 1914-1918 », puis engagé « il passa deux ans à la Nouvelle Calédonie ». Il avait « toujours été un honnête père de famille ».
Le 6 mai 1941 elle écrivit notamment au Préfet de police : « Mon mari est un bon père de famille. Engagé volontaire en 1908, pour 5 ans, il a été dans les colonies où il a contracté des douleurs articulaires. Libéré en 1913, il est parti à la Grande Guerre avec les premiers, en 1914, cinq ans de captivité en Allemagne, d’où il est revenu avec une mauvaise santé. » Souffrant de « douleurs articulaires » elle exprimait ses craintes pour sa santé.
« Travailleur honnête, il fut contremaître voûter durant de longues années ». En conclusion, elle demandait sa libération. Considéré comme « dangereux pour l’ordre public », il était maintenu en prison.
Le 20 mai, les gendarmes français le remirent aux autorités allemandes au camp de Royallieu à Compiègne (Oise) d’où il fut déporté par le convoi du 6 juillet 1942 dit des 45 000 vers Auschwitz. Les mille cents cinquante-cinq hommes arrivèrent le 8 juillet.
Ce fut l’un des convois le plus meurtrier, près de 90 % de morts et disparus. Un convoi composé essentiellement de communistes et d’une cinquantaine de Juifs à avoir été arrêtés en tant que tels, la plupart étaient des réfugiés de Pologne et d’Italie. Ceux qualifiés par les nazis de judéo bolcheviques étaient ainsi visés. Il y mourut peu après son arrivée le 22 août 1942.
En février 1946 l’épouse de Louis Guidou née Kilian Alice, fut interpellée et emprisonnée à Mulhouse dans le Bas-Rhin comme Agent du Service de Renseignements Allemand (SRA). Elle était inculpée d’atteinte à la Sûreté extérieure de l’État, elle fit l’objet d’une commission rogatoire. Roger Wybot, Directeur de la Surveillance du Territoire s’adressa le 20 mars 1946 au Doyen des Juges d’Instruction pour l’informer de la procédure en cours.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article73525, notice GUIDOU Louis, Paul par Daniel Grason, Michèle Rault, version mise en ligne le 11 octobre 2020, dernière modification le 22 novembre 2022.

Par Daniel Grason, Michèle Rault

SOURCES : AN 20180773-19-631-271 (transmis par Gilles Morin). – Arch. PPo. BA 2373, BA 2446. – Bureau Résistance (pas de dossier). – Arch. Com. Ivry-sur-Seine. – Site internet Livre-Mémorial, FMD, Éd. Tirésias, 2004. – Claudine Cardon-Hamet, Triangles rouges à Auschwitz. Le convoi politique du 6 juillet 1942, Éd. Autrement, 2005. – État civil de Brest numérisé 3 E 29/97 – 1890, acte n° 41. – Arch. Com. Ivry-sur-Seine. – Notes de Jean-Pierre Besse.

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