PELLETIER Jacques

Par Marie-Louise Goergen

Né le 2 avril 1935 à Souché (Deux-Sèvres) ; conducteur de route ; délégué du personnel ; membre du conseil national de la Fédération CGT des cheminots (1970-1976).

Issu d’une famille d’agriculteurs qui abandonnèrent ce métier après 1936, le jeune Jacques Pelletier ne reçut pas d’éducation religieuse, bien que sa mère fût très croyante. Pendant la guerre de 1939-1945, les Allemands occupèrent, pendant quelques années, la ferme de ses parents à Souché, commune qui est devenue un quartier de Niort (Deux-Sèvres). Cette période fut pour lui celle de l’éveil à la Résistance qui, pour le petit garçon qu’il était, consistait à apprendre et à chanter la Marseillaise à l’école. À la fin de la guerre, il adhéra aux « Vaillants », puis à l’Union de la jeunesse républicaine de France (UJRF).
Sans ascendance cheminote, il entra à la SNCF comme apprenti en octobre 1949, au dépôt de Niort. Pourtant, au départ, il avait voulu faire des études longues, contre l’avis du directeur de l’école primaire de Souché, qui ne voulait pas se séparer d’un de ses meilleurs élèves et qui avait fini par persuader son père que le concours d’apprenti garantissait une « bonne place ». Il entama une quatrième année d’apprentissage à partir de 1952, le service s’étant engagé à nommer chef d’équipe ceux qui satisferaient à l’examen de fin d’étude, engagement qui ne fut néanmoins pas tenu. Jacques Pelletier fut embauché comme mineur ouvrier puis, à l’âge de dix-huit ans, comme ouvrier professionnel qualifié. À partir de mars 1956, et jusqu’en mai 1958, il effectua son service militaire, dont dix-huit mois en Algérie. À son retour, il hésita à réintégrer la SNCF, les postes proposés se trouvant en région parisienne ou dans la région de Rouen (Seine-Maritime), alors que sa formation lui aurait permis d’occuper un poste de professeur d’atelier à « l’École pratique », centre d’apprentissage accéléré. Il choisit la filière conduite au Havre (Seine-Maritime), passant l’examen d’agent de conduite en 1960 et accédant successivement aux grades de conducteur de route, puis de conducteur de route principal. De 1958 à août 1970, sa carrière se déroula au Havre, puis il intégra le dépôt de Nantes (Loire-Atlantique) jusqu’à son départ en retraite en mars 1985.
Jacques Pelletier adhéra à la CGT le jour de ses dix-huit ans et participa, en tant que militant, à la grève de 1953. Dès l’hiver 1953-1954, il fut délégué à la première rencontre des jeunes cheminots CGT au Chalet Pierre Semard. À son retour de l’Armée, fin 1958, il s’engagea dans la vie de la Section technique de dépôt et dans celle du syndicat. On lui confia rapidement des responsabilités comme secrétaire de la ST des agents de conduite du Havre, secrétaire adjoint du syndicat, membre du bureau de secteur de Sotteville-lès-Rouen, ainsi que des délégations à différents niveaux. Avec ses camarades, il travailla « à l’amélioration du travail de nuit des conducteurs de manœuvre, à l’instauration d’un véritable protocole de congés des agents de conduite en 5 périodes, sur le respect de notre cahier revendicatif, respect de l’ancienneté, des points importants qui ont fait reconnaître l’organisation syndicale » (témoignage de Jacques Pelletier). Cette reconnaissance se manifesta par un taux de syndicalisation très important des agents de conduite et s’expliqua par une organisation efficace et disciplinée. En tant que membre du bureau de l’Union locale CGT du Havre, il eut également des responsabilités interprofessionnelles.
Après sa mutation à Nantes où il retrouva d’anciens camarades de sa résidence d’origine (Niort, La Rochelle, Saintes, Thouars) au syndicat et au secteur, il assura, après quelques difficultés d’intégration passagères, des responsabilités importantes : membre du bureau du syndicat de Nantes, membre du bureau de secteur, secrétaire du comité technique ADC de 1976 à 1984, enfin délégué du personnel à différents niveaux. Il fut membre du conseil national de la Fédération de 1970 à 1976. Après son départ en retraite, il rejoignit la section Nantes-Sud du syndicat des retraités CGT. Pendant une dizaine d’années, il s’investit dans la sous-commission retraités du comité d’établissement régional (CER) et il restait, en 2002, membre de la commission sociale du secteur retraités de Nantes et membre du bureau de sa section de retraités Nantes-Sud.
Sur le plan politique, Jacques Pelletier adhéra au PCF tout en gardant une distance assez critique vis-à-vis de certains militants communistes.
Marié avec une coiffeuse, Jacques Pelletier est père de deux fils. L’un d’eux, né en 1968, est handicapé, ce qui amena Jacques Pelletier à s’investir, depuis une vingtaine d’années, dans une association de parents, l’Association départementale des amis et parents d’enfants inadaptés (ADAPEI 44).

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article7353, notice PELLETIER Jacques par Marie-Louise Goergen, version mise en ligne le 30 juin 2008, dernière modification le 2 avril 2012.

Par Marie-Louise Goergen

SOURCES : Arch. Ppo, SNCF S26. — Arch. Fédération CGT des cheminots. — Comptes rendus des congrès fédéraux. — Renseignements communiqués par Jacques Pelletier. — Notes de Pierre Vincent et de Jean-Pierre Bonnet.

rebonds ?
Les rebonds proposent trois biographies choisies aléatoirement en fonction de similarités thématiques (dictionnaires), chronologiques (périodes), géographiques (département) et socioprofessionnelles.
Version imprimable