JACLARD Raymond, François [dit Dumas, dit Divoire]

Par Jean-Pierre Besse, Daniel Grason

Né le 16 février 1920 à Tonnerre (Yonne), fusillé après condamnation le 7 mars 1944 au Mont-Valérien, commune de Suresnes (Seine, Hauts-de-Seine) ; tourneur sur métaux, polisseur ; militant communiste d’Alfortville (Seine, Val-de-Marne) ; responsable interrégional des cadres FTPF de la région parisienne.

Ramond Jaclard
Ramond Jaclard
DAVCC, Caen.

Fils d’un surveillant du télégraphe au chemin de fer, et d’une ménagère, Raymond Jaclard obtint à l’issue de l’école primaire, le CEP. Il adhéra aux Jeunesses communistes de France, il s’engagea politiquement dans le cercle de jeunes « Romain Rolland » d’Alfortville en 1935. Il milita activement en 1936 en faveur du Front Populaire et participa, à partir de 1937, à l’aide à l’Espagne républicaine.
En juin 1940, il a été mobilisé au 4e Régiment à Auxerre (Yonne), puis affecté dans un camp de Jeunesse. Libéré en février 1941, il travailla chez Ferodo 31, rue Blanqui à Saint-Ouen (Seine, Seine-Saint-Denis) jusqu’en juin 1942, puis chez SKF rue Franklin à Ivry-sur-Seine jusqu’en octobre 1942. Désigné pour aller travailler en Allemagne, il quitta travail et domicile, et milita dans la clandestinité.
Jusqu’au mois de janvier 1943, il structura l’organisation, puis eut la responsabilité des cadres pour la Région parisienne. Il fut chargé du contrôle des FTP, travailla à la mise en place de secteurs régionaux et locaux dans la Seine, la Seine-et-Oise et la Seine-et-Marne avec le grade de capitaine. L’organisation clandestine le rétribua 2200 francs par mois. Il vécut dans différents hôtels et depuis juillet chez les époux Lambert.
Il était en contact avec Marcel Cretagne FTP du groupe Valmy. En octobre 1942 il était en liaison avec l’organisation clandestine des FTP, il assuma jusqu’en janvier 1943 la responsabilité avec les masses. Il devint responsable des cadres à l’échelon régional sous le pseudonyme de Dumas, interrégional aux cadres de la région parisienne sous le nom de Divoire, était en liaison avec André Joineau et Robert Hildebrandt.
Arrêté le 1er octobre 1943 à Choisy-le-Roi (Seine, Val-de-Marne) lors d’un rendez-vous clandestin avec « Laurent », il tenta de s’enfuir, mais fut repris par des inspecteurs de la BS1. Raymond Jaclard habitait 9 rue Étienne-Dolet à Alforville, mais vivait chez Victor et Marguerite Lambert au 2 Cours de Vincennes à Paris (XIIe arr.).
Le 6 octobre 1943, Raymond Jaclard, André Joineau, Marcel François, Victor Lambert et sa femme Marguerite chez qui était hébergé Raymond Jaclard, Baila Marjanka, agent de liaison de Jaclard, Jacques Ganerie et Lucien David dont le domicile servait de refuge aux combattants FTP étaient tous détenus dans les locaux des Brigades spéciales.
Lors de son arrestation, Raymond Jaclard portait sur lui une carte d’identité falsifiée, des documents ayant trait à l’activité du Parti communiste, un carnet de notes, une somme de mille francs et deux clefs. La perquisition de son domicile d’Alforville a été négative. Celle opérée au domicile des époux Lambert Cours de Vincennes, les policiers saisissaient : neuf cartes d’identité en blanc, des photographies, cinquante tracts du Parti communiste, un cachet humide du commissariat de Sèvres (Seine-et-Oise, Hauts-de-Seine), et d’autres documents sur l’activité de propagande de l’organisation communiste, dont des projets de tracts.
Il était connu de la police comme ex.- membre du comité de la Région Paris-Est de la Fédération des Jeunesses Communistes et pour avoir été en contact avec Marcel Cretagne du groupe Valmy. Le 1er octobre 1943, lors de son interrogatoire dans les locaux des Brigades spéciale il fut battu à plusieurs reprises. Il affirma que les époux Lambert ne savaient pas qu’il militait clandestinement au Parti communiste. Au vu de ce qu’ils avaient saisis, ils s’étonnèrent.
Raymond Jaclard ne désarma pas, il occupait une chambre, jamais il ne discutait politique avec eux et il ajouta : « je leur ai toujours laissé supposer que je travaillais ». Sommé de préciser son rôle en tant que Responsable interrégional aux cadres, il expliqua qu’il rassemblait les biographies, qu’il était « chargé de faire des enquêtes au sujet des militants arrêtés afin de connaître le plus précisément possible le motif de leur arrestation. »
Les policiers voulaient connaître la chaîne de commandement, Raymond Jaclard ne connaissait que les pseudonymes, son supérieur se nommait « Segal », « Laure » était chargée du courrier, il communiquait vers la base par l’intermédiaire de « Sabas » et « Laurent ». Ces derniers lui transmettaient les documents et biographies de militants.
Raymond Jaclard fut soumis le même jour à un second interrogatoire, les policiers voulaient connaître la provenance des mille francs saisis, des deux clefs, de la carte d’identité falsifiée et des comptes d’août et de septembre.
Brisé physiquement et moralement, il a été emprisonné à Fresnes (Seine, Val-de-Marne), jugé les 23 et 24 février 1944, Raymond Jaclard fut condamné à mort pour « actes de franc-tireur » et fusillé le 7 mars au Mont-Valérien. Son inhumation eut lieu dans le carré des corps restitués aux familles dans le cimetière communal d’Ivry-sur-Seine (Seine, Val-de-Marne).
Il fut élevé au grade de Chevalier de la Légion d’Honneur, reçut la Croix de guerre avec palmes et la Médaille de la Résistance, reconnut capitaine FFI responsable inter régional, Interné résistant, déclaré « Mort pour la France » par le Ministère des Anciens combattants. Le Conseil municipal d’Alforville donna son nom à une rue de la ville.
Un document interne du PCF note que la femme de Charles Kaas est veuve de fusillée : « Illégale avec son mari R. Jaclard de 1942 à fin 1943, date de l’arrestation de ce dernier qui est fusillé en mars 1944. Part chez ses parents à Alfortville ». (SMC). Il s’agirait donc de Georgette Jeanne Escartin qu’il avait épousée le 3 octobre 1942 à Alfortville.
L’un des tortionnaires de la BS1, Robert D… fut qualifié lors des procès de l’épuration de la police comme « le plus grand bourreau de la BS1 » – qui, avant d’être affecté – à sa demande – aux BS, avait été un des « mangeurs de Juifs » de la 3e section des RG. « Volontaire pour la BS1, ami intime de Georges Claude, pronazi notoire, admirateur d’Hitler… il recherchait le raffinement dans la cruauté sur les patriotes arrêtés […] a même frappé des femmes… Á plusieurs reprises a tiré des coups de feu sur des patriotes. A fait des arrestations de sa propre initiative. » Arrêté le 14 octobre 1944, il se suicida à 21 heures 05 selon le rapport officiel.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article73554, notice JACLARD Raymond, François [dit Dumas, dit Divoire] par Jean-Pierre Besse, Daniel Grason , version mise en ligne le 15 novembre 2017, dernière modification le 15 mai 2022.

Par Jean-Pierre Besse, Daniel Grason

Ramond Jaclard
Ramond Jaclard
DAVCC, Caen.

SOURCES : Arch. PPo. GB 136 BS1, PCF carton 8 activité communiste pendant l’Occupation, PCF carton 15 rapports hebdomadaires sur l’activité communiste pendant l’Occupation. – BAVCC, Caen. – SHD, Caen AC 21 P 55495. – Bureau Résistance GR 16 P 303002. – Les policiers français sous l’Occupation, Jean-Marc Berlière avec Laurent Chabrun, Éd. Perrin, p. 166-167. – Bulletin municipal d’Alfortville. – Site Internet Mémoire des Hommes. – Site Internet GenWeb. – État civil.

rebonds ?
Les rebonds proposent trois biographies choisies aléatoirement en fonction de similarités thématiques (dictionnaires), chronologiques (périodes), géographiques (département) et socioprofessionnelles.
fiches auteur-e-s
Version imprimable