KUBACKI Stanislas [alias PIGLOVSKI Stefan, WIECZOREK, KLEBER Marian, KUBA Ignace]

Par Jean-Pierre Besse, Daniel Grason

Né le 2 mai 1908 à Siaszyce (Pologne), fusillé le 21 février 1944 au Mont-Valérien, commune de Suresnes (Seine, Hauts-de-Seine) ; ouvrier mouleur puis bûcheron ; volontaire en Espagne républicaine ; FTP-MOI ; un des condamnés du procès dit de l’Affiche rouge.

Fils de Stanislas et de Francisca, née Wajtysiak, Stanislas Kubacki arriva en France en 1925. Il épousa sa compatriote Geneviève Klébek, et un fils Édouard naquit le 20 mars 1930 à Avion (Pas-de-Calais). La famille vint habiter 39 allée Condorcet à Livry-Gargan (Seine-et-Oise, Seine-Saint-Denis), Stanislas Kubacki milita au Parti communiste. Il fit en 1936 l’objet de trois condamnations pour : « vol, coups et blessures, port d’arme, défaut de carnet, rébellion ». Un arrêté d’expulsion lui fut notifié le 14 mars 1936. Condamné à trois mois de prison le 24 avril 1937 à Céret (Pyrénées-Orientales) pour un motif inconnu, un nouvel arrêté d’expulsion lui fut signifié.
Il s’engagea dans les Brigades internationales en Espagne. À son retour, il fut interné au camp du Vernet (Ariège) et à celui de Gurs. Déporté vers l’Allemagne, il s’évada. Il rejoignit les combattants des Francs-tireurs et partisans-Main-d’œuvre immigée (FTP-MOI) à une date inconnue.
Soupçonné de vol, il fut interpellé, emmené au commissariat de Villeparisis (Seine-et-Marne) le 12 mai 1942. Les policiers saisissaient sur lui deux feuilles de timbres de cotisation : « Aidez les victimes du Fascisme », un carnet avec des annotations : « Ne pas aller en Allemagne pour y travailler » et « Sabotage partisan ». Plusieurs fausses cartes d’identités étaient découvertes et trois fiches de démobilisation en blanc du centre de Caussade (Tarn-et-Garonne). Stanislas Kubacki réussit à s’évader du commissariat.
Au début de l’été 1942, il travailla sous le nom d’Ignace Kuba comme bûcheron dans un chantier forestier à Montgeron (Seine-et-Oise, Essonne). Se doutant qu’il était recherché, il quitta les lieux, y revint le 1er août 1942 et rapporta les outils au patron. Quelques jours plus tard le maire de Tremblay-les-Gonesse (Tremblay-en-France) en Seine-et-Oise était agressé. Kubacki fut soupçonné sans preuve. Le 6 août 1942 Félix Kuc, ressortissant polonais, était tué. Kubacki fut suspecté. Le 13 novembre 1942, avec Gustave Migatulski et quatre autres hommes, Stanislas Kubacki participait à l’attaque d’une ferme à Arnouville-lès-Gonesse (Seine-et-Oise, Val-d’Oise). Sous la menace des leurs armes, ils emportaient dix mille francs en argent et en bijoux.
Dans les premiers jours de décembre 1942, il vint habiter chez Anna Finkelstein, de nationalité danoise et de confession juive, au 38 rue Jean-Jaurès à Puteaux (Seine, Hauts-de-Seine). Le 7 décembre des inspecteurs des Brigades spéciales y arrêtaient Stanislas Kubacki, Antoine Kalita, ajusteur, et Anna Finkelstein, couturière. Kubacki portait sur lui une fausse carte d’identité au nom de Stefan Piglovski et des feuilles avec des notes en polonais sur des opérations de sabotage dans le nord de la France. Tous les trois, en exécution de l’ordre de Heinsen, l’officier allemand qui faisait la liaison avec la préfecture de police, étaient livrés à la Sipo-SD (Police de sécurité et du renseignement de la SS) autrement dit la Gestapo, 11 rue des Saussaies, Paris (VIIIe arr.). Stanislas Kubacki fut interrogé, torturé pendant plusieurs jours à de multiples reprises, puis incarcéré à Fresnes.
Stanislas Kubacki était l’un des vingt-quatre accusés qui comparaissaient le 18 février 1944 devant le tribunal du Gross Paris qui siégeait rue Boissy-d’Anglas (VIIIe arr.). La presse collaborationniste, dont Le Matin, s’en fit l’écho : « Le tribunal militaire allemand juge 24 terroristes ayant commis 37 attentats et 14 déraillements. Un Arménien, Missak Manouchian, dirigeait cette tourbe internationale qui assassinait et détruisait pour 2 300 francs par mois. » Seul Gustave Migatulski ne fut pas condamné à mort. Passé par les armes le 21 février à 15 h 56 au Mont-Valérien, Stanislas Kubacki laissa une lettre à sa femme et à son fils dans laquelle il écrivait « je meurs pour la liberté, pour la France et pour la Pologne ».
Son inhumation eut lieu dans le carré des corps restitués aux familles dans le cimetière parisien d’Ivry-sur-Seine (Seine, Val-de-Marne).
La nationalité danoise ne protégea pas Anna Finkelstein. Elle était déportée le 31 juillet 1943 dans le convoi no 58 au départ de Drancy à destination d’Auschwitz (Pologne), où elle mourut. Quant à Antoine Kalita, le 16 avril 1943 il était dans le convoi qui partit de Compiègne à destination de Mauthausen (Autriche). Affecté au Kommando de Linz III dans les Usines Hermann Göring, il fut par la suite transféré à Auschwitz (Pologne). Matricule 26441, sa destinée resta inconnue.
Le bataillon polonais qui participa à la libération de Paris portait le nom de Stanislas Kubacki.
Il reçut la Médaille de la Résistance à titre posthume en 1947 et fut homologué sous-lieutenant des Forces françaises de l’intérieur.
Le nom de Stanislas Kubacki figure sur le monument aux morts de Livry-Gargan, ainsi que sur les plaques commémoratives dédiées au groupe Manouchian au 19 rue au Maire à Paris (IIIe arr.), à Marseille, près de la gare d’Évry-Petit-Bourg (Essonne) où furent arrêtés Missak Manouchian et Joseph Epstein (colonel Gilles) et au Blanc-Mesnil (Seine-Saint-Denis).

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article73555, notice KUBACKI Stanislas [alias PIGLOVSKI Stefan, WIECZOREK, KLEBER Marian, KUBA Ignace] par Jean-Pierre Besse, Daniel Grason, version mise en ligne le 26 août 2009, dernière modification le 15 mai 2022.

Par Jean-Pierre Besse, Daniel Grason

SOURCES : Arch. PPo., 77W 2122. – DAVCC, Caen, Liste S 1744. – Le Matin, 19 et 20 février 1944, 21 février 1944, 22 février 1944. – Site des fusillés du Mont-Valérien. – Journal officiel, 26 juillet 1947. – Pages de gloire des 23 (avec iconographie). – Gaston Laroche, Boris Matline, On les nommait des étrangers. Les immigrés dans la Résistance, EFR, 1965. – Site Internet Mémoire des Hommes. – Mémorial GenWeb.

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