GUÉHENNEUX Gustave, Jean-Marie. Pseudonyme Victor.

Par Claude Pennetier

Né le 26 décembre 1911 à Saint-Étienne-du-Gué-en-l’Isle (Côtes-du-Nord, Côtes-d’Armor), mort le 6 avril 2000 à Coutances (Manche) ; ouvrier boucher puis employé de mairie ; militant communiste ; combattant des Brigades internationales ; agent de liaison et garde du corps de Jacques Duclos ; agent de la Commission des cadres du PCF.

Gustave Guéhenneux était le fils d’un laboureur. Il quitta la Bretagne pour Paris au début des années 1930. Ouvrier boucher à Montrouge (Seine, Hauts-de-Seine), il milita à la cellule communiste « Les Violettes » de Bagneux. C’est par l’intermédiaire du docteur Kelman Ber, conseiller municipal communiste de Bagneux (Seine, Hauts-de-Seine), qu’il s’engagea dans les Brigades internationales au moment de la Guerre d’Espagne, du 6 octobre 1936 au 13 novembre 1938. Parti de Marseille, il débarqua à Alicante et fut acheminé vers Albacete. Combattant puis commissaire politique de la 1re section du bataillon « Commune de Paris », Gustave Guéhenneux reçut une première blessure le 30 avril 1937, puis une seconde en septembre 1938 alors qu’il était commissaire politique de la deuxième compagnie du bataillon Henri Barbusse (4e bataillon de la 14e Brigade). Son état de santé provoqua son évacuation vers la Catalogne puis son rapatriement en France en novembre 1938.

Après son retour d’Espagne,Gustave Guéhenneux devint employé à la mairie de Bagneux, secrétaire de section et membre du comité de Paris Sud. Selon son témoignage recueilli par Raymond Dallidet, la commission des cadres (en la personne d’Arthur Dallidet) fit appel à lui en, mai 1939, pour examiner les dossiers des volontaires français des Brigades. La sélection établie, et conservée par ses soins puis codée, fut d’une grande utilité lors de la reconstitution clandestine du PCF. Ces listes précieuses furent consignées sur des carnets dont un jeu fut confié à Georges Beaufils et un autre à Guéhenneux. Ce dernier découpa ses carnets en deux et cacha la moitié contenant les noms dans la cave de son oncle au 26 rue Reulos à Villejuif (Seine, Val-de-Marne) et la moitié contenant les adresses chez la camarade Moronval de Bagneux (Seine, Hauts-de-Seine)

Mobilisé, Gustave Guéhenneux revint à Bagneux en juillet 1940 et, par l’intermédiaire de Maurice Gunsbourg, reprit contact avec Arthur Dallidet vers le 10 août 1940. L’appareil clandestin le chargea du logement, de la sécurité et des liaisons de Jacques Duclos, mission qu’il accomplit avec succès pendant toute l’Occupation sous le pseudonyme de Victor. Jacques Duclos écrivit dans ses Mémoires qu’il fit preuve « d’un courage magnifique et d’un esprit d’initiative remarquable ».
Mobilisé en 1939, Gustave Guéhenneux rentre à Bagneux le 14 juillet 1940 et récupèrera les précieux carnets (p.48)
Arthur Dallidet le chargea d’abord de diverses missions d’approvisionnement qui nécessiteront plusieurs voyages en Bretagne où était resté le père de Gustave. Il négocia vingt tonnes de pommes de terres à Paimpol (Côtes-du-Nord, Côtes-d’Armor). C’est lui également qui procura un cheval à l’entreprise de transport Teulet créée par Raymond Dallidet pour installer un certain nombre d’imprimeries clandestines. (pp.52-53)
A la fin de 1940, il fut en effet affecté à la garde rapprochée de Jacques Duclos lorsque ce dernier habita les HBM des boulevards extérieurs. Gustave Guéhenneux se faisait alors passer pour le mari de Gilberte Duclos. Il prit alors le pseudonyme de Victor. En décembre 1941, Victor suit Jacques et Gilberte Duclos lorsque ces derniers s’installent à la villa l’Oasis, à Villebon-sur-Yvette (Seine-et-Oise, Essonne), hameau du Villiers. Il y résida avec Duclos, jusqu’à la Libération, en août 1944.
Il fut le principal agent de liaison de Jacques Duclos. Chaque jour, il effectua une tournée, presque toujours à bicyclette où il rencontra les autres agents de liaison, généralement des femmes, attachées aux différents responsables du Parti. L’une d’elles était Lucie Grattadoux qui devint sa femme après la guerre, mais elle avait été arrêtée en février 1943 et internée à la prison de la Roquette.
Le 25 août 1944, en compagnie d’un autre ancien d’Espagne, Gali, Victor, armé d’une mitraillette accompagne Jacques Duclos et Benoit Frachon jusqu’au siège du Parti (p.248)

Après la guerre, il continua à coopérer avec Raymond Dallidet. Celui-ci écrivit en évoquant une dizaine d’acteurs « de cette longue et interminable clandestinité », « Dans les mois qui ont suivi la libération de Paris, ils ont repris progressivement leurs occupations professionnelles, en restant dans l’anonymat à la demande du parti. Puis, le temps passant et la retraite approchant, ils ont tous repris leur place de militants communistes qu’ils avaient dû abandonner en 1939 ».
Inculpé lors de l’affaire du « trésor » découvert dans le jardin de « L’Oasis », villa de Villebon-sur-Yvette appartenant au Parti communiste français qui avait servi de résidence clandestine à Duclos pendant la guerre, condamné à quinze jours de prison, libéré à l’automne 1947, il devint chauffeur à l’ambassade de Hongrie.

Il se maria en octobre 1952 à Paris (XVe arr.) avec Lucie Gratadoux, agent de liaison de Jacques Duclos, vécut à Villejuif jusque dans les années 1980. Il se retira ensuite à La Basinière Orval (Manche).

L’Humanité annonça brièvement le décès de Gustave Guéhenneux dans son numéro du 26 avril 2000, rappelant qu’il fut "l’agent de liaison de Jacques Duclos et qu’il avait rencontré dans la clandestinité, Lucie Gratadoux".

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article73570, notice GUÉHENNEUX Gustave, Jean-Marie. Pseudonyme Victor. par Claude Pennetier, version mise en ligne le 26 août 2009, dernière modification le 22 juin 2021.

Par Claude Pennetier

SOURCES : Arch. AVER. — Jacques Duclos, Mémoires, 1940-1942, p. 101. — Léon-Raymond Dallidet, 1934-1984. Voyage d’un Communiste, La Pensée universelle, 1984 (réédition, Raph, vive le parti communiste français, Société générale d’édition, 1987). — Etat civil.— L’Humanité, 26 avril 2000. — Emmanuel de Chambost, La direction du PCF dans la clandestinité (1941-1944), Les cyclistes du Hurepoix, L’Harmattan, 1997. — Notes de Emmanuel de Chambost, — Témoignage de Raymond Dallidet.

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