HUMBERDOT René, Maurice

Par François Ferrette

Né le 15 septembre 1896 à La Ferté-Alais (Seine-et-Oise, Essonne), mort le 20 juillet 1986 à Beaune (Côte-d’Or) ; agent des PTT, négociant, administrateur, journaliste ; militant de Fontenay-sous-Bois (Seine, Val-de-Marne) et de Vincennes (Seine, Val-de-Marne), socialiste, communiste, membre de la commission exécutive du Comité de la IIIe Internationale (1920-1921), membre de la commission de contrôle du PCF (1921-1924), membre de la commission exécutive de la fédération de la Seine de l’ARAC (1920) ; ancien combattant, Résistant dans le réseau Scorpion avec le grade de colonel ; maire adjoint de Fontenay-sous-Bois à la Libération.

René Humberdot

Fils de Gustave Humberdot, représentant de commerce, et de Madeleine Boincet, René Humberdot, qui était domicilié depuis 1920 au 72, avenue de Paris à Vincennes (Seine), se maria le 22 novembre 1920 à Alfortville (Seine) avec Marie-Louise, Jeanne Tiengou. Entré aux PTT le 6 mai 1911 en tant que facteur des télégraphes, il fut incorporé le 12 avril 1915 dans le 3e bataillon de chasseurs à pied. En plein guerre, il était en contact avec les zimmerwaldiens et les kienthaliens. Démobilisé le 24 septembre 1919, il eut alors une affectation provisoire en tant que facteur d’imprimés mais René Humberdot refusa à plusieurs reprises ses nouvelles fonctions et fut rayé des cadres le 30 juin 1920. Il travailla alors comme secrétaire au service des habitations à bon marché de la ville de Paris. Dans les années 1920, il fut successivement secrétaire de direction de la société Chromo-Lux, représentant en spiritueux et négociant pour le compte de l’URSS sous le contrôle des Services de la représentation commerciale soviétique.

René Humberdot fut très tôt un actif militant pour l’adhésion à l’Internationale fondée à Moscou. En octobre 1919, il fut nommé secrétaire du comité de la IIIe Internationale de Fontenay-sous-Bois. Il s’imposa au cours de l’année 1920 comme un des principaux orateurs du Comité pour la Seine. La police le signalait dans divers meetings : le 23 juin à Aubervilliers, le lendemain à St Ouen, le 8 juillet à Saint-Denis. Humberdot représenta le Comité au congrès de la minorité des Jeunesses Socialistes du 25 juillet 1920. Le 22 août, il anima un meeting à Beauvais, organisé par l’union des syndicats ouvriers de l’Oise, les groupes socialistes de Creil, Montataire et Nogent ainsi que les jeunesses socialistes et syndicalistes de Creil et environs. En septembre, il poursuivit la campagne d’adhésion à la IIIe Internationale et intervint dans divers meetings. Il devint un homme de confiance du Comité de la IIIe Internationale et se fit élire à sa Commission exécutive en 1920 et réélire le 18 mai 1921.

Humberdot, délégué de la Fédération de la Seine au congrès socialiste SFIO de Strasbourg (février 1920), membre de la commission exécutive du Comité de la IIIe Internationale, fut le 9e signataire de la motion présentée par ce Comité (motion Loriot-Souvarine, dite aussi Cachin-Frossard). Délégué de la Seine au congrès de Tours, il fut désigné, le 30 décembre 1920, membre de la commission de contrôle du Parti qui adhérait à la IIIe Internationale. Élu secrétaire de la commission de contrôle, il le resta jusqu’en février 1924.

Humberdot, membre de la commission exécutive de la fédération de la Seine de l’ARAC en 1920, en fut adhérent au moins jusqu’en 1933. En 1924, il assura la gérance du journal, la Russie nouvelle, revue Ouvrière Internationale illustrée. Il fut aussi membre du Secours rouge international et trésorier adjoint de l’œuvre des vacances enfantines.

Selon le compte rendu d’une réunion du Bureau politique du 22 avril 1925, le Secours rouge international proposa Humberdot pour une mission en Chine. Le Bureau politique le récusa en arguant qu’il n’offrait « pas les garanties politiques suffisantes ».

Au cours de la préparation du congrès de Lille, en mai-juin 1926, Humberdot anima une " tendance " et multiplia les interventions. Lors d’une conférence du 8e rayon de la région parisienne, son intervention porta sur trois points :

- le centralisme démocratique,

- la question des générations,

- l’application du Front unique. " Il nia qu’un changement quelconque ait été apporté dans la politique, la tactique et les méthodes depuis les 1er et 3 décembre. " (S’agissait-il de la conférence nationale extraordinaire du Parti ou de la lettre aux membres du Parti ?) D’autre part, il lança de " violentes attaques contre le népotisme dans l’appareil ". Sa motion obtint 18 voix alors que le rapport moral était adopté par 110 voix (microfilm n° 192).

Dans le même temps, Humberdot intervenait dans l’Humanité, dans les Cahiers du Bolchevisme et écrivait à l’Internationale communiste. Le rapport pour le congrès de Lille qualifiait ses positions de « centristes ». Il préconisait notamment, selon le rapport, l’encadrement de " la jeune génération gauchiste dans la vieille génération social-démocrate ". Il demandait une tribune de discussion. Semard lui répondit dans son rapport : " C’est impossible parce que ce sera la plus grande confusion, non seulement au sein de notre parti, mais aussi de la classe ouvrière que nous devons guider. " (microfilm n° 135).

Militant discipliné, Humberdot affirmait vouloir travailler « sur la base des résolutions votées par le congrès ». Sa tendance disparut, selon l’Humanité. Il ne semble pas que la réalité ait été aussi nette. Humberdot, en effet, protestait, quelques semaines plus tard, dans une lettre à l’Exécutif élargi de l’Internationale ; sa tendance avait été écartée de la délégation française pour cette réunion. Lors de la conférence du 8e rayon, en octobre 1926, il demanda que son emploi et celui de sa femme soient retirés (microfilm n° 192).

Lors des élections législatives de 1928, Humberdot, candidat du Bloc ouvrier et paysan (BOP) dans la deuxième circonscription de l’arrondissement de Sceaux (Vincennes), recueillit au premier tour, 3 114 voix sur 21 284 inscrits et au deuxième tour 4 216 voix. En mai 1929, Humberdot conduisit la liste communiste aux élections municipales de Fontenay-sous-Bois qui obtint 1 274 voix de moyenne sur 5 776 inscrits.

Quatre mois plus tard, dans le rapport au comité central du 8 septembre 1929, Semard traita de la composition du conseil d’administration de la Banque ouvrière et paysanne. Parmi ses membres, trois, dont Humberdot, n’étaient pas ceux désignés par le Parti. « Nous avons fait des réserves sur Humberdot qui est un aventurier de la pire espèce, qui est l’élément qui, dans la BOP est en liaison avec Frossard et autres éléments de la franc-maçonnerie [...]. Qu’elle n’a pas été notre stupéfaction de voir Humberdot désigné. » (microfilm n° 328).

Humberdot quitta le Parti communiste à la fin 1931. En 1933, il participa à des élections cantonales à Vincennes sous l’étiquette de « communiste dissident ». Radié des listes électorales de Vincennes en janvier 1932, il était inscrit sur celles de Fontenay-sous-Bois comme « industriel ».

En mai 1935, dans le troisième canton de Vincennes (Fontenay-sous-Bois), Humberdot, candidat « indépendant », obtint 200 voix. Sa profession de foi indiquait la profession de « journaliste » et il se présenta avec l’étiquette « Comité de défense républicaine des intérêts communaux ».

De 1929 à 1932, Humberdot fut journaliste à Le Soir. En 1931, il participa également au journal Germinal, hebdomadaire littéraire et politique, dont il fut directeur administratif avec Robert Lazurich, le directeur politique était L.O Frossard. Il quitta le journal en 1934 pour collaborer à divers journaux locaux. En 1939, il fut journaliste au Bulletin des Halles.

En septembre 1939, mobilisé au 210e régiment d’infanterie de Paris, Humberdot fut démobilisé en juillet 1940. Il participa à la Résistance dans le réseau Scorpion avec le grade de colonel et fut président de l’Amicale de ce groupe à la Libération. Le 5 août 1946, il fut nommé Chevalier de la légion d’Honneur, et le 31 mars 1947, titulaire de la Médaille de la Résistance.

Humberdot fut gérant associé depuis le 26 octobre 1929 d’une société dite « d’exploitation forestière de la Puisaye » et détint 83 parts sur les 250 que comptait le capital investi. Il quitta cette société le 3 mars 1944. Il fut aussi gérant d’une SARL « Administration et Gestion industrielle et commerciale » et de la société « Maurice Fontenay et compagnie ». Ces deux dernières sociétés ne fonctionnaient plus depuis plusieurs années selon un rapport de police de 1951. Il devint correspondant politique pour le Daily Express depuis au moins 1939 et jusqu’en 1954. De la Libération à mai 1945, il fut maire adjoint de Fontenay-sous-Bois et journaliste parlementaire en tant que correspondant libre. Le 28 mars 1964, il devint est administrateur de la « Société d’Expertises fiscale et d’Études Juridiques et Sociales » et assistait dans ses fonctions le gérant de la « Société Françaises d’Industrie Textile ».

Selon la police, Humberdot fut élu Grand électeur lors des élections sénatoriales du 5 avril 1959 sur la liste socialiste SFIO. Le 2 juin 1960, il participa à une réunion qui traitait du problème algérien avec diverses personnalités radicales, radicales-socialistes (Maurice Bourges-Maunoury, Georges Chauvin, Henri Laforest) ou socialistes (Robert Lacoste, Max Lejeune). Les protagonistes soutenaient que le problème « ne pourra être résolu que par le maintien au sein d’une République française d’une Algérie nouvelle et socialement transformée ». Selon la police, il signa un appel pour l’Algérie française. En septembre, il aurait constitué un groupe avec Albert Bayet, ancien président de la ligue de l’enseignement (qui avait participé à la réunion du 2 juin) pour le maintien de l’Algérie dans la République française en se démarquant à gauche des initiateurs du Comité de Vincennes, groupe pro-Algérie française.

René Humberdot adopta à une date inconnue un enfant, Claude, né le 19 novembre 1942 à Paris. En 1965, il se qualifiait de « conseiller technique parlementaire » et fréquentait l’Assemblée nationale. Le 12 décembre 1974, il fut élu président de l’Association française des journalistes Résistants, fondée le 17 août 1953. Membre du Parti socialiste SFIO, Humberdot, participa après la guerre, à plusieurs congrès nationaux. Il quitta Fontenay-sous-Bois en décembre 1964 pour Bouilland (Côte-d’Or) où il habitait toujours au début des années 1980.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article73631, notice HUMBERDOT René, Maurice par François Ferrette, version mise en ligne le 27 août 2009, dernière modification le 19 juillet 2021.

Par François Ferrette

René Humberdot
Affiche appelant à un meeting à Creil, le 22 août 1919. Orateur : René Humberdot (format 600x800)
Affiche appelant à un meeting à Creil, le 22 août 1919. Orateur : René Humberdot (format 600x800)

SOURCES : Arch. Nat. F7/13090, 13264 ; 19940451/242 dossier 20185 — Arch. Dép. Seine-Saint-Denis, arch. Komintern, microfilms 95, 135, 191, 192, 328 — Arch. Préfecture de police de Paris BA 2339. — Bulletin communiste, 10 juillet 1920, — l’Humanité, 23 juin 1920, 20 juillet 1920, 5 septembre 1920, 19 octobre 1920, 27 octobre 1920. — DBMOF, notice par Jacques Girault.— État civil. — Notes François Ferrette.

ICONOGRAPHIE : affiche meeting « contre la guerre » du 22 août 1920 à Creil (AN F7 13010)

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