ROUSSEL Ferdinand, François

Par Michèle Rault

Né le 21 décembre 1839 à Landricourt (Marne), mort le 20 mars 1914 à Ivry-sur-Seine (Seine, Val-de-Marne) ; ouvrier tailleur d’habits ; militant socialiste ; maire d’Ivry-sur-Seine (1896-1908).

Portrait de Ferdinand Roussel en 1900
Portrait de Ferdinand Roussel en 1900
[Arch. Com. Ivry-sur-Seine]

Ferdinand Roussel naquit dans une famille ouvrière : son père était manouvrier et sa mère domestique. Très jeune, il quitta sa région natale pour venir à Paris y exercer la profession d’ouvrier puis d’artisan tailleur d’habits et là, commença à militer. À l’origine du premier syndicat des ouvriers et ouvrières de l’habillement, il s’opposa à l’Empire, combattit sous la Commune de Paris et adhéra au Parti ouvrier de Jules Guesde dont il devint très proche, même s’il prit parfois, au tournant du siècle, des positions différentes de celles de son maître en politique.

Militant politique autant que syndical, Ferdinand Roussel fut de tous les combats menés au nom du socialisme. Il avait été candidat du (Parti ouvrier français (POF) aux élections municipales de 1887 dans le quartier de Saint-Avoye (Paris, IIIe arr.) où il avait obtenu 4,99 % des voix. Le 1er mai 1890, pour la première fête du travail, il fit partie de la délégation chargée de porter à la Chambre des députés une pétition demandant la journée de huit heures. Le même jour, au nom de la Fédération des syndicats, il s’adressa aux « travailleurs parisiens » pour que de « Belleville à Grenelle, de Montmartre à Montrouge, magasins, ateliers et chantiers soient déserts ». Plus tard au congrès international du POF réuni à Bruxelles, il se prononça pour la grève générale, à la différence de Jules Guesde. À maintes reprises et tout particulièrement lors du congrès de 1905 qui consacra l’unité du mouvement socialiste, il fut sollicité pour ses talents de conciliateur.

Candidat malchanceux aux élections législatives de 1893 dans le département du Nord, Ferdinand Roussel vint se fixer à Ivry dans le courant de la même année. Il y ouvrit rue du Parc (actuelle rue Gabriel Péri) une boutique de confection. Aussitôt, il anima dans la commune des réunions publiques et adressa au conseil municipal, présidé par le radical Émile Bruyer, de nombreuses propositions telles que la construction d’une salle de conférences.

Fort de cette expérience politique, Ferdinand Roussel enleva la mairie aux élections municipales de mai 1896. Son succès fit d’Ivry la première municipalité guesdiste de la région parisienne. Réélu en 1900 et 1904, il défendit pendant douze ans les intérêts de la classe ouvrière et s’efforça délibérément de soutenir ses revendications. Avec son conseil municipal, il dota la commune en services nouveaux, ouvrit un dispensaire, deux crèches et mit en place « pour tenter d’endiguer le chômage » un bureau municipal de placement et de consultations juridiques. Afin d’aider les plus démunis, il organisa la distribution de rations gratuites dans les cantines scolaires et augmenta les crédits affectés au bureau de bienfaisance. Enfin, il intervint en faveur des travailleurs des usines d’Ivry chaque fois qu’ils furent en grève.

Pourtant des différends de plus en plus nombreux opposaient Ferdinand Roussel et Jules Coutant (député d’Ivry depuis 1893) qui lui ravit la mairie en 1908. Après cet échec, âgé, il continua de tenir sa boutique avec sa femme et son fils Paul, faisant de la maison familiale un lieu de rendez-vous chaleureux que de nombreux militants appréciaient. C’est là qu’il mourut le 20 mars 1914 laissant le souvenir d’un « homme affable et accueillant » qui avait consacré « toute son existence au socialisme ».

Quelques années plus tard, une voie privée, ouverte à proximité de la rue Honfroy que Ferdinand Roussel avait habitée, fut dénommée du nom du premier maire socialiste d’Ivry.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article73769, notice ROUSSEL Ferdinand, François par Michèle Rault, version mise en ligne le 1er septembre 2009, dernière modification le 22 novembre 2022.

Par Michèle Rault

Portrait de Ferdinand Roussel en 1900
Portrait de Ferdinand Roussel en 1900
[Arch. Com. Ivry-sur-Seine]

SOURCES : Arch. com. Ivry-sur-Seine. — Comptes rendus des congrès socialistes. — Claude Willard, Le mouvement socialiste en France (1893-1905. Les Guesdistes, Éd. sociales, 1965. — Michel Offerlé, Les socialistes et Paris, 1881-1900. Des communards aux conseillers municipaux, thèse de doctorat d’État en science politique, Paris 1, 1979. — Notice du Maitron par Justinien Raymond.

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