HOCHEDEZ Henri, Charles

Par François Caron

Né en 1866, Hochedez entra à la Compagnie du Nord en 1899 ; il était ouvrier ajusteur aux ateliers d’Hellemmes (Nord). Il joua un rôle éminent dans le développement du Syndicat national dans la région lilloise. Le groupe syndical de l’atelier fut fondé en 1904, à la suite de l’échec d’une sorte de société mutualiste, la Société des Vingt, les membres de cette société ne pouvant plus verser leur cotisation, à cause de la réduction du temps de travail ; « or, quand les bras chôment, c’est le cerveau qui travaille » (cf. Source).

Il imposa une conception réformiste de l’action ouvrière. Hostile à l’action directe, il s’interdisait toute attaque personnelle contre les chefs ; il se prononça souvent contre la violence de fait ou verbale « qui écartait de nombreux camarades ». Le but était de recruter le plus possible afin que le syndicat s’impose par cette masse et il harcelait les ingénieurs de pétitions. Son principal mot d’ordre était celui de la nécessaire « éducation ouvrière », qui devait résulter de l’expérience quotidienne. Il définit un jour la grève comme « une arme à double tranchant, pouvant blesser et celui qui l’emploie et celui contre qui elle sert ». Il préconisait la tolérance religieuse au sein du syndicat.

Dès le congrès de 1905 l’opposition s’affirma entre les conceptions révolutionnaires de Gamard et de Lemoine et les conceptions réformistes d’Hochedez et de Guérard. Hochedez présida le congrès Nord cette année-là. En 1908, il réaffirma ses positions lorsqu’il déclara en juin, à la suite d’une réunion sans effet avec le comité de direction de la Compagnie : « C’est seulement par notre énergie et notre discipline que nous pourrons obtenir des résultats ». Cette forme d’action pacifique n’était dans son esprit qu’une étape nécessaire pour assurer le succès des luttes ultérieures. C’est ainsi qu’en 1907 il approuva une démarche auprès du ministre, bien qu’elle fût vouée à l’échec, car « ce résultat négatif impressionnera peut-être nos camarades et réveillera leur conscience de classe ». Il fut hostile à la grève de 1910, mais la fit par « discipline syndicale ». Il fut révoqué et devint ouvrier aux établissements Thomson-Houston. Hochedez symbolise la conception de l’action syndicale des socialistes du Nord.

Il se confond sans doute avec Hochedez, délégué au XVIIIe congrès national corporatif — 12e de la CGT — tenu au Havre du 16 au 23 septembre 1912.

En mai 1900, Henri Hochedez fut tête de liste du Parti Ouvrier Français aux élections municipales à La Madeleine (Nord) ; il était "délégué du comité fédéral".

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article73789, notice HOCHEDEZ Henri, Charles par François Caron, version mise en ligne le 3 septembre 2009, dernière modification le 7 mars 2017.

Par François Caron

SOURCE : Tribune de la Voie ferrée, 14 mai 1905. — L’Égalité de Roubaix-Tourcoing, quotidien socialiste,du 7 mai 1900

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