GUIGNON Henri, Maurice

Par Gérard Réquigny

Né le 10 octobre 1921 à Champigny-sur-Marne (Seine, Val-de-Marne), mort le 3 août 1975 à Paris XIXe arr. ; boucher puis tourneur-outilleur ; militant communiste, secrétaire permanent de la fédération de la Seine de l’URJF (1946-1949), membre du comité fédéral de la Seine puis de Paris (1949-1964), permanent de la SMC (1963-1975).

Henri Guignon en 1971
Henri Guignon en 1971
Cliché fourni par Gérard Réquigny

Fils unique d’Auguste Guignon et de Fernande Delpierre, Henri Guignon naquit dans une famille socialiste, anticléricale et antimilitariste. Son grand-père Auguste Guignon, bourrelier à Noyers (Yonne), père de neuf enfants, engagé volontaire lors de la guerre franco-allemande de 1870, décoré de la médaille de 1870 mais par la suite pacifiste, animateur du parti républicain local puis dreyfusard de la première heure, avait été tête de liste à de nombreuses élections municipales. Son oncle, Henri Guignon, coiffeur, fut envoyé en bataillon disciplinaire et perdit ses jambes en Lorraine le 11 octobre 1917. Son père, maître boucher-tripier, possédait une boutique au 6, rue des Petits-champs à Paris, où sa mère tenait la caisse.

Henri Guignon obtint son certificat d’études primaires à 11 ans et, après une seule année de cours complémentaire, commença à travailler avec son père à la boucherie. À dix-sept ans, il prit un logement indépendant au 40 rue Richelieu. Après avoir fait de la charcuterie pendant presque un an, il fut garçon boucher. Il obtint son permis de conduire en 1939, ce qui lui permit d’avoir un emploi de boucher-chauffeur, plus rémunérateur. En 1940, n’ayant plus de travail à la boucherie paternelle, il fit des petits boulots de manutentionnaire aux Halles de Paris.

Engagé volontaire pour deux ans le 24 avril 1941 chez les pompiers de Paris afin de rester à Paris et éviter ainsi d’aller en Chantiers de jeunesse il fut maintenu au corps dans la réserve jusqu’en 1945.

Contacté par Charles Grésy pour organiser la propagande et le sabotage des interventions de secours demandés par les Allemands lors des bombardements des stocks allemands (usine de caoutchouc de Colombes, stock de pétrole à Gennevilliers, trains de munitions à Noisy-le-Sec ....), il créa un groupe de 3 avec Jean Meunier (son futur beau-frère) et Gaston Saint-Aubin. Ainsi il participa au sauvetage d’un parachutiste canadien blessé, dont l’avion avait été abattu lors du bombardement de Noisy-le-Sec.

En 1943, Henri Guignon entra aux Francs-Tireurs-Partisans (12e région, compagnie Saint-Just) et lors de l’insurrection d’août 1944, accompagna comme garde du corps, Grésy, commandant FTP du bataillon Saint-Just de la caserne Valmy, officier de liaison de la 12e région à l’État-major du commandant Frogé. Auprès de Grésy, il adhéra au Parti communiste le 20 août 1944 et en même temps à la Jeunesse communiste. Il resta aux FTP jusqu’à la Libération et fut démobilisé des pompiers de Paris, le 15 novembre 1945.

À partir de novembre 1944, Henri Guignon était secrétaire de la JC du 1er arrondissement de Paris et à ce titre siégeait au comité de section du PCF. En janvier 1945, il devint secrétaire de la JC des Ier et IIe arrondissements puis de l’Union de la jeunesse républicaine de France en avril. Ayant suivi une école fédérale de 15 jours en novembre 1945, il devint secrétaire fédéral permanent à l’organisation de la fédération de la Seine de l’UJRF de 1946 à 1949. Parallèlement, il était depuis novembre 1945, secrétaire adjoint de sa cellule locale n° 3, où il revint après un bref passage à la cellule d’entreprise n° 52 des Halles.

Il se maria le 3 août 1946 à Paris avec Fernande Paquet, née le 6 janvier 1928 à Paris VIe, sténo-dactylo, également communiste et militante de l’Union des femmes françaises, avec qui il eut sept enfants.

En 1946, Raymond Barbé le proposa comme son secrétaire à la section coloniale du PCF ; Grésy, consulté, le considérait comme « un bon petit gars, travailleur, consciencieux, un bon secrétaire militaire » mais cela ne se fit pas en raison de compressions des personnels permanents. En mars 1947, il suivit les cours de l’école centrale des cadres du parti militant dans la jeunesse, à l’issue de laquelle l’appréciation fut sévère : « appliqué, sérieux, mais esprit hésitant, un peu compliqué. Manque de dynamisme, ne fait pas jeune ». En conséquence le secrétariat du parti considéra qu’« il n’est pas apparu comme un militant d’avenir de la jeunesse » car il « n’est pas de tempérament jeune et ne donne pas l’impression de pouvoir devenir un animateur de la jeunesse. »

En 1948, Henri Guignon suivit un stage de formation professionnelle accélérée pour devenir tourneur. Il reprit l’année suivante une activité professionnelle comme tourneur dans de petites entreprises et fut élu secrétaire de la section du 1er arrondissement de Paris du Parti et, la même année, membre du comité fédéral de la Seine. Fin 1949, sa candidature pour l’école de quatre mois fut examinée. La fédération de la Seine l’appréciait comme un « camarade actif, cherchant sans cesse à apprendre. (…) la perspective est de le faire travailler dans une grosse entreprise où il pourra déployer toute son activité. » C’est ainsi qu’il entra à la SNECMA. Mais la section des cadres (SMC) releva que son beau-père était « un gardien de la paix adversaire du Parti » et que de plus il avait lui même signalé « qu’un inspecteur de la PP (membre du FN sous l’occupation et sympathisant du Parti) est un ami de ses parents. » En conséquence, la SMC proposa « de suivre l’activité de ce camarade dans les luttes, avant d’envisager sa participation à une école de 4 mois. »

Étant retourné travailler en usine, il participa à la campagne du PCF de 1949 de collectage de cadeaux pour le 70e anniversaire de Staline. Avec les gars de son atelier il avait réalisé un tour miniature. Une photographie en témoigne avec tout l’atelier posant devant "le cadeau".

Début 1950, la SMC proposa à la fédération de la Seine sa candidature pour le secrétariat de Jacques Duclos alors que le secrétariat fédéral envisageait, à la même période, sa candidature pour l’Assemblée de l’Union française en remplacement de celle de Raymond Bochet. Mais aucune de ces deux solutions ne se traduisit dans les faits. En mars 1950, devenu secrétaire de la section du XXe arrondissement, il présenta le rapport de la commission des mandats lors de la conférence fédérale, insistant sur la nécessité de l’organisation à l’entreprise. Il continua de siéger au comité fédéral de la Seine, puis, après 1953, de Paris où il resta jusqu’en 1964.

Henri Guignon retrouva un poste de permanent comme secrétaire administratif aux Amitiés franco-polonaises de mars à décembre 1956, tâche qui ne semblât pas lui convenir. René Bidouze, dans une lettre-rapport du 11 juillet à Bailly, dit qu’il se comportait dans cette association comme un employé plus que comme un militant. Déclarant que la tâche de secrétaire administratif ne lui convenait pas et qu’il ne voulait pas devenir permanent de l’amitié franco-polonaise, avec l’accord du secrétariat fédéral de Paris, Henri Guignon communiqua à Bidouze une liste de camarades parmi lesquels il souhaitait qu’on en trouve un pour le remplacer.

En 1957, il fut appelé comme permanent au secrétariat de l’association des locataires de Paris puis réélu au secrétariat des locataires de la Seine en mai 1960 et au niveau national la même année. Mais les difficultés, notamment financières, s’aggravant pour la famille de cinq enfants dont le dernier n’avait qu’un an, il indiquait, début 1960, dans une lettre à Bernard Jourd’hui, secrétaire de la fédération de Paris, qu’il souhaitait reprendre son activité professionnelle, ses indemnités de permanent à l’association de locataires étant insuffisantes. Dans une note, Val, secrétaire de la fédération des locataires estimait qu’il apportait beaucoup et qu’il avait acquis une grande autorité auprès des locataires. Aussi la SMC insista pour qu’il reste permanent et une note au comité central releva à ce propos les différences existant entre les indemnités des permanents des organisations de masse et ceux du parti.

En 1963 Guy Ducoloné, en accord avec Léon Feix et Paul Laurent, proposa au secrétariat du comité central qu’Henri Guignon devienne collaborateur permanent pour la SMC où il remplacerait Jules Decaux, nommé secrétaire de la commission centrale de contrôle politique (CCCP). La décision fut prise par le secrétariat du CC du 5 février 1963 et il resta à cette tâche jusqu’à son décès en 1975.

Il décèda le 3 août 1975 d’une crise cardiaque et lors de son incinération au crématorium du Père Lachaise, Henri Fiszbin, secrétaire de la fédération de Paris, prononça son éloge funèbre.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article73893, notice GUIGNON Henri, Maurice par Gérard Réquigny, version mise en ligne le 10 septembre 2009, dernière modification le 12 novembre 2015.

Par Gérard Réquigny

Henri Guignon en 1971
Henri Guignon en 1971
Cliché fourni par Gérard Réquigny
Tout l'atelier pose derrière le tour miniature réalisé à l'occasion du 70e anniversaire de Staline en 1949 (Henri Guignon est debout, le 7e en partant de la gauche)
Tout l’atelier pose derrière le tour miniature réalisé à l’occasion du 70e anniversaire de Staline en 1949 (Henri Guignon est debout, le 7e en partant de la gauche)
Cliché fourni par Gérard Réquigny
Le cadeau à Staline
Le cadeau à Staline
Cliché fourni par Gérard Réquigny

SOURCES : Arch. du comité national du PCF. — Arch. familiales. — État civil.

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