RICHARD Lucienne [épouse CLERVILLE]

Par Michèle Rault

Née le 19 septembre 1898 à Paris (XVIIIe arr.), morte le 2 mars 1984 à Fleury-Mérogis (Essonne) ; cravatière puis épicière ; militante communiste d’Ivry-sur-Seine (Seine, Val-de-Marne) ; résistante.

Lucienne Clerville en 1930
Lucienne Clerville en 1930
[Arch. Com. Ivry-sur-Seine]

Sœur de Gaston Richard, Lucienne Richard vint avec sa famille habiter Ivry-sur-Seine, au début de l’année 1916. Âgée d’à peine dix-huit ans, elle commença à travailler dans les usines de caoutchouc de la commune, chez Bognier-Burnet et chez Lick. Puis elle trouva de l’embauche dans une usine de lampes d’Ivry-Port, adhéra rapidement au syndicat qui venait de s’y former et fut déléguée du personnel. Elle quitta l’usine pour aider sa mère, couturière à domicile pour l’Assistance publique, et travailla pour la confection militaire avant de devenir cravatière.

Membre des Jeunesses socialistes d’Ivry-sur-Seine, elle fut en 1919 trésorière du club sportif, l’Union sportive du travail d’Ivry, qu’elle créa avec son frère, Gustave Lemaire, instituteur, et Gaston Aimé, professeur de gymnastique : « On était un peu les artisans du sport ouvrier, surtout du sport féminin car le sport féminin n’était pas populaire. On n’était pas bien nombreux en 1919-1920, 30 à 35 environ, une dizaine de filles. Au début on jouait en blanc avec une étoile rouge. Mais très vite nos couleurs sont devenues rouges et noires. »

En 1922, Lucienne Richard épousa Édouard Clerville, employé de commerce dans un magasin de papiers peints, qui était depuis 1921 secrétaire de l’Union sportive des travailleurs d’Ivry, fonction qu’il conserva jusqu’en 1933. Avec lui et Henri Jeanson, elle fut à l’origine du Groupe libre d’études sociales d’Ivry-sur-Seine qui devint un lieu de rencontre entre ouvriers et étudiants et organisa une colonie en Suisse puis dans le Jura jusqu’en 1939. Elle participa avec eux à une conférence en Suisse organisée par la Fédération des étudiants chrétiens suisses où elle fit la connaissance d’Arnold Brémond, étudiant en théologie, qui fit un stage ouvrier dans une usine d’Ivry.

Après avoir travaillé dans une usine de métallurgie, Lucienne Clerville ouvrit une épicerie avec son mari. Ensemble, ils accueillirent des antifascistes allemands et de nombreux réfugiés espagnols à l’issue de la guerre d’Espagne. Sous l’Occupation allemande, elle fit partie des Francs-tireurs et partisans français (FTPF), hébergeant souvent des résistants. Édouard Clerville, chef d’une section Francs-tireurs et partisans (FTP), fut mortellement blessé sur la place de la mairie lors des derniers combats contre l’occupant (par une délibération du conseil municipal, le stade du centre-ville de la commune porte son nom).

Après la guerre, Lucienne Clerville adhéra au Parti communiste. Venise Gosnat lui demanda de créer, rue Marat, une crèche puis d’en être la secrétaire administrative. Quelques années plus tard, il lui proposa de s’occuper d’un jardin d’enfants.

Lucienne Clerville avait adopté une fille, Marinette, née en 1926. En 1945, elle accueillit à son retour du camp de Buchenwald, Jean Muños, républicain espagnol.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article74126, notice RICHARD Lucienne [épouse CLERVILLE] par Michèle Rault, version mise en ligne le 17 septembre 2009, dernière modification le 22 novembre 2022.

Par Michèle Rault

Lucienne Clerville en 1930
Lucienne Clerville en 1930
[Arch. Com. Ivry-sur-Seine]

SOURCES : Arch. Com. Ivry-sur-Seine. — Témoignage de Lucienne Clerville.

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