Par Annie Pennetier
Né le 17 juin 1923 à Villeneuve-Saint-Georges (Seine-et-Oise, Val-de-Marne), fusillé comme otage le 11 août 1942 au Mont-Valérien, commune de Suresnes (Seine, Hauts-de-Seine) ; ajusteur, serrurier ; résistant.
Fils d’Eugène, Célestin Bretagne, né le 6 mars 1898 à Chambéry (Savoie), « chauffeur aux chemins de fer » et d’Aline Malvina Dathy, son épouse, [née le 6 septembre 1896 à Etreillers (Aisne)], sans profession, André Bretagne était célibataire. Il habitait chez ses parents dans un pavillon du quartier nord de Villeneuve-Saint-Georges, 17 rue Eugène-Sue. Serrurier, apprenti ajusteur, il travaillait en 1941 chez Drouart à Villeneuve-Saint-Georges, entreprise sous-traitante de la SNCF où « l’on manie le tirefond, grosse vis employée pour fixer un rail à patin sur la traverse, inutile d’étudier le petit manuel du parfait saboteur ». En décembre, le chantier fermant pour cause de froid, il se fit embaucher, avec son camarade de travail Jean-Marie Castel, comme garde-voie ce qui leur permettait d’avoir un laissez-passer (ausweis). Son dossier d’homologation indique sans préciser de date, a travaillé dans les Établissements P. Deux, 42 rue de Wattignies à Paris.
Jeune communiste, à partir d’avril 1941, il participa à la constitution d’un triangle de volontaires qui se rattacha à l’Organisation spéciale (OS) créée par le parti communiste clandestin. Le responsable était Gilbert Deschanciaux et le troisième jeune Roger Calvier. Début 1942, André Bretagne rejoignit les FTP et participa à de nombreuses actions. Il donna son adhésion aux FTP en mars 1942 à Marcel Join alias Comont de Villeneuve-Saint-Georges (capitaine Région 2). Les rapports de police indiquent : « incendie de wagons de paille en gare de Villeneuve-Triage, sabotages de wagons transportant du matériel de guerre automobile en mai et juin 1942 » et « sabotages de lignes téléphoniques ».
André Bretagne fut arrêté par les polices française et allemande de Paris, le 3 août 1942 à midi, à son domicile, en compagnie de son camarade Gilbert Deschanciaux ; il avait réussi à s’échapper mais il revint au domicile de ses parents de crainte que la Gestapo n’arrête l’un d’entre eux. Roger Calvier fut arrêté le jour même, près d’Aubergenville (Seine-et-Oise, Yvelines). Ils étaient accusés tous les trois dans le cadre de « l’affaire Schmidt » (Charles Schmidt, arrêté le 22 avril 1942) de « complicité avec l’ennemi », les rapports de police indiquent qu’« ils étaient membres des FTP en attente de contact avec l’OS ».
Incarcérés à la prison de la Santé à Paris (XIVe arr.), André Bretagne, Roger Calvier et Gilbert Deschanciaux furent désignés comme « otages en représailles à l’attentat du stade Jean-Bouin (à Paris) et divers attentats qui provoquèrent 31 morts allemands dans le mois ». Livrés à la police de sécurité allemande (Sipo-SD, action Stadion), sans avoir été traduits devant un tribunal militaire, ils ont été fusillés au Mont-Valérien le 11 août 1942, avec 85 autres otages. André Bretagne à 9h 58.
André Bretagne fut incinéré au cimetière du Père Lachaise à Paris (XXe arr.), l’urne fut restituée le 17 novembre 1944 à la famille ; André Bretagne repose désormais au cimetière communal de Villeneuve-Saint-Georges.
Reconnu « Mort pour la France » le 23 mars 1945, André Bretagne a été homologué Interné résistant (DIR) en mars 1962, FFI 2e classe le 13 septembre 1962, et a été décoré de la Médaille de la Résistance par décret du 23 juillet 1965, paru au Journal officiel le 14 août 1965. Services homologués du 1er juillet 1942 au 3 août 1942.
Après la guerre, Marcel Join, homologué sous-lieutenant, était responsable juridique du Comité des anciens FFI-FTP de Villeneuve-Saint-Georges, domicilié 3 rue de la Justice.
le nom d’André Bretagne est gravé sur la cloche du Mémorial de la France combattante au Mont-Valérien. À Villeneuve-Saint-Georges son nom figure sur le monument aux morts au centre du cimetière ancien, sur une stèle « à la mémoire des héros de la Résistance et des déportés » au cimetière communal, sur une plaque commémorative apposée à l’entrée du Fort de Villeneuve-Saint-Georges en hommage aux résistants villeneuvois fusillés par les nazis et sur une plaque apposée Avenue des fusillés à la mémoire des patriotes fusillés par les Allemands : André Bretagne, Roger Calvier, Gilbert Deschanciaux, Édouard Girard, René Goguelat, René Guégan, Raymond Guénot et Jean Guyonnet.
Dans le quartier nord de Villeneuve-Saint-Georges une rue André-Bretagne honore son souvenir.
Par Annie Pennetier
SOURCES : DAVCC, SHD Caen, BVIII dossier 3 (Notes Thomas Pouty), AC 21 P 430 447. — SHD, Vincennes, GR 16P 89593 . — Jean-Marie Castel, Les Villeneuvois et les Villeneuvoise sous l’Occupation (1940-1944), Montgeron, Desbouis Gresil, 1990. — État civil, Villeneuve-Saint-Georges, Acte de décès établi conformément au jugement du tribunal civil de la Seine le 24 septembre 1942. — Site Internet Mémoire des hommes. — Mémorial GenWeb.