SCIANDRA Jean [SCIANDRA Jean-Baptiste, dit]

Par Michèle Rault

Né le 25 juillet 1926 à Menton (Alpes-Maritimes), mort en 2013 ; manœuvre, docker, artisan horloger, inspecteur de presse ; résistant ; militant communiste ; conseiller municipal d’Ivry-sur-Seine (Seine, Val-de-Marne) de 1959 à 1977.

La famille de Jean Sciandra était venue d’Italie en France pour des raisons économiques avant la Première Guerre mondiale. Son père, aîné de sept enfants, travailla dès l’âge de neuf ans. Il fut manœuvre puis docker avant d’acquérir une formation d’horloger et devint artisan. Sa mère était cuisinière dans les maisons bourgeoises de la ville. Second d’une famille de deux garçons, Jean Sciandra fréquenta l’école communale et était en classe du Cours complémentaire lorsque la ville de Menton fut évacuée en mai 1940. Pendant quatre mois, il fut accueilli avec sa famille par des parents qui habitaient Grasse (Alpes-Maritimes). Au mois de septembre 1940, ils revinrent vivre à Menton, ville qui avait été annexée par l’Italie. Se refusant ainsi que son frère Louis à fréquenter l’école italienne, il devint apprenti horloger tout en cultivant la terre de ses grands-parents morts lors de l’évacuation. À la fin de l’année 1940, il prit de premiers contacts avec des jeunes qui comme lui n’acceptaient pas l’occupation étrangère. Un groupe se forma sous la direction de son frère. Avec ses membres, Jean Sciandra fit ses premiers actes de résistance. Il inscrivit sur les murs des slogans hostiles à l’occupant. Il commença à chercher les armes laissées par l’armée française près de la ligne de démarcation, les remit en état et les cacha dans la campagne. Il imprima des tracts avec une imprimante scolaire et diffusa l’Humanité clandestine. Durant l’été 1943, son groupe prenait contact avec les FTPF. Le 6 janvier 1944, il était arrêté et conduit avec son frère et un autre camarade dans la maison de ses grands-parents qui fut perquisitionnée. Le 8 janvier 1944, il était transféré à la maison d’arrêt de Nice (Alpes-Maritimes) puis le 6 mars 1944 à la maison d’arrêt d’Aix-en-Provence (Bouches-du-Rhône). Le 4 mai 1944, jugé par le Tribunal spécial institué par le gouvernement de Vichy, il fut condamné à quatre ans de prison et le 23 mai suivant transféré à la Centrale de force de Riom (Puy-de-Dôme) où les conditions de détention étaient très difficiles. Le 12 février 1945, il fut conduit à la prison des Baumettes à Marseille (Bouches-du-Rhône) pour quelque mois avant de rejoindre le camp de travail de l’Étape à Rognes (Bouches-du-Rhône). Il ne fut libéré que le 31 mai 1946. La cour d’appel d’Aix-en-Provence le réhabilita le 13 juin 1946.

Jean Sciandra poursuivit alors sa formation d’horloger tout en s’adonnant aux cultures maraîchères. Il créa un groupe d’UJRF et devint membre de la direction de la section communiste de Menton. En janvier 1948, il décida de travailler comme inspecteur de presse pour les journaux communistes (Ce soir, Regards, Les Lettres françaises, Sport...). Il devint inspecteur principal puis directeur des services d’inspection de la centrale des ventes jusqu’en 1962. Il exerça cette fonction à Avignon (Vaucluse) puis à Ivry-sur-Seine (Seine, Val-de-Marne) où il vint vivre en 1955. En 1962, après les accords d’Evian, à la demande de la direction du Parti communiste, il se rendit pour six mois à Alger afin d’aider le journal Alger républicain. De 1963 à 1967, il fut membre de la direction des éditions Vaillant et de sa filiale, la librairie Vaillant. Il devint gérant puis Président directeur général de l’Office parisien des papiers, chargé en particulier d’approvisionner les journaux communistes en papier, et de la centrale bureautique CEMAB de mars 1967 à 1973. De 1974 à sa retraite, en septembre 1986, il fut membre de la direction générale du GIE GIFCO.

Jean Sciandra fut élu conseiller municipal d’Ivry-sur-Seine le 8 mars 1959. Réélu le 14 mars 1965 et le 14 mars 1971, il siégea jusqu’en 1977. Au sein de l’assemblée municipale, il eut en charge la présidence de la commission des finances et de l’urbanisme. Il était par ailleurs membre du comité de section du PCF, secrétaire local du Mouvement de la Paix, de la FNDIRP et de l’ANACR ainsi qu’adhérent à la CGT. Il fut président de l’association de parents d’élèves et délégué cantonal de l’Éducation nationale.

Jean Sciandra s’était marié à Menton le 7 août 1952 avec Michelle Paravey, employée au journal Ce soir, qui travailla au cabinet du maire d’Ivry-sur-Seine à partir de 1958. Il eut deux enfants dont l’un, instituteur, fut élu conseiller municipal d’Ivry-sur-Seine en 1983 et l’autre, ingénieur, responsable des cadres CGT de la ville de Paris.

Jean Sciandra était président départemental de l’ANACR du Val-de-Marne et président des vétérans du Parti communiste de Bonneuil-sur-Marne (Val-de-Marne).

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article74248, notice SCIANDRA Jean [SCIANDRA Jean-Baptiste, dit] par Michèle Rault, version mise en ligne le 23 septembre 2009, dernière modification le 22 novembre 2022.

Par Michèle Rault

Cliché Annie Pennetier
Cliché Annie Pennetier

SOURCES : Arch. Dép. Val-de-Marne, 1 Mi 2426. — Arch. Com. Ivry-sur-Seine. — Mémoires de Jean Sciandra, Le 1er groupe armé de la Résistance, 1940-1944, de Menton (Alpes-Maritimes), 2008. — Témoignage de Jean Sciandra, 2009.

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