DESCHANCIAUX Gilbert, Jean

Par Annie Pennetier

Né le 2 octobre 1924 à Paris (XIIe arr.), fusillé comme otage le 11 août 1942 au Mont-Valérien, commune de Suresnes (Seine, Hauts-de-Seine) ; machiniste aux chemins de fer ; résistant de Villeneuve-Saint-Georges (Seine-et-Oise, Val-de-Marne).

Gilbert Deschanciaux, Site MémorialGenweb
Gilbert Deschanciaux, Site MémorialGenweb

Gilbert Deschanciaux était le fils d’André Jacques Deschanciaux, employé aux chemins de fer, et de Marthe Joséphine Bidault, sans profession. Il habitait chez ses parents aux HBM, 5 place Jules-Vallès à Villeneuve-Saint-Georges (Seine-et-Oise, Val-de-Marne). Il travaillait comme manœuvre et machiniste aux chemins de fer dans cette grande gare de triage.
Après l’échec, le 20 juillet 1940, de la manifestation pour la remise en place de la municipalité communiste de Villeneuve-Saint-Georges, début 1941 des groupes de trois jeunes communistes furent créés dans chaque quartier : aux HBM, Gilbert Deschanciaux, à la mairie Pierre Bultet, au Plateau Louis Egard, à Bellechasse Gabriel Coudrau, et au quartier nord Guy Letorgeon et son ami d’enfance Roger Calvier. Selon Jean-Marie Castel, en avril 1941, la direction des Jeunesses communistes demanda la formation d’un premier groupe chargé d’assurer la sécurité de la distribution des tracts et journaux clandestins. Un triangle de volontaires OS (Organisation spéciale) fut formé dans les semaines suivantes autour de Gilbert Deschanciaux avec André Bretagne et Roger Calvier. Dans la nuit du 13 au 14 juillet 1942, une douzaine de communistes décorèrent la ville de drapeaux français et d’inscriptions : « À mort Hitler », « Vive l’Armée rouge », et sur la porte du commissariat « Vive la France ». Ils sabotèrent les panneaux de signalisation de la RN5 ainsi que du matériel automobile allemand et des wagons de paille.
Gilbert Deschanciaux fut arrêté le 1er août 1942 à Villeneuve-Saint-Georges selon Jean-Marie Castel, le 31 juillet selon les documents du DAVCC, SHD Caen ainsi que dans son dossier du SHD Vincennes. La police l’attendait dans l’escalier de son immeuble ; pendant la perquisition, sa sœur, Mme Bastet, jeta son revolver par la fenêtre et la police ne découvrit rien. Il fut arrêté dans le cadre de « l’affaire Schmidt » (Charles Schmidt, arrêté le 22 avril 1941), et emprisonné à la Santé (Paris, XIVe arr.) où il retrouva ses camarades André Bretagne et Roger Calvier. Les rapports de police indiquent qu’« ils étaient membres des FTP en attente de contact avec l’OS ». Ils étaient accusés tous les trois de « complicité avec l’ennemi » et « d’avoir participé à l’incendie de wagons de paille en gare de Villeneuve-Triage », « à des sabotages de wagons de matériel de guerre automobile, en mai et juin 1942 » et « à des sabotages de lignes téléphoniques ».
Remis à la Sipo-SD dans le cadre de l’opération « Stadion », sans avoir été traduits devant un tribunal militaire, Gilbert Deschanciaux, André Bretagne et Roger Calvier furent désignés comme « otages en représailles à l’attentat du stade Jean-Bouin et à divers attentats qui provoquèrent trente et un morts allemands dans le même mois ». Tous les trois ont été fusillés comme « otages » au Mont-Valérien, le 11 août 1942 , ainsi que René Guégan de Villeneuve-Saint-Georges, lors de la première exécution massive d’otages (88) décidée par la Sipo-SD. Gilbert Deschanciaux à 9h 55.
Un avis bilingue fut placardé par les autorités allemandes sur les murs de Paris annonçant l’exécution de quatre-vingt-treize communistes « aux ordres de l’Angleterre » (en fait il y avait eu 88 fusillés), et menaçant de représailles la population si elle ne dénonçait pas les meneurs.
Gilbert Deschanciaux fut incinéré au cimetière du Père Lachaise à Paris (XXe arr.) ; ses cendres furent restituées à la famille le 17 novembre 1944. II fut inhumé au cimetière communal de Villeneuve-Saint-Georges.
Reconnu Mort pour la France le 16 mars 1945, Gilbert Deschanciaux a été homologué Interné résistant (DIR) le 2 octobre 1963 , FTP services validés du 1er juillet 1942 au 31 juillet 1942, FFI, et a été décoré de la Médaille de la Résistance par décret du 17 décembre 1968, paru au Journal officiel le 17 janvier 1969.
Son nom est gravé sur la cloche du Mémorial de la France combattante au Mont-Valérien. À Villeneuve-Saint-Georges son nom figure sur le monument aux morts au centre du cimetière ancien, sur une stèle « à la mémoire des héros de la Résistance et des déportés » au cimetière communal, sur une plaque commémorative apposée à l’entrée du Fort de Villeneuve-Saint-Georges en hommage aux résistants villeneuvois fusillés par les nazis et sur une plaque apposée Avenue des fusillés à la mémoire des patriotes fusillés par les Allemands : André Bretagne, Roger Calvier, Gilbert Deschanciaux, Édouard Girard, René Goguelat, René Guégan, Raymond Guénot et Jean Guyonnet.
Dans le quartier nord de Villeneuve-Saint-Georges une allée Gilbert Deschanciaux honore son souvenir.

Voir Mont-Valérien, Suresnes (Hauts-de-Seine)

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article74250, notice DESCHANCIAUX Gilbert, Jean par Annie Pennetier, version mise en ligne le 11 mars 2014, dernière modification le 22 novembre 2022.

Par Annie Pennetier

Gilbert Deschanciaux, Site MémorialGenweb
Gilbert Deschanciaux, Site MémorialGenweb
Gilbert Deschanciaux
Gilbert Deschanciaux
Fichier de l’Association des familles de fusillés, Musée de la résistance nationale.
Avenue et plaque des fusillés à Villeneuve-Saint-Georges
Avenue et plaque des fusillés à Villeneuve-Saint-Georges
Cliché Annie Pennetier

SOURCES : DAVCC, SHD Caen, BVIII dossier 3 (Notes Thomas Pouty), AC 21 P 443 099. — SHD Vincennes, GR 16P 178694 . — Jean-Marie Castel, Les Villeneuvois et les Villeneuvoises sous l’Occupation (1940-1944), Montgeron, Desbouis Gresil, 1990. — Site Internet Mémoire des hommes. — Mémorial GenWeb. — État civil.

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