VERGNEAU Gustave

Par Paul Boulland, Michèle Rault

Né le 18 avril 1908 à Saint-Sornin (Charente), mort le 25 août 1978 à Ivry-sur-Seine (Val-de-Marne) ; mécanicien, conducteur de métro, magasinier ; militant communiste du Val-de-Marne ; volontaire en Espagne républicaine ; résistant.

G. Vergneau lors d’une cérémonie à Ivry (janvier 1978)
G. Vergneau lors d’une cérémonie à Ivry (janvier 1978)
Ivry Ma Ville, n°55 (février 1978)

Fils d’Élie Vergneau et de Marie née Mousnier, cultivateurs, Gustave Vergneau devint mécanicien conducteur de métro en 1930. En 1932, il adhéra au Syndicat autonome des conducteurs du métro parisien dont il devint trésorier. Le syndicat intégra la CGTU puis la CGT réunifiée en 1935. Parallèlement, il adhéra au Parti communiste en 1934 et fut notamment responsable du mouvement Paix et Liberté, à Gentilly (Seine, Val-de-Marne) où il résidait. Il s’était marié le 20 juin 1931, à Paris (XVe arr.), avec Julia, Marie Morvan et il était père de deux enfants lorsqu’il se porta volontaire en Espagne républicaine, le 12 décembre 1936, au sein de la colonne rassemblée sous l’égide de Paix et Liberté. Combattant du 9e puis du 10e bataillon de la 14e Brigade internationale, il fut blessé le 27 décembre 1936 à Lopera. Hospitalisé à Ciudad Real, il fut désigné commissaire politique parmi les volontaires blessés et devint « la voix des brigades internationales » sur les ondes de la radio provinciale (Radio Ciudad Real EAJ-65). En avril 1937, il revint en permission en France où sa famille se trouvait dans une grande précarité. Néanmoins, il rejoignit l’Espagne en octobre 1937 et fut de nouveau affecté à la 14e brigade, comme délégué politique de section. Il combattit à Teruel et sur le front de l’Ebre.

De retour en France en juin 1938, Gustave Vergneau fut embauché à la SNCAC, à l’ancienne usine Farman de Boulogne-Billancourt (Seine, Haut-de-Seine). Peu avant son départ pour l’Espagne en décembre 1936, il avait été exclu du PC en raison d’un conflit autour de la trésorerie du comité local de Paix et Liberté. L’épisode était rappelé dans ses questionnaires biographiques ou sous la plume des responsables aux cadres mais il fut réintégré sans difficulté dès novembre 1938 et devint peu après secrétaire adjoint de la cellule d’entreprise SNCAC-Farman.

Resté en contact avec l’organisation communiste clandestine après septembre 1939, Gustave Vergneau fut arrêté le 1er avril 1940 à son domicile de Gentilly, pour détention de tracts. Emprisonné à la Santé, il fut ensuite interné à Gurs (Pyrénées-Atlantiques), à partir du 10 juin 1940, et condamné à un an de prison par le tribunal militaire de Périgueux, en octobre 1940. Envoyé successivement à Collioure (Pyrénées-Orientales), à Sisteron (Basses-Alpes, Alpes-de-Haute-Provence) puis à Saint-Sulpice-la-Pointe (Tarn), il fut livré aux Allemands en mars 1943. Intégré à l’organisation Todt à Saint-Jean-de-Luz (Pyrénées-Atlantiques), il parvint à s’échapper vers l’Espagne avec huit camarades à la fin du mois de mai 1943. Interné dans les camps franquistes de Miranda de Ebro puis de Urberuaga de Ubilla, il fut libéré en novembre 1943, grâce à l’intervention de la Croix-Rouge. Il gagna Casablanca où il entra en contact avec Jacques Grésa qui lui recommanda de s’engager dans les Forces françaises libres (FFL).

À partir de janvier 1944, Gustave Vergneau participa à la campagne d’Italie. Début juillet 1944, dans les environs de Sienne, son camion de transport de munitions sauta sur une mine et il fut blessé (triple fracture de la jambe gauche). Evacué vers l’Afrique du Nord, il fut démobilisé à Fez (Maroc), en décembre 1944.

De retour en région parisienne en mars 1945, Gustave Vergneau s’établit à Arcueil et réintégra l’usine SNCAC de Boulogne, comme magasinier. À cette époque, le responsable aux cadres de la section communiste d’Arcueil écrivait : « Très bon élément. Doit être poussé. Assez sérieuse éducation politique. Donne l’impression d’une grande sincérité. Pourrait faire un bon secrétaire de section. ». En janvier 1946, il suivit les cours d’une école fédérale de quinze jours et, en 1947, participa à l’école centrale d’un mois du PCF destinée aux cadres syndicaux. Vergneau fut brièvement secrétaire d’une cellule locale d’Arcueil avant d’être muté dans une cellule d’entreprise de la SNCAC. Au sein de l’entreprise, il fut délégué du personnel (1946-1949) et secrétaire syndical durant quelques mois, en 1946. Lorsqu’en mars 1946 le ministre de l’Intérieur André Le Troquer dénonça la désertion de Maurice Thorez en 1940, Gustave Vigneau écrivit au secrétaire général du PCF pour lui rendre un vibrant hommage (Arch. Thorez, 626 AP/231).

Licencié de la SNCAC en avril 1949, il trouva un nouvel emploi de magasinier à la Société alsacienne de constructions mécaniques (SACM) d’Arcueil mais fut renvoyé après seulement quelques jours. Il était en effet sous le coup d’une inculpation d’atteinte à la Sûreté de l’État en raison d’un article paru dans la Vie Nouvelle, hebdomadaire de la section PCF d’Arcueil, dans lequel il dénonçait le « sabotage de la production dans les usines nationalisées ». Il travailla ensuite à Paris, dans le XVe arrondissement, notamment aux établissements SERAX puis chez Bordier-Gromadzinski. Toujours domicilié à Arcueil en 1956, il s’établit ensuite à Ivry-sur-Seine (Seine, Val-de-Marne) où il travailla dans les services municipaux de 1963 à 1974.

Gustave Vergneau fut élu au bureau national de l’AVER (Association des volontaires en Espagne républicaine) en 1971 puis désigné président départemental de l’UFAC (Union française des Anciens combattants) du Val-de-Marne.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article74329, notice VERGNEAU Gustave par Paul Boulland, Michèle Rault, version mise en ligne le 25 septembre 2009, dernière modification le 22 novembre 2022.

Par Paul Boulland, Michèle Rault

G. Vergneau lors d'une cérémonie à Ivry (janvier 1978)
G. Vergneau lors d’une cérémonie à Ivry (janvier 1978)
Ivry Ma Ville, n°55 (février 1978)

SOURCES : Arch. AVER. — Arch. RGASPI, Moscou, 545/6/1433. — Arch. Com. Ivry-sur-Seine. — Arch. de la Fédération PCF du Val-de-Marne (dossier biographique). — Arch. Thorez, Arch. Nat. 626 AP/231. — Iván Fernández-Bermejo Gómez, « Gustave Vergneau, la voz de las Brigadas Internacionales en Ciudad Real. Los voluntarios interbrigadistas y Ciudad Real », Cuadernos de Estudios Manchegos, n° 41, 2016. — Kevin Morgan, International Communism and the Cult of the Individual Leaders, Tribunes and Martyrs under Lenin and Stalin, Palgrave McMillan, Londres, 2017. — Ivry Ma Ville, n°55 (février 1978), n°149 (septembre 1986). — État civil.

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