Par Gilles Morin
Né le 15 janvier 1924 à Tunis (Tunisie), mort le 10 mars 1988 à Paris (XIIe arr.) ; instituteur, puis professeur de droit ; militant et élu socialiste du Val-de-Marne ; maire et conseiller général d’Alfortville (1967-1988), député (1973-1988), secrétaire d’État chargé des retraités et personnes âgées (1981-1982), secrétaire d’État auprès du ministre d’État, ministre de l’Intérieur et de la Décentralisation, chargé de la sécurité publique (1982-1984) dans les gouvernements de Pierre Mauroy, secrétaire d’État chargé des Retraites et des Personnes âgées (1984-1986) dans le gouvernement Fabius.
D’origine Corse, fils de Mathieu Franceschi, chef de gare et d’Antoinette Ottavy, Joseph Franceschi qui avait adhéré aux Jeunesses socialistes SFIO en 1938, à l’âge de quatorze ans, s’engagea dans les Forces françaises libres après la libération de la Tunisie en 1943 ; il combattit dans la célèbre 2e DB et obtint la Croix de guerre et la Médaille Militaire pendant la Campagne d’Italie.
Instituteur, licencié ès Lettres et diplômé d’études supérieures de droit public, docteur en Sciences politiques, diplômé de l’IEP, il s’installa définitivement dans la métropole, résida à Alfortville et devint enseignant du supérieur, notamment comme assistant à la faculté d’Amiens.
Joseph Franceschi, secrétaire de section SFIO d’Alfortville, franc-maçon affilié au Grand Orient de France, fut élu conseiller municipal socialiste d’Alfortville (alors département de la Seine) le 9 décembre 1951 et devint une semaine plus tard 2e adjoint. Il fut réélu le 26 avril 1953 et désigné de nouveau comme 2e adjoint le 31 octobre. La ville était dirigée par le socialiste Raoul Bleuse qui quitta la SFIO en 1958 pour fonder le PSA puis le PSU, mais qui quitta ensuite ce parti en 1963 pour, après un bref rapprochement avec la SFIO, appuyer en 1965 l’élection de Georges Suant* à la présidence du Conseil général de la Seine, avec les voix de droite. Franceschi, qui était resté fidèle à la SFIO, monta alors une liste de coalition PCF, PSU et SFIO qui l’emporta sur Raoul Bleuse. Élu maire le 28 mars 1965, puis réélu sur une liste d’Union de la gauche en 1971, il fut reconduit ensuite en 1977 et 1983. Comme maire d’Alfortville, il fut protecteur de l’importante communauté arménienne, dont les parents avaient fuit en France après le génocide Turc de 1915. Il inaugura un monument au génocide Arménien dans sa commune en 1984.
Joseph Franceschi compléta sa victoire sur Raoul Bleuse en étant élu contre lui conseiller général du 15e canton du Val-de-Marne dès la création du département, d’octobre 1967 à son décès en 1988. Il exerça la fonction de vice-président du conseil général du Val-de-Marne à partir de 1979.
Il prenait aussi part à la vie interne du parti socialiste SFIO, il était membre de la commission exécutive fédérale en 1966 et représentant titulaire de la SFIO à la FGDS départementale.
Joseph Franceschi qui avait formé une liste d’union à gauche dès 1965 n’eut pas de mal à s’adapter au nouveau parti socialiste et à sa stratégie, contrairement à beaucoup d’autres anciens de la SFIO. Élu député PS, dans la 4e circonscription du Val-de-Marne (Maisons-Alfort, Alfortville, Charenton) le 11 mars 1973, membre de la commission des affaires culturelles, familiales et sociales, il fut réélu le 19 mars 1978. Il exerça la fonction de vice-président de l’Assemblée en 1977-1979.
Franceschi se rapprocha rapidement de François Mitterrand dont il devint un proche. Membre du brain-trust électoral du candidat à la présidence de la République en 1974, il était chargé de l’organisation matérielle de la campagne, de la sécurité personnelle du candidat et de l’organisation de ses meetings. S’étant dans cette fonction fait particulièrement apprécier du 1er secrétaire du parti, il accéda à des responsabilités dans la direction du parti : après le congrès de 1975, il fut nommé rapporteur spécial, chargé des études du 3e âge, puis fut délégué national du PS pour les personnes âgées en 1976-1979. Puis il se spécialisa dans les problèmes de l’outre-mer. Il accompagna souvent le premier secrétaire du parti dans ses déplacements avant 1981 pour assurer sa sécurité. Ainsi, en 1979, il participa à un séjour de conseillers généraux de la Nièvre en Guadeloupe. Il participa encore activement à la campagne présidentielle de 1981, avec les mêmes responsabilités qu’en 1974.
Après la victoire de François Mitterrand aux élections présidentielles, il fut désigné dans le 1er gouvernement de Pierre Mauroy, comme secrétaire d’État chargé des retraités et personnes âgées du 22 mai 1981. Réélu député le mois suivant, il fut confirmé dans cette fonction jusqu’au 17 août 1982, puis fut nommé secrétaire d’État à la Sécurité publique du 17 août 1982 au 23 juillet 1984 auprès du ministre d’État, ministre de l’Intérieur et de la décentralisation (Gaston Defferre). Nommé au lendemain de l’attentat de la rue des Rosiers à Paris), il se présentait comme « l’ami des policiers », voulant leur donner confiance et enthousiasme ». Chargé de la lutte contre le terrorisme, il rencontra un chef palestinien et fit entrer dans son cabinet le contesté Robert Broussard. Une manifestation de plusieurs milliers de policiers, Place Vendôme le 23 juin 1983, conspuant Robert Badinter, ternit son image et la presse évoquait en permanence sa mésentente avec Gaston Defferre, son ministre de tutelle. Aussi, il retrouva son maroquin de secrétaire d’État chargé des retraites et des personnes âgées du 23 juillet 1984 au 20 mars 1986 dans le gouvernement Fabius. Il disait vouloir être le « Léo Lagrange du troisième âge ». Il lança un grand plan de rénovation des hospices et favorisa l’hospitalisation à domicile.
Après la défaite relative du Parti socialiste en 1986, Joseph Franceschi fut réélu député du Val-de-Marne et continua d’assumer ses mandats locaux et départementaux.
Il était président de l’Association française des docteurs en science politique, dont il avait été l’un des fondateurs, en 1962, avec les Professeurs Yves Maxime Danan, Christian Purtschet, Anne-Marie Lormeau, Bartoli, Jacques Gournay et Jean-Michel Wagret.
Marié avec Simone Dufour, puis veuf de cette dernière, Joseph Franceschi mourut en fonctions, le 10 mars 1988 à l’hôpital Saint-Antoine, Paris (XIIe arr.) d’une « longue et cruelle maladie » après un mois d’hospitalisation. Des obsèques religieuses furent célébrées à Notre-Dame d’Alfortville.
Par Gilles Morin
OEUVRE : Joseph Franceschi publia de nombreux ouvrages. On citera Sadi-Safi (1958) qui obtint le prix Jean Macé, sa thèse Les groupes de pression dans la défense de l’enseignement public (1964) et Mes 42 discours à l’Assemblée nationale (1978), La vieillesse à la conquête du Bonheur, édition Carrère, 1986.
SOURCES : Arch. Dép. Val-de-Marne, 1 Mi 2426. — G. Blanc-Césan, Les maires du Val-de-Marne, 1988. — Notes des archives communales d’Alfortville. — Arch. Nat., F/1cII/564. — Arch. PPo 66.336. — Archives de l’Ours, correspondance Loire et Val-de-Marne ; A9/7 MM — Arch. FJJ/6EF73/2 et 3EF81/1. — Profession de foi aux élections législatives de 1958. — Le Monde, dossiers et documents, « Les élections législatives de juin 1981 ».