Par René Gallissot
Né le 23 décembre 1883 à Sidi Saada, commune de Clinchant (département d’Oran, Algérie), mort en 1957 ; communiste d’origine algérienne militant en France ; membre du comité central du PCF ; responsable syndical à Ivry-sur-Seine (Seine, Val-de-Marne) en 1926 ; fondateur de l’Étoile nord-africaine.
Hadj Ali, marié à une Française (ils n’eurent pas d’enfants), devint citoyen français par décret du 22 mai (ou du 2 août ?) 1911. Installé dans la région parisienne, il exerça diverses professions : marchand ambulant sur les marchés, représentant en quincaillerie, camionneur. Mobilisé en 1914 au 39e régiment d’artillerie, il fut évacué du front en mars 1915 sur un hôpital de Bordeaux où il servit comme interprète jusqu’à sa démobilisation. Il reprit après la guerre son emploi de vendeur en quincaillerie aux « Forges de Vulcain », 3 rue Saint-Denis à Paris puis s’installa à son compte en décembre 1921 (quincaillerie « Au Forgeron moderne », 1 rue Sauval, Paris Ier arr.) et enfin à Brunoy (Seine-et Oise). L’Humanité du 11 janvier 1926 le présentait comme responsable de la commission syndicale CGTU d’Ivry-sur-Seine (Seine, Val-de-Marne).
Hadj Ali appartint à la fédération socialiste de la Seine, 5e section, puis passa au Parti communiste à sa fondation. Il fut, avec Ho Chi Minh* (Nguyen Ai Quoc*), cofondateur à Paris de l’Union intercoloniale (décembre 1921) et du journal Le Paria (été 1922). Le Paria, auquel il collabora, devint en 1923 La Tribune du prolétariat colonial ; il écrivait également à cette époque, sous le pseudonyme d’Ali Baba, dans le journal communiste antimilitariste La Caserne. Hadj Ali appartint donc au milieu des immigrés coloniaux qui, sous la protection de la CGTU, utilisant notamment le local de la Grange-aux-Belles, s’employaient comme le demandait l’Internationale communiste à développer l’action anticoloniale. Il fut présenté comme candidat communiste aux élections législatives à Paris en mai 1924 ; troisième de liste, il lui manqua 20 voix pour être élu (les deux premiers de la liste furent élus). Il obtint cependant plus de voix que les suivants ce qui témoigne que cette première candidature d’immigré ne suscita pas de discrimination particulière ; il fut encore candidat communiste aux élections municipales de mai 1925, dans le quartier du Jardin des Plantes et recueillit 842 voix sur environ 6 900 inscrits.
C’est le moment où, sous l’impulsion de l’Internationale, le Parti français porta enfin quelque attention à la question coloniale et s’engagea dans la campagne contre la guerre du Rif. La décision fut prise alors de transformer le secteur nord-africain de l’Union intercoloniale en organisation autonome qui prendrait le nom d’Étoile nord-africaine. Des contacts furent pris avec l’Émir Khaled, petit fils d’Abd el Kader et leader du mouvement « Jeune algérien », lors de sa tournée de conférences à Paris, mais l’Étoile nord-africaine ne fut réellement mise en place qu’en 1926. Hadj Ali devint alors le premier président de cette association qui fonctionna comme l’organisation communiste de masse destinée aux immigrés coloniaux ; suivant la règle d’organisation communiste, sa direction comprenait une « fraction communiste » dont le responsable était précisément Hadj Ali. Après avoir séjourné à Moscou, il entra au comité central du Parti communiste lors du congrès de Lille (juin 1926) sous le nom d’Ali.
À partir de 1927, sous l’impulsion de Messali*, l’Étoile nord-africaine prit progressivement une orientation autonome. Mais s’il y eut des frictions, les relations ne furent pas rompues avec le Parti communiste. Les années 1927-1930, marquées par la répression, furent une période difficile tant pour le Parti communiste et sa commission coloniale à l’activité discontinue, que pour l’Étoile nord-africaine.
En 1930, il participa au lancement du nouveau journal de l’Étoile nord-africaine : El Ouma, dont le premier numéro d’octobre 1930 portait en bandeau son nom, comme directeur ; ce nom disparut en 1931. Sa dernière responsabilité de dirigeant communiste paraît avoir été une mission de contacts au printemps 1930, avec les communistes de Syrie et du Liban. Un rapport de police, qui le dit conducteur de taxi depuis 1927, explique qu’il fut exclu du PC pour s’être présenté aux élections municipales sans avoir consulté la direction du Parti.
En 1934, Hadj Ali était membre du comité directeur de la Ligue de défense des intérêts musulmans, organisation de commerçants. Il apporta en 1948 son soutien à l’organisation de F. Abbas*. La discrétion de cette fin militante ne doit pas faire oublier le rôle de premier plan qu’Hadj Ali a joué dans l’organisation de l’immigration coloniale ; par lui, l’internationalisme communiste marqua la naissance de l’Étoile nord-africaine.
Par René Gallissot
SOURCES : Arch. Paris, D 2 M2 n° 52. — Arch. de la Préfecture de police, carton 50. — Arch. de la commission coloniale du Parti communiste français, Institut Maurice Thorez. — Arch. J. Maitron. — Jean-Louis Carlier, « La Première Étoile nord-africaine (1926-1929) », Revue algérienne des sciences juridiques, économiques et politiques, vol. IX, n° 4, décembre 1972. — Benjamin Stora, Dictionnaire biographique de militants nationalistes algériens, L’Harmattan, 1985.