GIRAUD Pierre, René

Par Alain Dalançon

Né le 28 février 1913 à Nantes (Loire-Inférieure, Loire-Atlantique), mort le 14 mai 1988 à Paris (XIVe arr.) ; professeur agrégé d’histoire et géographie ; militant syndicaliste du SNES et de la FEN-FO ; militant socialiste SFIO ; conseiller municipal de Paris (1953-1971), sénateur de la Seine (1958-1959) puis de Paris (1968-1977).

Pierre Giraud
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Sénat

Petit-fils d’un professeur de lycée et fils de Jean-Baptiste, lui-même professeur de lycée, et d’Alice Willard, sans profession, Pierre Giraud se maria le 17 octobre 1936 à Levallois-Perret (Seine, Hauts-de-Seine) avec Andrée Pinçon, avec laquelle il eut deux enfants.

Après des études en histoire-géographie à la Sorbonne, il enseigna d’abord au lycée de Rennes (Ille-et-Vilaine) à partir de 1936, puis, après sa réussite à l’agrégation en 1938 (16e/32), aux lycées d’Amiens (Somme), d’Angers (Maine-et-Loire), enfin au lycée Michelet de Vanves (Seine, Hauts-de-Seine) en 1943, où il resta en poste jusqu’à sa retraite en 1968, exerçant un temps en classes préparatoires aux Grandes Écoles.

Pierre Giraud adhéra en 1929 au Parti socialiste SFIO dans la 14e section de Paris. Membre de la LAURS et de l’Union fédérale des étudiants, il fut secrétaire adjoint des étudiants socialistes de Paris de 1933 à 1935. En 1938-1939, il était secrétaire de la section du lycée d’Amiens du nouveau Syndicat du personnel de l’enseignement secondaire affilié à la FGE-CGT, et en outre secrétaire de la section départementale de la Fédération des fonctionnaires. Mobilisé comme secrétaire à l’état-major sur le croiseur Jeanne d’Arc aux Antilles, il fut révoqué en juillet 1940 de ses fonctions et établit des contacts avec des Antillais résistants.

Sous l’Occupation, membre de Libération-Nord, il s’engagea dans le mouvement Résistance ouvrière. Militant du Syndicat national de l’enseignement secondaire (SNES) à la Libération, il était membre de la commission exécutive nationale en 1946 et 1947, occupant d’importantes responsabilités au bureau national, secrétaire chargé des affaires personnelles puis de la commission de la France d’outre-mer et secrétaire administratif en 1946-1947. Dans le Syndicat des enseignants de la région parisienne, section départementale de la Fédération de l’éducation nationale (FEN), il appartenait au secrétariat académique, chargé de la commission d’action laïque.

Militant du Parti socialiste SFIO, il coordonnait L’Université socialiste, bulletin édité à partir de juin 1947 par les Groupes socialistes de l’Éducation nationale. Président national des Cercles d’études socialistes Jean-Jaurès, il animait les groupes socialistes de l’enseignement secondaire et supérieur.

Pierre Giraud fut membre des cabinets des ministres de l’Éducation nationale, Marcel-Edmond Naegelen et [Édouard Depreux-22336], après la rentrée 1947, tout en continuant à siéger dans les instances de la direction du syndicat. Il était en même temps le responsable des groupes « Force ouvrière » dans l’enseignement. Lors de la première conférence nationale de Force ouvrière, les 8 et 9 novembre 1947, membre de la commission des résolutions économiques, il intervint immédiatement après le rapport de Robert Bothereau, estimant qu’il fallait « se battre à l’intérieur de la CGT » afin d’« entraîner avec nous la FEN que nous contrôlons à l’heure actuelle ». Il souhaitait alors que soit élaboré « un programme précis ». Intervenant en fin de discussion, il regretta l’absence de programme, constatant : « je crois que nous avons perdu trop de temps ». Il participa aussi à la deuxième conférence nationale de Force ouvrière des 18 et 19 décembre 1947. Il y prit la parole au nom des groupes FO de l’Éducation nationale, il se montra cette fois un ferme partisan de la scission, en raison notamment, selon lui, de la pression de la base. Il assura ses camarades ouvriers, à qui appartenait en premier lieu la décision, que « nous ferons tout notre possible, non pas pour vous amener quelques éléments et syndicats épars, mais pour vous amener dans votre mouvement l’ensemble de la FEN » ; il termina en affirmant : « je suis sûr que nos camarades du SNES et de la FEN auront honneur à tenir ma promesse ». Il fit partie de la commission chargée de rédiger un appel national invitant à la scission. Il pensait notamment qu’Adrien Lavergne, secrétaire général de la FEN, également membre des groupes FO, et que d’autres dirigeants nationaux suivraient. Il en alla autrement puisqu’ils optèrent pour l’autonomie. Avec les anciens secrétaires généraux de la Fédération générale de l’enseignement, Lucien Mérat, Maurice Janets, il signa dans L’Université syndicaliste du 23 février 1948, un appel à rejoindre la nouvelle confédération CGT-FO intitulé « Pour un syndicalisme indépendant ». Face aux attaques des « cégétistes » lui reprochant le cumul de ses fonctions syndicales avec sa présence dans le cabinet ministériel, Giraud se justifia dans le même numéro de L’US, en expliquant qu’il l’avait fait « pour éviter la mainmise totale d’un parti politique sur le mouvement syndical » et que « dans une organisation syndicale où ce danger aura disparu, je rentrerai dans le rang ».

Pour les congrès du SNI, du SNES et de la FEN de mars 1948, où furent décidées l’autonomie et la double affiliation individuelle, Pierre Giraud fut un des principaux rédacteurs des motions favorables à une adhésion à la CGT-FO. De 1950 à 1952, il assura le secrétariat de la section de la FEN-Force ouvrière tout en restant adhérent au SNES. Lors du congrès confédéral CGT-FO de novembre 1954, il intervint pour condamner avec fermeté la décision prise quelques mois plus tôt par le bureau confédéral, interdisant aux enseignants la double affiliation. Ce fut sa dernière intervention dans un congrès confédéral CGT-FO.

Pierre Giraud maintint son intense militantisme au Parti socialiste SFIO. Conseiller municipal de Paris de 1953 à 1971, il était vice-président du conseil de 1956 à 1971 et conseiller général de la Seine de 1953 à 1967. Il fut membre de la commission exécutive fédérale de la Seine de 1957 à 1967 puis secrétaire fédéral de Paris de 1967 à 1969. Il appartint au comité directeur de 1956 à 1969.

Il fut élu sénateur de la Seine sur la liste SFIO, le 8 juin 1958 et siégea à la commission des affaires culturelles mais ne fut pas réélu en avril 1959. Il retrouva un siège de sénateur de Paris, le 22 septembre 1968 mais ne se représenta pas en octobre 1977. Au cours de ce second mandat, il fut membre puis secrétaire puis vice-président de la commission des Affaires étrangères, de la Défense et des forces armées. Il ne se désintéressa cependant pas des problèmes éducatifs et intervint vigoureusement en 1971 contre le projet de réforme Rouchette de l’enseignement du français qu’il qualifia d’ « offensive générale contre toutes les méthodes employées jusqu’alors pour apprendre à nos enfants leur propre langue », à savoir « le lien nécessaire entre le français et les langues anciennes, la littérature, la grammaire, l’orthographe. »

Président de la délégation française à l’Assemblée de l’OTAN de 1968 à 1977, délégué représentant la France à l’Assemblée unique des Communautés européennes (en 1971 et 1974), il siégea au Parlement européen de 1973 à 1977, comme vice-président du groupe socialiste de 1975 à 1977. Collaborateur de La Revue socialiste, des activités de l’Office universitaire de recherche socialiste (OURS), du Droit de vivre, de Perspectives socialistes, il fut vice-président délégué de la Ligue internationale contre le racisme et l’antisémitisme (LICRA) de 1971 à 1986 et, de 1986 à 1988, président de l’association France-Israël - Alliance général Koenig. Il fut un des plus fidèles soutiens de l’Institut français d’histoire sociale (IFHS) fondé dans le cadre des Archives nationales.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article74473, notice GIRAUD Pierre, René par Alain Dalançon, version mise en ligne le 5 octobre 2009, dernière modification le 20 avril 2022.

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SOURCES : Arch. Nat., F/17 17776, 17820. — Arch. IRHSES (SPES, SNES : CA, congrès, L’Université syndicaliste). — Points de Repères, n° 22, octobre 1999. — Force Ouvrière, hebdomadaire de la CGT-FO, 31 mai 1951, 24 juillet 1952. — Compte rendu du congrès confédéral CGT-FO de novembre 1954. — Site Internet du Sénat. — Clémence Cardon-Quint, Lettres pures et impures ? Les professeurs de français dans le tumulte des réformes. Histoire d’un corps illégitime (1946-1981), thèse de doctorat, 2010, p. 776-777. — Notice Pierre Giraud du DBMOF. — Etat civil en ligne archives Nantes. — Notes de Louis Botella, André Caudron, Jacques Girault, Denis Lefebvre et Emmanuel Naquet.

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