HARRÉ François, Marie

Par Jean-Pierre Ravery

Né le 17 juin 1890 à Locronan (Finistère), mort en prison le 13 octobre 1942 à Quimper (Finistère) ; cheminot ; résistant communiste dans les FTP.

François Harré
(photo publiée sur le blog "Le Chiffon Rouge" du PCF de Morlaix)

François Harré était chauffeur de route à la SNCF. Père de deux enfants, il s’était marié en octobre 1919 à Quéméneven avec Marie-Anne Coroller, il habitait 4 allée des Primevères à Kerfeunteun (Finistère).
Sympathisant communiste de longue date, il participa à la réorganisation clandestine du PCF dans sa région. À plusieurs reprises, il hébergea chez lui des agents de liaison de la direction. Des caisses de journaux et tracts lui étaient expédiées de Paris au (faux) nom de « M. Legrand demeurant rue Kéréon à Quimper » pour qu’il les répartisse auprés des diffuseurs.

François Harré fut arrêté en octobre 1942 dans le cadre du vaste coup de filet lancé par les renseignements généraux, la police judiciaire et la gendarmerie contre le PCF et les FTP du Finistère. Incarcéré à la prison de Mesgloaguen à Quimper et soumis à de durs interrogatoires conduits par le commissaire Henri Soutif, des RG, et trois inspecteurs . Une caisse de 56 kg contenant de la « littérature subversive » fut découverte en gare de Quimper, deux autres en gare de Paris-Vaugirard. Des policiers de la 13e brigade de police judiciaire se mirent alors à la recherche des deux militants parisiens susceptibles d’être les expéditeurs de ces caisses.

François Harré fut retrouvé mort dans sa cellule dans la soirée du 13 octobre. Selon la version officielle du commissaire Soutif, il « s’était pendu à l’aide d’une ceinture de flanelle ». Mais selon le témoignage d’une résistance, Mme Fauglas, qui se trouvait dans une cellule mitoyenne, François Harré avait subi des brutalités de 10 heures à midi puis, après une courte pause, de nouveau jusqu’à 17 heures. Une employée des RG de Quimper, Mlle Marie Philippe, confirma avoir « vu la ceinture de flanelle portant un nœud marin » mais ne voulut pas faire sienne la thèse du suicide, connaissant trop bien les méthodes de ses collègues. Le 27 août 1942, un autre militant, André Quiniou, (voir ce nom) était déjà décédé à l’hôpital de Lorient des suites des sévices subis au cours des interrogatoires. À la Libération, l’épouse de François Harré porta plainte contre le policier qui avait martyrisé son mari. Arrêté le 17 janvier 1945 mais promptement « évadé », le commissaire Soutif fut condamné à vingt ans de travaux forcés par contumace pour intelligence avec l’ennemi. Mais il réapparut en 1950 et fut acquitté à l’issue d’un nouveau procès, avant d’être réintégré dans la police judiciaire.
Interné résistant.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article74487, notice HARRÉ François, Marie par Jean-Pierre Ravery, version mise en ligne le 5 octobre 2009, dernière modification le 25 juin 2022.

Par Jean-Pierre Ravery

François Harré
(photo publiée sur le blog "Le Chiffon Rouge" du PCF de Morlaix)

SOURCES : Dossier Soutif dans les archives de la CCCP : notes Ravery. —« Les policiers français sous l’occupation » de Jean-Marc Berlière avec Laurent Chabrun, ed. Perrin 2001. — La résistance communiste en France. 1940-1945 : mémorial aux martyrs communistes de Pierre Maury, ed. Le Temps des Cerises, 2006.— Etat civil. — Service historique de la Défense, Vincennes GR 16 P 286184 (nc).

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