COLLET Jean, Georges

Par Jean-Pierre Besse, Claude Pennetier

Né le 25 mai 1921 à Antrain-sur-Couesnon (Ille-et-Vilaine), mort dans la nuit du 2 au 3 août 2010 à Rennes (Ille-et-Vilaine) ; ajusteur puis professeur d’enseignement technique ; membre de la JC et du PCF clandestin en Ille-et-Vilaine, responsable inter-régional de la JC pour la Normandie-Picardie, membre du bureau national de l’UJRF (1945-1948) ; responsable du travail clandestin auprès du contingent de 1950 à 1958 ; conseiller municipal d’Ivry-sur-Seine (Seine, Val-de-Marne) de 1959 à 1965 puis de Vitry-sur-Seine (Seine, Val-de-Marne) de 1965 à 1991.

Fils d’instituteurs syndiqués au Syndicat national des instituteurs, qui adhérèrent en 1937 au Parti communiste, Jean Collet fit ses études au lycée de Rennes (Ille-et-Vilaine) où il rejoignit les Jeunesses communistes à la fin de 1936. Il préparait le concours d’entrée à l’école normale supérieure et une licence de lettres classiques à la faculté de Lettres de Rennes lorsque la guerre éclata. Après avoir tenté sans succès de passer en Angleterre, il s’engagea dans la Résistance. Il participait à la reconstitution des JC quand il fut arrêté et emprisonné à Rennes le 26 mars 1941. Condamné à trois ans de prison pour « propagande communiste et reconstitution de ligue dissoute », il fut transféré à Vitré (Ille-et-Vilaine) en juillet 1941 puis à Laval (Mayenne) d’où il s’évada en janvier 1942. Il rejoignit alors Paris et fut rapidement chargé par Yvon Djian de la propagande auprès des étudiants de l’École centrale et des Arts et métiers. Au début de 1943, sous le pseudo de Louis, il fut nommé responsable des Jeunesses communistes de la région de Paris-rive droite (P2). En janvier 1944, il fut nommé inter-régional de la région Normandie-Picardie sous le pseudo de Guillou. Il eut alors sous ses ordres Roland Leroy (qui reconnut avoir été marqué par sa personnalité) et René Lamps. Il assuma cette responsabilité jusqu’à la Libération en septembre 1944 puis entra en 1945 au bureau national de l’UJRF où il siégea jusqu’en 1948.

En 1945-1946, Jean Collet fut tenté par l’ouvriérisation et suivit une formation accélérée d’ajusteur, métier qu’il exerça à la SNECMA d’Argenteuil (Seine-et-Oise, Val d’Oise) jusqu’à son entrée dans l’enseignement technique en 1947. Il avait obtenu une licence de lettres et enseigna jusqu’en 1968, en particulier, au CET Pierre Semard de Vitry-sur-Seine.

Sans cesser d’enseigner, il fut de 1950 à 1958, sous la direction de Raymond Guyot-, le responsable discret, pour ne pas dire clandestin, du PCF en direction des appelés. Le contexte était celui de la fin de la guerre d’Indochine et du début de la guerre d’Algérie. Il visitait pendant le week-end les villes de garnison pour mettre en place dans chaque lieu un responsable. Il fut envoyé en Algérie à Pâques 1955 pour, sous prétexte de tourisme, rencontrer des responsables du Parti communiste algérien. Il discuta avec André Moine à Alger et dans les environs de la ville avec un militant dont il ignorait le nom mais qu’on découvrit quelques semaines plus tard assassiné à son domicile, peut-être par le FLN dit-il. Il s’agissait d’organiser l’installation discrète d’un cadre de la métropole chargé de travailler en direction des soldats français, d’établir des contacts et d’organiser la diffusion de la feuille Soldats de France ; ce fut Alfred Gerson, embauché dans une usine mais plus tard arrêté et condamné à deux ans de prison.

Jean Collet avait dans sa mission la publication de Marin de France et Soldat de France dont l’édition remontait à juillet 1950. Il était épaulé pour ce travail par Alfred Gerson puis par un militant nommé Groman, et sur le plan technique par une secrétaire des élus d’Ivry, Paulette Mathieu. L’impression clandestine se faisait à Aulnay-sous-Bois par une imprimerie qui avait déjà travaillé à la sortie de l’Humanité clandestine pendant l’Occupation. Les articles étaient pour l’essentiel de sa plume. Il déclara ne pas connaitre avec exactitude ceux qui lui succédèrent en 1959, mais il notait dans un témoignage du 13 décembre 2004 : « J’ai simplement observé que certains, jusque dans les colonnes de l’Huma ont tenté de récupérer le mérite de la confection, diffusion et même création de Soldat de France. »

En 1959, Collet brigua un siège de conseiller municipal à Ivry-sur-Seine. Élu le 8 mars 1959 sur la liste conduite par Georges Marrane, il entama une longue carrière d’édile municipal. De 1965 à 1995, il fit partie des différentes municipalités de Vitry-sur-Seine et fut adjoint au maire de 1965 à 1991. Premier adjoint au maire, Marcel Rosette, il fit en sorte que la municipalité possédât un théâtre (Jean-Vilar) et fut à l’origine d’un Prix de peinture international. Ce fut aussi son impulsion que l’association Vitry, vacances, loisir (VVL) créée en 1969, devint en 1974 intercommunale sous le nom de Vacances, voyages, loisirs (VVL).

Jean Collet s’était marié le 10 octobre 1944 à Paris (XIIIe arr.) avec Jeannine Chesnot.

Lors de son décès, il était médaillé de la résistance et chevalier des Palmes académiques. Personnalité forte et attachante, Jean Collet a laissé un souvenir très fort à ceux qui l’ont côtoyé et interrogé.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article74598, notice COLLET Jean, Georges par Jean-Pierre Besse, Claude Pennetier, version mise en ligne le 12 octobre 2009, dernière modification le 22 novembre 2022.

Par Jean-Pierre Besse, Claude Pennetier

Témoignage du 13 décembre 2004 communiqué par René Gaudy

ŒUVRE : Jean Collet, Façon de voir… Culture et démocratie, préface de Roland Leroy, Éditions Graphein, 1997 ; À 20 ans dans la Résistance : 1940-1944, Éditions Graphein, 1999.

SOURCES : Fonds Jean Collet, Arch. dép de Seine-Saint-Denis (333 J), inventaire en ligne. — Arch. Dép. Val-de-Marne, 1 Mi 2426. – Arch. Com. Ivry-sur-Seine et Vitry-sur-Seine. — Collectif, Familles en souffrance à Vitry. Analyse d’un CMPP municipal, Scanéditions, 1993. — L’Humanité, 20 janvier 2000. — Guillaume Quashie-Vauclin, L’UJRF (1945-1956), L’Harmattan, 2009. — Notes d’Alain Prigent et de Renée Thouanel. — Le Monde, 6 août 2010. — Renseignements communiqués par René Gaudy : témoignage manuscrit de Jean Collet pour la période de la guerre d’Algérie.

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