JONDEAU André

Par Claude Pennetier

Né le le 24 novembre 1934 au Creusot (Saône-et-Loire), mort le 28 mars 2006 à Créteil (Val-de-Marne) ; ouvrier tourneur puis administrateur et éditeur ; militant de la JOC et du PSU ; directeur des Éditions ouvrières ; maire adjoint de Villiers-sur-Marne (Val-de-Marne).

André Jondeau avec Laurent Fabius et Jack Lang au salon du Livre
André Jondeau avec Laurent Fabius et Jack Lang au salon du Livre

De sa naissance au Creusot d’un père cultivateur puis manœuvre poseur de rails chez Schneider, André Jondeau avait gardé un attachement à la Bourgogne et à ses traditions ouvrières. Titulaire du certificat d’études, ce jeune ouvrier tourneur chez Schneider, milita à la Jeunesse ouvrière chrétienne (JOC) dès 1950, puis devint dirigeant fédéral.

Marié le 5 juillet 1957 avec une enseignante de l’école libre en classe de 4e, Marie-Claude Seguenot (le couple eut deux filles et un garçon : Philippe (1959), Blandine (1963), Claire (1968), André Jondeau quitta Le Creusot en 1957, après le service militaire au Maroc, pour prendre, à Paris, des fonctions de responsable national permanent à l’Action catholique des enfants (Cœurs vaillants). Sollicité par la JOC, il assura, avec Gérard Tiersen*, Marie-Claude Odin et Jacques Duraffourg, la préparation du grand rassemblement « Paris 67 » (46 000 Jocistes). Devenu l’administrateur de la Jeunesse ouvrière chrétienne (1966-1974), il milita au Parti socialiste unifié (PSU) et en anima, dans la lancée de mai 1968, le Comité d’action populaire de Villiers-sur-Marne.

Un temps salarié au comité d’entreprise du CIT Alcatel, il devint en 1976 le dynamique directeur commercial des Éditions ouvrières (actuelles Éditions de l’Atelier), puis le successeur de Daniel Angleraud à la direction générale en 1985. Dans ses fonctions, il soutint avec force l’histoire sociale, la revue Le Mouvement social, et même avec passion la collection du Maitron, Dictionnaire biographique du mouvement ouvrier. Entre Jean Maitron et lui, se forgea une amitié qui fut pour beaucoup dans la continuité de cette œuvre. Cofondateur des Amis du Maitron, il s’affirma, après sa retraite en 1991, comme l’âme et l’administrateur de cette association. Il aida, comme administrateur, les associations départementales d’histoire sociale de la région parisienne, l’Association histoire et mémoire ouvrière en Seine-Saint-Denis (AHMO) et Itinéraires et histoire ouvrière en Val-de-Marne (IHOVAM). La réussite du nouveau Maitron, le Dictionnaire biographique, mouvement ouvrier, mouvement social, lui doit beaucoup.

Toujours militant du PSU et candidat aux élections législatives, il fut un des principaux animateurs de la campagne électorale qui conduisit à la conquête de la municipalité de Villiers-sur-Marne par la gauche (liste Serge Delaporte). Conseiller municipal délégué à l’information et à la communication, il devint après les élections de 1983 maire adjoint à la « vie et animation des quartiers ». Avec René Delécluse s’organisèrent les concertations sur les projets d’urbanisme, création et soutien aux associations pour la prise en charge de la vie de quartier. L’un et l’autre étaient soucieux de défendre l’initiative populaire.

Ses fonctions ne firent pas de lui un notable, plutôt un homme de terrain au contact facile et plaisant, un militant entreprenant et combatif prêt à s’investir contre les injustices avec la Ligue des droits de l’Homme et les animateurs des centres sociaux. Il assura longtemps les fonctions de président du Centre social de Villiers et batailla contre sa municipalisation.

Une de ses initiatives fut de créer, au début des années 1970, et de faire vivre jusqu’à nos jours, une association, « Circuits courts », s’efforçant de rapprocher les producteurs de qualité (vins, viandes…) des consommateurs et d’éduquer au goût. Venus d’abord de Bourgogne, puis de différentes régions de France, vignerons et éleveurs animaient des marchés fraternels dans la banlieue Est pour le bonheur d’un public où se retrouvaient beaucoup de militants syndicalistes de la CFDT, comme Alain Chupin et de la CGT.

Administrateur bénévole actif des centres de réadaptation (CRPP de Sablé et de Fontenailles), il fut, de 1991 à 1998, un des responsables à la communication du diocèse du Val-de-Marne.

Ce militant chrétien ignorait tout sectarisme ; proche de nombreux évêques dont François Frétellière, il aimait les rencontres avec les francs-maçons et les libre-penseurs, avec les socialistes, les communistes comme avec les trotskistes ou les anarchistes, retenant en chacun des traits positifs qui lui donnaient le sentiment de partager les mêmes combats.

Le démon de l’édition le reprit au début des années 2000. Il créa avec quelques amis bourguignons les Éditions de la Toison d’or, spécialisées dans les itinéraires spirituels et militants. Une des dernières créations d’André Jondeau avec Jean Limonet ne fut-elle pas encore l’Association bourguignonne des amis du Maitron.

Une crise cardiaque foudroyante l’emporta le 28 mars 2006 à Créteil, à la sortie d’une réunion de l’IHOVAM.

Ses obsèques eurent lieu le 31 mars à l’église de Villiers-sur-Marne en présence d’un public important. Inhumé le lendemain à Aubigny-la-Ronce (Côte-d’Or), auprès de sa maison rurale, de nombreux Bourguignons avaient tenu à l’accompagner. Le Monde (2-3 avril 2006) et l’Humanité (31 mars 2006) consacrèrent un article à son décès.

Un hommage lui fut rendu le 18 mai à la Maison des syndicats du Val-de-Marne par l’IHOVAM, les Éditions de l’Atelier, les Archives du Val-de-Marne, les anciens de l’ACO et de la JOC, ses amis de Villiers et de l’évêché de Créteil.

Son épouse, Marie-Claude, poursuivit son action à l’administration des associations Maitron.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article74767, notice JONDEAU André par Claude Pennetier, version mise en ligne le 14 octobre 2009, dernière modification le 22 novembre 2022.

Par Claude Pennetier

André Jondeau avec Laurent Fabius et Jack Lang au salon du Livre
André Jondeau avec Laurent Fabius et Jack Lang au salon du Livre
André Jondeau au Père Lachaise lors d'un hommage à Jean Maitron en 1988
André Jondeau au Père Lachaise lors d’un hommage à Jean Maitron en 1988
André Jondeau menant son âne, en Bourgogne.
André Jondeau menant son âne, en Bourgogne.

SOURCES : Papiers de la famille Jondeau. — Témoignages. — Entretiens avec André Jondeau et avec Marie-Claude Jondeau.

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