DUHAMEL Georges

Par Nicole Racine

Né le 30 juin 1884 à Paris (XIIIe arr.), mort le 13 avril 1966 à Valmondois (Seine-et-Oise, Val-d’Oise) ; médecin, écrivain ; membre de l’Abbaye de Créteil ; membre du comité directeur de “ Clarté ” en 1919-1920, académicien.

Georges Duhamel par Berthold Mahn
Georges Duhamel par Berthold Mahn
Frontispice des Lettres d’Auspasie, 1922.

Né dans une famille de moyenne bourgeoisie, Georges Duhamel, septième de huit enfants, fit ses études primaires à Paris (école communale de la rue de Reuilly, puis cours complémentaire de la rue Blomet), ses études secondaires à Paris, au lycée Buffon, puis à Nevers et de nouveau à Paris. « Presque tout ce que je sais, c’est à la pauvreté que je le dois. J’entends à la pauvreté de mes jeunes années. » Il entreprit des études de médecine et de science à Paris. Féru de voyages, il parcourut à pied pendant les vacances, la France, la Suisse, l’Allemagne, l’Autriche. Il s’intéressa de bonne heure à la poésie et se lia avec Charles Vildrac*. Vers 1905-1906, encore étudiant en médecine, il fit partie du petit groupe de jeunes gens, Charles Vildrac, René Arcos, Georges Chennevière, Alexandre Mercereau, Albert Gleizes, Albert Doyen, qui décida de créer un phalanstère d’artistes. Ainsi fut fondée à Créteil (Seine, Val-de-Marne), à la fin de 1906, « L’Abbaye, groupe fraternel d’artistes », qui assurait l’indépendance de création par quatre heures de travail manuel par jour. Georges Duhamel se joignit vite à René Arcos, Charles Vildrac (qui avait épousé sa sœur Rose), Albert Gleizes et resta à Créteil les quinze mois que dura l’expérience ; ses premiers essais en vers, Des légendes, des batailles furent imprimés dans la presse de l’Abbaye en 1907. Georges Duhamel évoqua cette expérience sous forme romancée dans Le Désert de Bièvres (1936) et sous forme de réflexion dans Le Temps de la Recherche (1947).
En 1907, Georges Duhamel rentra à Paris pour terminer ses études de science et de médecine. En 1908, il était licencié ès sciences et en 1909 il soutenait sa thèse de doctorat de médecine. Il se maria avec l’actrice Blanche Albane (Blanche Sistoli), qui lui donna trois enfants. Afin de continuer à écrire, il décida de ne pas exercer la médecine et entra dans un laboratoire médical. À la veille de la guerre de 1914, il avait déjà écrit plusieurs recueils de poèmes, avait réuni ses principales chroniques de poésie au Mercure de France (où il était entré en 1912) sous le titre Les Poètes et la Poésie ; ses premières pièces avaient été représentées à l’Odéon en 1911-1912, puis au Théâtre des Arts. Lors de la déclaration de guerre, mobilisé dans le service de santé, il demanda à être incorporé dans une unité combattante et fut envoyé au front où il resta 48 mois. Il n’hésita pas à apprendre alors le métier de chirurgien. Ainsi, après avoir été aide-major dans les hôpitaux du front, il termina la guerre comme chirurgien chef d’équipe. Après la guerre, Georges Duhamel renonçait à la médecine pour se consacrer à la littérature. Il publia Entretiens dans le tumulte (1919) qui apportait encore un témoignage sur la guerre.
Georges Duhamel signa la Déclaration d’Indépendance de l’Esprit lancée par Romain Rolland (L’Humanité, 26 juin 1919). Ami d’Albert Doyen depuis l’expérience de l’Abbaye de Créteil, il fit une conférence à la Bourse du Travail, le 8 octobre 1921, pour l’ouverture de la quatrième saison des Fêtes du Peuple.
Georges Duhamel avait été rapidement sollicité par Henri Barbusse pour faire partie du mouvement « Clarté » pour une Internationale de la Pensée (lancé en mai 1919). En 1933, Georges Duhamel inaugura la Chronique des Pasquier qu’il poursuivit jusqu’en 1945, et qui décrivait l’ascension d’une famille de la fin du XIXe siècle et du début du XXe siècle. En 1925, on trouvait le nom de Georges Duhamel au bas de l’« Appel aux travailleurs intellectuels » lancé par Henri Barbusse contre la guerre du Rif (Clarté, 15 juillet 1925). En 1927, Georges Duhamel publia un des premiers récits de voyages en Russie soviétique, Le Voyage de Moscou. Il y décrivait avec sympathie l’expérience soviétique mais affirmait que ce type d’expérience n’était pas valable pour un pays comme la France. Georges Duhamel fit un voyage aux États-Unis (début octobre - 23 novembre 1928) d’où naquit les Scènes de la vie future en 1930, critique de la société américaine. Ilya Ehrenbourg dans Vus par un écrivain d’URSS dénonça le procès du machinisme instruit par Georges Duhamel.
Élu à l’Académie française à la fin de 1935, il faisait figure d’écrivain consacré des lettres françaises. Georges Duhamel s’abstint de prendre parti dans le mouvement qui allait aboutir au Front populaire et ne figura pas dans les organisations antifascistes de la période. Cependant, il n’hésita pas à prendre position en faveur de Victor Serge et il fut membre du Comité pour sa libération, constitué sous l’impulsion de militants de gauche comme Charles Vildrac, Luc Durtain. Il fit en mai 1933 une démarche à l’ambassade soviétique pour demander la libération de l’écrivain. Georges Duhamel avait rencontré Victor Serge à Leningrad lors du voyage qu’il effectua en Russie soviétique en 1927.
En 1938, Georges Duhamel fut anti-munichois et le proclama. Il fut nommé secrétaire perpétuel provisoire de l’Académie française en 1942, fonctions dans lesquelles il sera confirmé en 1946, mais qu’il abandonnera pour se consacrer à ses travaux et à l’Alliance française dont il avait été nommé président en 1937. Il fut nommé après la Libération président d’honneur de l’Union nationale des Intellectuels (UNI) issue de la Résistance, mais il en démissionna en 1950. Il s’éloigna définitivement de la politique, se consacrant à ses tâches de président de l’Alliance française et aux nombreux voyages qui en découlaient, ainsi qu’à son œuvre littéraire.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article74777, notice DUHAMEL Georges par Nicole Racine, version mise en ligne le 14 octobre 2009, dernière modification le 22 novembre 2022.

Par Nicole Racine

Georges Duhamel par Berthold Mahn
Georges Duhamel par Berthold Mahn
Frontispice des Lettres d’Auspasie, 1922.
Georges Duhamel, à gauche, sur un rocking-chair, travaillant avec ses amis de l'Abbaye de Créteil.
Georges Duhamel, à gauche, sur un rocking-chair, travaillant avec ses amis de l’Abbaye de Créteil.
Dans le jardin de la villa de Créteil. De gauche à droite, Arcos, Mercereau, Duhamel, Gleizes et Vildrac, en 1907
L’imprimerie de l’Abbaye, dessinée par Charles Picart Ledoux.

SOURCES : On consultera en premier les Mémoires de G. Duhamel, groupés sous le titre Lumières sur ma vie. I. Inventaire de l’Abîme 1884-1901, Hartmann, 1944, 243 p. — II. Biographie de mes Fantômes 1901-1906, id., 1944, 247 p. — III. Le Temps de la recherche, Mercure de France, 1949, 252 p. — IV. La Pesée des âmes, id., 1949, 335 p. — V. Les Espoirs et les épreuves 1919-1928, id., 1953, 285 p. — Luc Durtain*, G. Duhamel, Adrienne Monnier, 1920, 28 p. — Claude Aveline*, Les ouvrages de G. Duhamel. Essai de bibliographie précédé d’une lettre sur les bibliophiles, par G. Duhamel, Paris, Cl. Aveline, 1925, 107 p. — André Thérive, G. Duhamel ou l’intelligence du cœur, Rasmussen, 1925, 64 p. — César Santelli, G. Duhamel, Mercure de France, 1925, 173 p. —Sénéchal Christian, L’Abbaye de Créteil, Delpuech, 1930, 151 p. —Ehrenbourg Ilya, Duhamel, Gide, Malraux, Mauriac, Morand, Romains, Unamuno vus par un écrivain d’URSS, Gallimard, 1934, 223 p. — Mondor Henri, Lettres et images pour G. Duhamel, Gallimard, 1937. — Bidal Marie-Louise, Les écrivains de l’Abbaye, Les Presses modernes, 1938, 240 p. — Simon P.-H., G. Duhamel, Édition du Temps présent, 1947. — Aragon, « La lumière et la paix », Discours au congrès national de l’Union nationale des intellectuels, 29 avril 1950. — Arlette Lafay, « La Résistance à visage découvert de Georges Duhamel:1940-1945 », Cahiers de l’ Abbaye de Créteil, 7, décembre 1985. — La Sagesse de Georges Duhamel, « La Thésothèque », Réflexion et recherche universitaire n°14, Paris, Minard, 1984. — Témoins d’un temps troublé, Roger Martin du Gard-Georges Duhamel.Correspondance 1919-1958, « Bibliothèque de littérature et d’histoire », 17, Lettres modernes, Minard,1987. — L’humanisme de Georges Duhamel( (1884-1966), Les Presses universitaires de Scranton, Ridge Row Press, 1992. — Georges Duhamel, témoin du XX siècle, Actes du Colloque international du Centenaire (11-14 octobre 1984, Université de Paris XII). Préface de Michel Décaudin, Cahiers Georges Duhamel, I, Paris, Minard. — Georges Duhamel , peintre de la vie. Actes de la journée d’études en Sorbonne, 24 mai 1986. Préface de M.-F.Guyard, 1991, Paris, Minard. — Georges Duhamel et l’idée de civilisation. Colloque international organisé par la Bibliothèque Nationale et l’Association Les Amis de Georges Duhamel et de l’Abbaye de Créteil. Textes réunis par Arlette Lafay, Bibliothèque Nationale de France, 1994. — Les Cahiers de l’Abbaye de Créteil (Association des « Amis de Georges Duhamel et de l’Abbaye de Créteil ») ont publié Georges Duhamel - Marcel Martinet Correspondance,1919-1944. — « Georges Duhamel et l’Europe », 12,décembre 1990, « Georges Duhamel écrivain engagé »,13 décembre 1991, « Georges Duhamel médecin écrivain de guerre », hors série novembre 1994. — Elise Lewartowski, "1884-1966. Georges Duhamel : un écrivain humaniste", Le magasine du département, 94, n° 337, septembre 2016.

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