CLUNET Georges, Émile, Louis

Par Claude Pennetier

Né le 11 mai 1900 à Bourg-en-Bresse (Ain), mort le 22 octobre 1978 à Tours (Indre-et-Loire) ; métallurgiste ; syndicaliste et militant communiste, élève de l’École léniniste internationale de Moscou fin 1930-1932 puis référent au Profintern jusqu’au début 1935 ; conseiller municipal de Vitry-sur-Seine (Seine, Val-de-Marne) 1929-1935.

Fils d’un ouvrier tailleur d’habits et d’une tailleuse puis ouvrière d’usine domiciliés à Dijon, Georges Clunet perdit son père en 1911. Une de ses sœurs habitant Vitry-sur-Seine, toute la famille vint la rejoindre. Ses deux sœurs et sa mère entrèrent alors dans une usine d’appareillage électrique à Ivry-sur-Seine et lui-même y travailla de douze ans à son départ au service militaire. Son oncle, Edmond Boguet, était un militant socialiste de Vitry. « Pendant tout le temps de ma jeunesse, j’ai été considéré comme une forte tête. Il a été question plusieurs fois de me faire engager dans la marine, mais je m’y suis toujours refusé et ma mère a fini par céder » écrit-il en 1932.

Clunet date son entrée « dans le mouvement révolutionnaire » de 1917, au moment des grèves de mai. En mai 1920, ouvrier licencié de Gnôme et Rhône, considérant que la grève générale avait été « trahie » par la direction de la CGT, il quitta le syndicat avec d’autres ouvriers et ne reprit une carte syndicale qu’en 1925, à la CGTU. Simultanément, conquis par la campagne contre la guerre du Maroc, il adhéra au Parti communiste. Entre 1920 et 1925, il avait fait son service militaire (avec quelques ennuis pour indiscipline) et travaillé en Belgique. Militant très actif, il créa des sections syndicales dans les trois entreprises où il travailla jusqu’en 1932, fut secrétaire de cellule, membre du bureau du sous-rayon de Vitry-sur-Seine, membre du comité de rayon, membre de la commission exécutive des Comité intersyndicaux de Vitry-sur-Seine. Il avait suivi les cours d’une école communiste élémentaire en 1927.

Ouvrier régleur et décolleteur, Georges Clunet fut élu conseiller municipal communiste de Vitry-sur-Seine (Seine) le 12 mai 1929, sur la liste dirigée par Pierre Périé et Charles Rigaud. L’assemblée municipale le désigna comme premier adjoint au maire le 29 octobre 1929. Les communistes de Vitry étaient alors séparés en deux courants : les anciens élus avec Pierre Périé et Ernest Charbonnier et le comité du sous-rayon avec Raymond Guilloré, Charlotte Guilloré, Charles Rigaud et Georges Wetzel. Clunet faisait équipe avec ces derniers. Il était permanent municipal. Il était également membre du SRI de la FST.

Robert Saunier le présentait comme un « gars combatif » ayant « un certain cran prolétarien et surtout une hargne prolétarienne » (art. cit., p. 100). Le journal communiste local, Le Travailleur, annonça qu’il ne serait pas candidat au renouvellement du 5 mai 1935 : le Parti lui « a confié d’autres tâches ».

Lorsqu’il fut envoyé comme élève à l’École léniniste internationale de Moscou fin 1930, il était poursuivi en justice « pour avoir blessé un flic qui tentait de [l]’arrêter ». Un rapport en russe le présentait ainsi : « Très sérieux, pas bavard, intelligent, mais avec une certaine naïveté. Naves le connaissait en France, il travaillait (en fait, exerçait les fonctions du maire) à Vitry (municipalité communiste), il était membre du bureau du sous-rayon de Vitry. Par l’envergure, c’est un militant de base. » Il ne convient pas pour le travail de masse, mais plutôt pour les questions d’organisation. Pour le travail clandestin. Sérieux, mais ne prend pas suffisamment d’initiatives. Le gars est absolument sûr. Naves l’utilisait pour le travail clandestin (transport des journaux etc.). Il comprend très bien en quoi devrait consister l’aide municipale au Parti (il prête des voitures, des camions etc.) sans poser de questions. Discret. » (traduction Macha Tournier). Il réagit à l’annonce de la dénonciation de Pierre Celor comme traître en octobre 1932 en écrivant une longue lettre au comité exécutif de l’IC, pour affirmer qu’il fournirait dans les jours qui suivent une autobiographie « complète et véritable ainsi que différents renseignements susceptibles de servir la suite de l’enquête qu’exige l’affaire Celor » (Moscou, 14 octobre 1932), ce qu’il fit le 18 octobre. Il travailla comme référent au Profintern entre 1933 et 1934 puis fut entre mars 1934 et janvier 1935, le représentant de la CGTU auprès de l’ISR. Il présenta devant son Bureau exécutif plusieurs rapports sur l’évolution des conflits sociaux en France. Membre du PcbUS, il fut exclu du parti soviétique en janvier 1936 parce qu’il critiquait le rapprochement franco-soviétique.

Son épouse, née Simone Baudelet, employée municipale à Ivry-sur-Seine vint le rejoindre un temps. Le Parti communiste demanda son retour en France en janvier 1936 et Clunet quitta Moscou fin avril.

Le nom de Clunet disparaît de la vie politique après son retour. À moins qu’il ne se confonde avec Georges Clunet, secrétaire de la section communiste de Vanves en mars 1937. Sa femme reprit son emploi d’assistante sociale à Ivry-sur-Seine mais il divorça et se remaria au Kremlin-Bicêtre le 13 février 1940 avec Madeleine Pailleux, sans profession, native d’Eure-et-Loir. Il était alors tourneur et mobilisé au 16e BIL.

Il était domicilié à Neuillé-le-Lierre (Indre-et-Loire) lorsqu’il mourut en 1978 à Tours, retraité de la métallurgie.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article74838, notice CLUNET Georges, Émile, Louis par Claude Pennetier, version mise en ligne le 18 octobre 2009, dernière modification le 22 novembre 2022.

Par Claude Pennetier

SOURCES : RGASPI, Moscou, 495 270 463 (textes en français et en russe traduits par Macha Tournié), 517 1 1111. — Arch. Nat., F7/13119, 30 octobre 1929. — Arch. Paris, DM3 ; Versement 10451/76/1 et listes électorales. — Arch. Dép. Seine-Saint-Denis, ex. Bibliothèque marxiste de Paris, bobine 453. — Le Travailleur (canton d’Ivry), avril 1935. — Les Révoltes logiques, n° 5, printemps-été 1977, interview de Robert Saunier, p. 100. — L’Aube nouvelle, 20 mars 1937. — État civil. — Notes de Sylvain Boulouque.

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