GAY Antoine

Par Antoine Olivesi

Né le 20 novembre 1845 à Marseille (Bouches-du-Rhône), mort dans la nuit du 6 au 7 juin 1930 à Moscou (URSS) ; colleur de papiers peints, artiste dramatique, chanteur et musicien ambulant ; anarchiste puis adhérent au Parti communiste à Marseille.

Portrait dans L’Humanité du 9 février 1928.

Né de père inconnu. Sa mère se nommait Joséphine, Clémentine Gay. Il participa à la Commune insurrectionnelle de Marseille en mars-avril 1871 et dut ensuite quitter la ville pour éviter la répression.

En raison de sa participation à la Commune de Marseille, il fut condamné, le 16 janvier 1872, par le 8e conseil de guerre, à la déportation dans une enceinte fortifiée. À la Nouvelle-Calédonie, Antoine Gay fut encore une fois condamné, à un an de prison cette fois, pour tentative d’évasion. Le 17 mai 1879, il bénéficia de la remise de sa peine. Il rentra par la Loire.

Il revint à Marseille, y travailla comme colleur de papiers peints, puis séjourna, en 1891, à Sète, La Grand-Combe, Saint-Étienne, Genève où il était signalé au mois de mars.

En janvier 1894, il fréquentait les milieux anarchistes marseillais et fut notamment l’assesseur de Sébastien Faure* à l’occasion des conférences données par ce dernier. En 1897, il était alors devenu chanteur et musicien ambulant et était toujours surveillé par la police.

On retrouve sa trace après la Grande Guerre. Il adhéra au Parti communiste et fut candidat sur la liste du Bloc ouvrier et paysan dans la première circonscription de Marseille aux élections législatives. Il obtint 5 803 voix sur 136 085 électeurs inscrits. Les listes électorales de 1923 indiquent qu’il était compositeur de musique. Les rapports de 1924 le signalent sans profession. Au printemps 1925, âgé de 80 ans, il fit campagne pour les candidats communistes aux élections municipales à Marseille.

Devenu, en quelque sorte, un symbole vivant, Antoine Gay participa entre 1924 et 1927, à de nombreuses manifestations et cérémonies, notamment en mai et en décembre, anniversaires de la Commune et de l’exécution de Gaston Crémieux. Il racontait les événements de 1871, se déclarant « prêt à faire de nouveau le coup de feu », comme à cette époque, malgré ses 80 ans. Il fut acclamé le 23 août 1925, jour du congrès de la région méditerranéenne contre la guerre du Maroc. En mai 1926, il se rendit à Paris, au mur des Fédérés. Dans une lettre du 17 août 1926 adressée au dirigeant communiste Louis Crémet, Gay demanda à visiter l’URSS pour que « je puisse aller voir le tombeau du grand Lénine » (I.M.Th., bobine 158).

En 1927, il sollicita, à la préfecture des Bouches-du-Rhône, un passeport pour l’URSS afin de résider dans une maison de repos créée à Moscou pour les survivants de la Commune. Dans sa lettre au préfet, datée du 17 mai, il déclara que l’URSS lui offrait « un asile momentané ou définitif ». Le Parti communiste français paya une partie des frais de son voyage. Antoine Gay fit ses adieux à ses amis politiques avant de se rendre en Union soviétique où il mourut peu après.

On le dit parfois mort en 1927, mais dans l’Humanité du 16 mars 1928, en page 4, il était signataire avec d’autres vétérans de la Commune d’un article rendant hommage à Lénine. Il était donc toujours en vie en 1928. Le 8 juin 1930, l’Humanité signalait sa mort. Il était fréquemment désigné par erreur comme ayant participé à la Commune de Paris.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article74849, notice GAY Antoine par Antoine Olivesi, version mise en ligne le 25 février 2010, dernière modification le 9 juillet 2019.

Par Antoine Olivesi

Portrait dans L’Humanité du 9 février 1928.

SOURCES : Arch. Dép. Bouches-du-Rhône, II M 3/55. V M 2/256 (rapport du 20 avril 1925) et 282 ; M 6/3393 (rapport du 20 mars 1891 et 9395 ; M 6/10801, rapport du 13 novembre 1924 ; M 6/10802 rapport du 16 février 1925 ; M 6/10803, rapport des 29 mai, 24 août et 14 décembre 1925 ; M 6/10804, rapports des 9 avril, 7 juin, 30 août, 12 décembre 1925 ; M 6/10805, rapports des 7 novembre et 27 décembre 1926 ; M 6/10807, rapports des 15 février et 19 mai 1927 (lettre de Gay citée). — Arch. Mun. Marseille, listes électorales 1923. — Arch. Dép. Seine-Saint-Denis, mfm ex-I.M.Th., bobine 158 (Jacques Girault). — Témoignage de Frédéric Roux-Zola. — Arch. Nat., BB 24/866, n° 7525. — Arch. PPo., listes d’amnistiés. — L’Humanité, 8 juin 1930. — Notes de Corentin Lahu et de J. Chuzeville.

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