GIOT Émile, dit aussi Hippolyte GIOT ou GAUTRIN-GIOT

Par Claude Pennetier, Justinien Raymond

Né le 19 octobre 1849 à Tournan (Seine-et-Marne), mort en 1939 ; charcutier, entrepreneur de peinture, jardinier ; militant guesdiste à Ivry-sur-Seine (Seine, Val-de-Marne) puis socialiste unifié ; conseiller municipal de Bondy (Seine, Seine-Saint-Denis) de 1908 à 1909, maire adjoint de Bondy de 1925 à 1929.

Fils d’Antoine Giot, marchand chapelier, et d’Héloïse Gautrin, Émile Giot eut deux frères, Eugène et Hypolite.

Le 18 mars 1870, il assista à la réunion au cours de laquelle s’élabora le projet des statuts de la Fédération parisienne de l’Internationale, projet qui fut adopté le 19 avril. Avec Chouteau* et Delvincourt, Giot représentait la chambre syndicale des ouvriers peintres adhérente à l’Internationale. Il appartenait également au Cercle des Études sociales, autre section de l’Internationale.

Fin avril 1870, la police de l’Empire, qui préparait le plébiscite du 8 mai, arrêta les principaux dirigeants de l’Internationale sous la double inculpation de complot et de société secrète. Robin*, qui rédigea la protestation, et ses camarades du Conseil fédéral parisien, dont Giot faisait partie, s’élevèrent publiquement contre cette accusation et revendiquèrent pour l’Internationale le droit d’être la « conspiration permanente de tous les opprimés et de tous les exploités » (La Marseillaise, 2 mai 1870).

Inculpé dans le troisième procès de l’Internationale, Giot fut, le 8 juillet 1870, renvoyé de la prévention d’avoir appartenu à une société secrète, mais convaincu d’avoir, à Paris, fait partie de l’AIT non autorisée ; il fut condamné à deux mois de prison, 25 F d’amende, la durée de la contrainte par corps étant fixée à quatre mois. On ne trouve pas trace de Giot sous le Siège et pendant la Commune.

En 1873, il s’installa comme charcutier à Morlaix (Finistère). Deux ans plus tard, il revint à Paris où, toujours charcutier, il s’établit rue Gérando à Paris (Xe arr.). Vers 1889, il vint vivre à Ivry-sur-Seine (Seine, Val-de-Marne) où il était entrepreneur de peinture. Peu de temps après, il adhéra au Parti ouvrier français (POF) qui emportait la municipalité d’Ivry en 1896. Il fut délégué aux congrès du POF de 1894, 1897, 1898, 1899, 1900, 1901, 1902, ainsi qu’au congrès de Parti socialiste de France à Lille (1904). Émile Gautrin-Giot participa au congrès d’unité de Paris (avril 1905) où il représentait les groupes isolés. La Fédération socialiste SFIO de la Seine le délégua aux congrès nationaux de Chalon-sur-Saône (octobre 1905) et de Nancy (1907), et celle du Nord au congrès de Limoges (1906), Toulouse (1908), Saint-Étienne (1909), Nîmes (1910), et Saint-Quentin (1911).
Par la suite, Giot habita Draveil, et sa propriété fut voisine de celle de Lafargue Paul. Il était devenu charcutier, ce qui explique sa spécialité de « tuer le cochon » chez le gendre de Marx qu’il aidait également comme jardinier.

Jardinier, il fut élu conseiller municipal de Bondy, en mai 1908 (voir Isidore Pontchy*) mais démissionna le 30 novembre 1909. Devenu « rentier », il fut réélu le 7 décembre 1919 (6e sur 23) et le 3 mai 1925 (2e sur 27). Pontchy le prit comme premier adjoint de mai 1925 à mai 1929.

Il avait acquis une propriété à Bondy après avoir gagné un gros lot de la Loterie nationale. Cette propriété était pourvue d’un étang dans lequel Jules Guesde venait pêcher. Giot se fixa finalement dans un pavillon de Viroflay, non loin de celui de chez Gabriel Deville*. Il y vivait avec Mme Pouzier et fréquentait beaucoup son voisin, le camarade Trant*, retraité de l’Imprimerie nationale, qui fut candidat député socialiste en Seine-et-Oise. Giot fut secrétaire de la section de Viroflay du Parti SFIO.

On est assuré, d’après une série de lettres qu’il adressa à Lucien Roland* et qui s’échelonnent de 1928 à 1933, qu’il resta ferme sur ses positions guesdistes, malgré la neige des années. Il allait dans les manifestations à Paris et posait des « colles » aux candidats qui n’étaient pas du Parti socialiste dans les élections législatives. Toutefois, dans le Parti, il trouvait qu’il y avait « trop de m’as-tu-vu ». Il reprochait aussi au Parti de perdre son temps « à peloter les radicaux ».

Il mourut à Viroflay, et ses enfants, qui n’avaient pas ses idées, le firent enterrer à l’église.

Il y a identité avec Émile Gautrin-Giot et Hippolyte Giot.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article74933, notice GIOT Émile, dit aussi Hippolyte GIOT ou GAUTRIN-GIOT par Claude Pennetier, Justinien Raymond, version mise en ligne le 19 octobre 2009, dernière modification le 22 novembre 2022.

Par Claude Pennetier, Justinien Raymond

SOURCES : Arch. Dép. Seine, DM3 ; versement 10451/76/1 ; listes électorales et nominatives. — État civil de Tournan. — Arch. Com. Bondy. — O. Testut, L’Internationale, op. cit. — Troisième procès de l’AIT à Paris, op. cit. — J. Guillaume, L’Internationale, t. II, p. 31. — 12e Congrès du POF, p. 4. — 15e Congrès du POF, p. 25. — Souvenirs de Gabriel Deville et Lucien Roland. Fonds Dommanget (12 lettres de Giot et une Mme Pouzier). — Renseignements recueillis par Michèle Rault et Nathalie Viet-Depaule. — Comptes rendus des congrès socialistes nationaux. — Hubert-Rouger, Les Fédérations socialistes, III, op. cit., p. 188. — Arch. Com. Ivry-sur-Seine, Fonds Giot.

rebonds ?
Les rebonds proposent trois biographies choisies aléatoirement en fonction de similarités thématiques (dictionnaires), chronologiques (périodes), géographiques (département) et socioprofessionnelles.
Version imprimable