TRIGON Marcel

Par Paul Boulland

Né le 13 mai 1935 à Agimont (Belgique), mort le 20 juin 2012 au Kremlin-Bicêtre (Val-de-Marne) ; employé de banque ; militant communiste puis de la Convention pour une alternative progressiste, membre du comité central du PCF (1972-1993) ; maire d’Arcueil (Seine, Val-de-Marne) de 1964 à 1997, conseiller général du Val-de-Marne (1985-2004).

Marcel Trigon
Marcel Trigon
Coll. Arch. Mun. Arcueil, non coté, photographe anonyme. Tous droits réservés.

Son père, André Trigon, artisan taxi, avait adhéré au Parti communiste dans la clandestinité, en 1942. Sa mère, Germaine, fut femme de ménage puis ménagère, et appartint également au PCF. Son frère, Henri Trigon, opérateur psychotechnique à l’usine Renault de Billancourt fut également militant communiste, proposé au comité fédéral de Seine-Ouest en 1954, et délégué d’atelier CGT. Marcel Trigon était titulaire du BEPC et travailla comme employé à la Banque commerciale pour l’Europe du Nord. Il adhéra à l’UJRF en novembre 1949, à Paris (XVIIe arr.) où il résidait, puis au Parti communiste en décembre 1951 et dans les mois suivants à la CGT. Il suivit en 1953 une école fédérale de l’UJRF, dont il fut secrétaire pour le XVIIe. Il siégea au comité de la section communiste du XVIIe en 1953-1954 et fut, à la même époque, membre du bureau syndical dans son entreprise.

Elève de l’école centrale d’un mois du PCF en 1960, Marcel Trigon s’y distingua par ses « efforts de réflexion pour le développement de l’action unie » et par ses initiatives pour « vaincre les l’étroitesse, les réticences à l’union ». Etabli à Arcueil, dans la cité du Chaperon Vert, il participa au secrétariat de la section communiste, aux côtés de Gaston Doiselet, et fut élu au comité de la fédération Seine-Sud en 1961. L’année suivante, appelé par la direction du parti au secrétariat de Marius Sidobre, maire d’Arcueil, il prit également la tête de la section communiste et entra au bureau fédéral de Seine-Sud. Après le décès de Marius Sidobre, Gaston Doiselet refusa le poste de maire et Marcel Trigon fut préféré à Raymond Bayette, pour lui succéder. Il fut constamment réélu jusqu’en 1995.

Marcel Trigon continua de siéger au bureau fédéral de Seine-Sud puis du Val-de-Marne jusqu’en 1972, se chargeant au particulier du travail des élus au sein de la fédération. Au début de l’année 1972, à l’initiative de Marcel Rosette, il devint collaborateur de la commission municipale du PCF. Dans les mois suivant, il fut ramené au comité fédéral du Val-de-Marne et élu membre du comité central, comme suppléant, lors du XXe congrès du PCF (décembre 1972). Avec Marcel Rosette, il défendit dès 1974, la création d’une association des élus communistes, proposition concrétisée en 1977 avec l’ANECR, dont il fut membre du secrétariat national. Marcel Trigon collabora également avec Maxime Gremetz* à l’activité du PCF en direction des milieux chrétiens et à partir de septembre 1979, il assista Madeleine Vincent au secteur élections et collectivités locales.

Suppléant de Marie-Claude Vaillant-Couturier aux élections législatives, Marcel Trigon pensait lui succéder en 1973, mais il fut à nouveau suppléant de son successeur Georges Marchais. Plusieurs témpoins pensent qu’il en souffrit. Cependant, très proche du secrétaire général, il fut partisan de la distance critique adoptée par le PCF à l’égard de l’URSS dans les années 1970. En novembre 1977, il publia dans France-Nouvelle un article défendant cette orientation (« Comment concilier divergence et solidarité ? ») et contribua au dossier de la Nouvelle critique intitulé « l’URSS et nous ». Au même moment, il fit partie, avec Paul Laurent* et Jean Kanapa*, de la délégation française lors du soixantième anniversaire de la révolution russe, qui marqua l’apogée des tensions entre PCF et PCUS.

Malgré l’abandon de la démarche critique du parti à partir de 1979, Marcel Trigon resta présent au premier plan. Dans les années 1980, il s’investit notamment dans la lutte du PCF contre l’Apartheid en participant à la fondation, en 1984, de Rencontre nationale contre l’Apartheid, avec Jacqueline Derens, et en accueillant à Arcueil Dulcie September, représentante de l’ANC en France, assassinée à Paris en 1988. En mars 1985, il fit son entrée au conseil général du Val-de-Marne.

Marcel Trigon fut cependant affecté par la crise du PCF et notamment par les tensions croissantes entre Georges Marchais et Charles Fiterman. Lié personnellement aux deux dirigeants, il crut un temps pouvoir œuvrer à leur réconciliation. Après l’appel à une « refondation » du PCF lancé par Charles Fiterman en octobre 1989, il maintint provisoirement une position intermédiaire. Lors du comité central de février 1990, il refusa de condamner Fiterman mais dénonça tout autant les critiques de Marcel Rigout* et Claude Poperen* contre Marchais. Toutefois, en décembre, lors du XXVIIe Congrès, il présenta une contribution critique. Bien que réélu au comité central, il fut tenu à l’écart par le secrétaire général et accompagna dès lors le courant refondateur. En 1992, il s’opposa publiquement à la candidature de Georges Marchais aux élections législatives et posa la question de son retrait du secrétariat du parti, avant de démissionner du comité central en 1993. En 1997, il refusa d’assister aux obsèques de Georges Marchais.

À Arcueil, Marcel Trigon initia diverses formes de « démocratie participative ». Soutenu par la fédération PCF du Val-de-Marne aux élections municipales de 1995, il était toutefois critiqué pour sa « démarche citoyenne » ouvrant sa liste à des candidats issus du monde associatif ou syndical. Après son élection, il quitta le parti en février 1996 et rejoignit la Convention pour une alternative progressiste, fondée, entre autres, par Charles Fiterman et Marcel Rigout*, en 1994. En 1997, il laissa les fonctions de maire à Daniel Breuiller et fut nommé maire honoraire. Il continua de siéger au conseil général du Val-de-Marne où il fut réélu en 1998. Le Parti communiste ne présenta pas de candidat face à lui. En 2004, il ne se représenta pas et soutint la candidature de Daniel Breuiller qui fut élu.

Marcel Trigon avait épousé Paulette Bury, employée de banque qui fut elle aussi militante communiste. Il se remaria ensuite avec Anne-Marie Gilger, qui fut maire adjointe d’Arcueil et conseillère territoriale du grand Orly-Seine-Bièvre, décédée en octobre 2021.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article74983, notice TRIGON Marcel par Paul Boulland, version mise en ligne le 23 octobre 2009, dernière modification le 22 novembre 2022.

Par Paul Boulland

Marcel Trigon
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Coll. Arch. Mun. Arcueil, non coté, photographe anonyme. Tous droits réservés.

ŒUVRE : Retour aux sources. Lettres à mon fils, Paris, Le Temps des cerises, 1994.

SOURCES : Arch. du comité national du PCF. — Arch. de la fédération communiste du Val-de-Marne, Arch. départementale du Val-de-Marne. — L’Humanité. — Témoignages.

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