CHEF Louise, pseudonymes : Sophie Michel, Janine

Par Claude Coussement

Née le 16 octobre 1914 à Mailly-le-Camp (Aube), morte à Arlon, le 29 juin 2005 ; vendeuse de magasin ; militante communiste formée à Moscou par le département des liaisons du Komintern (OMS).

Louise Chef fut encouragée par son père à adhérer au Parti communiste en 1930, puis aux Jeunesses communistes et au Syndicat CGTU de l’alimentation en 1934. A Paris, elle fit partie de la cellule Maubert (Ve arrondissement) dont elle est trésorière, milite au Comité des femmes contre la guerre. Le responsable des cadres du PCF, Maurice Tréand la recruta en janvier 1936, pour suivre des cours organisé à Moscou par le département des liaisons (OMS). Elle apprit le morse durant six mois et suivit les cours de formation politique. Mais suite à la mort de l’agent de liaison René Bruder le 6 août 1937 dans un accident d’avion, il lui fut demandé de prolonger son séjour afin qu’elle se familiarise avec la construction et le dépannage des appareils de transmission. À la suite de cette perte, il fut décidé qu’elle revienne en bateau à Amsterdam, après être passée par la Finlande, la Suède et avoir embarqué à Mourmansk.

Une partie de la direction du PCF avec Jacques Duclos, Maurice Thorez et Émile Dutilleull se réfugia à Bruxelles, il fut décidé à l’arrivée fin octobre de Maurice Tréand, de doter la direction clandestine et Eugen Fried déjà présent depuis août, d’une équipe de radio-transmission pour entretenir les relations avec le Komintern à Moscou. Maurice Tréand l’envoya à Bruxelles dans la famille de Robert Ravet où elle se familiarisa avec des équipements construits par ce radio-technicien. L’équipement fonctionna fin décembre chez les époux Henri et Marie Erlich-Bocca, militants communistes à Ixelles (Bruxelles). L’équipe formée d’Angèle Sallerette, chiffreuse, et de Louise Chef, télégraphiste, assura les relations avec le Komintern à Moscou. Le poste fut démantelé par précaution le 10 mai 1940, jour de l’invasion de la Belgique, un tel poste pouvant faire soupçonner leurs détenteurs d’espionnage. Envoyées à Paris sur les pas de l’armée allemande, les deux femmes y arrivèrent le 10 juin. Elles reçoivent entre autres le 15 juillet, en trois parties, le long message définitif qui servit le 19 à la rédaction de l’appel « Au Peuple français » signé par Jacques Duclos et Maurice Thorez. À la suite de démêlés avec Maurice Tréand et contre l’avis de celui-ci, Eugen Fried fait revenir Louise Chef à Bruxelles où elle forma, fin janvier 1941 avec Robert Ravet la principale équipe de transmission. Elle fonctionna jusqu’au 17 août 1943, jour de l’arrestation du radio-technicien de réserve Claude Gaudier et jour de l’assassinat de Fried à Ixelles (Bruxelles) par la Sicherheitspolizei. Le 22 octobre 1943, un message adressé par Jacques Duclos à Andor Berei (instructeur du komintern auprès du PC belge) désigna Robert Ravet et Louise Chef comme étant à l’origine de la chute de Fried. Lavés de tous soupçons après la guerre, le couple se retira de la vie militante et se maria. Robert Ravet mourut en 1961, Louise Chef décéda discrètement à la Seigneurie de Ville en Pré, à Arlon, le 29 juin 2005.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article74985, notice CHEF Louise, pseudonymes : Sophie Michel, Janine par Claude Coussement, version mise en ligne le 23 octobre 2009, dernière modification le 3 décembre 2016.

Par Claude Coussement

SOURCES : Notice biographique RGASPI 495.270.455. — RGASPI : huit télégrammes échangés avec le Komintern citant Louise Chef (« Michel, » « Sophie ») et Robert Ravet (« le constructeur »). — Carcob : Papiers Lucette Bouffioux, dossier CCP de Robert Ravet. — Entretiens de l’auteur avec Louise Chef, Henri et Marie Erlich-Bocca, Angèle Sallerette, Madeleine Delnest ; Angèle Sallerette dans les notes inédites de Mounette Dutilleul (« la grande Louise ») ; courrier de Guy et Janine Ménard, ses neveux.

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