LUC Hélène [née DEL CUCINA Hélène]

Par Claude Pennetier

Née le 13 mars 1932 à Saint-Étienne (Loire) ; ouvrière du textile puis employée ; secrétaire générale de l’Union des jeunes filles de France ; conseillère générale du Val-de-Marne (1967-2004) ; sénatrice (1977-2007).

Hélène Luc avec Louis Luc
Hélène Luc avec Louis Luc
Louis Luc. Une pensée libre, op. cit.

Le père d’Hélène Del Cucina, communiste italien, immigra en France en 1925 pour fuir la répression fasciste : mineur au puits Courriot à Saint-Étienne (Loire), il participa à la Résistance dans le cadre de la MOI (Main-d’œuvre immigrée). La famille comptait sept filles, Hélène étant la cinquième. Les deux aînés participèrent à l’action clandestine. La jeune Hélène âgée de douze ans prit le risque d’accompagner une de ses sœurs dans une distribution clandestine de tracts en faisant le guet un soir. Sa sœur Yvonne perdit son petit ami, Michel Lauricella fusillé par les Allemands.

Bonne élève de l’école primaire jusqu’au certificat d’études primaires, elle entra ensuite au lycée Michelet, mais abandonna ses études à dix-sept ans pour aider sa famille, son père étant atteint par la silicose. La visite de la directrice à son domicile n’y fit rien. Elle regretta de ne pas être allée plus loin pour entrer dans l’enseignement, sa grande passion qu’elle vécut partiellement grâce à sa spécialisation dans la question de l’école, du lycée et de l’Université lors de ses mandats électoraux.

Elle travailla comme ouvrière tisseuse sur soie, puis suivit des cours de sténodactylo et fut quelque temps employée de bureau au Patriote de Saint-Étienne. Gagnée au communisme dès l’âge de quinze ans, elle demanda son adhésion au Parti communiste qui lui fut refusée en raison de son âge. Elle obtint la carte deux ans plus tard, en 1949. Orientée vers l’Union des jeunes filles de France (UJFF), elle occupa la fonction de secrétaire du foyer stéphanois de l’UJFF. Membre du bureau de la fédération communiste de la Loire en 1950, elle participa à un voyage en URSS, à Stalingrad et à Léningrad, hauts lieux de la résistance aux armées nazies. Renforcée dans ses convictions par ce séjour, membre du bureau fédéral communiste de la Loire en 1953, secrétaire départementale de l’UJFF, la direction nationale l’appela pour deux ans à Paris. Sa vie sentimentale et politique en décida autrement.

Mariée au journaliste parlementaire communiste Louis Luc le 9 avril 1955, à Saint-Étienne, le couple habita à Choisy-le-Roi (Seine, Val-de-Marne), ville dont Louis Luc devint le maire. Ils eurent deux enfants, en 1956 et 1961. Secrétaire générale de l’UJFF de 1954 à 1964, elle participa à la vie du Parti communiste au plus haut niveau : invitation permanente au comité central et parfois au bureau politique, ainsi en septembre 1959 pour le compte rendu du Festival de la jeunesse et en octobre 1959, avec Henri Martin, Gaston Viens et Philippe Robrieux, pour parler des problèmes de la jeunesse. Ses fonctions l’amenèrent à siéger à la FMJD (Fédération mondiale de la jeunesse démocratique) et à participer à un grand nombre de festivals de la jeunesse : Berlin, Bucarest, Helsinski, Vienne.

Déjà présente depuis 1958 au titre de l’UJFF, elle intégra le comité fédéral communiste de Seine-Sud en 1962 et resta ensuite à celui du Val-de-Marne. Ayant quitté ses responsabilités dans l’organisation de jeunesse, elle devint secrétaire de la section communiste de Choisy-le-Roi, fonction particulièrement délicate car le secrétaire général Georges Marchais était membre de cette section et présent aux assemblées. Elle intégra le bureau fédéral de Seine-Sud en 1964, s’occupa particulièrement des enseignants ; à ce titre, les événements de mai-juin 1968 constituèrent un grand moment de son activité.

Élue conseillère générale de Choisy-le-Roi en 1967, dès la création du Val-de-Marne, elle présida la commission de l’enseignement, de la jeunesse, du sport et de la culture puis fut, de 1996 à 2004, vice-présidente chargée des collèges et de l’Université. Conseillère générale jusqu’en 2004, date de son retrait volontaire, elle siégea également pendant trois ans au conseil régional d’Ile-de-France de 1974 à 1977. Son élection au Sénat le 25 septembre 1977 surprit : elle était troisième de liste derrière Marcel Rosette et Charles Lederman ; des voix socialistes se détournèrent de Pierre Tabanou à son profit et les trois communistes furent élus. Régulièrement réélue en septembre 1986, en septembre 1995, en septembre 2004, elle démissionna le 18 septembre 2007 pour laisser ce mandat à Odette Terrade. Pendant son séjour de trente ans, elle dynamisa le groupe communiste par sa fougue et son enthousiasme. Particulièrement présente dans les dossiers des affaires étrangères, elle siégea au bureau de la commission des Affaires étrangères et de la Défense à partir de 2002 et joua un grand rôle dans la reconnaissance du génocide arménien. Vice-présidente du groupe communiste au Sénat en 1978, le président étant Marcel Rosette , elle le présida de 1979 à 1995, puis assura la présidence du groupe communiste, républicain et citoyen (GRC) jusqu’en 2004. Elle s’occupa particulièrement de l’enseignement primaire, secondaire, supérieur, et du sport. Elle fit un rapport sur le dopage. Elle fut à l’origine de la loi sur les droits des enfants.

Depuis son départ du Sénat, Hélène Luc préside l’Association Franco-vietnamienne, à suivre la défense des victimes des essais nucléaires et siège au bureau du Musée de la résistance nationale de Champigny-sur-Marne.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article75008, notice LUC Hélène [née DEL CUCINA Hélène] par Claude Pennetier, version mise en ligne le 25 octobre 2009, dernière modification le 22 novembre 2022.

Par Claude Pennetier

Hélène Luc avec Louis Luc
Hélène Luc avec Louis Luc
Louis Luc. Une pensée libre, op. cit.

SOURCES : Arch. comité national du PCF. — Divers sites Internet. — Témoignages. — Notes de Paul Boulland. — Entretien avec Hélène Luc, 2009.

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