JEHENNE Georges, Marcel

Par Daniel Grason, Michèle Rault

Né le 25 août 1912 à Aubervilliers (Seine, Seine-Saint-Denis), fusillé comme otage le 11 août 1942 au Mont-Valérien, commune de Suresnes (Seine, Hauts-de-Seine) ; rectifieur ; domicilié à Ivry-sur-Seine (Seine, Val-de-Marne) ; militant communiste ; résistant FTPF.

Fils d’un menuisier, Georges Jehenne vécut à Ivry-sur-Seine à partir de 1913 et fréquenta l’école d’Ivry-Centre. Georges Jehenne épousa le 20 avril 1935 à Ivry-sur-Seine Marie-Louise Poquet, apprêteuse en chaussures, née à Ivry-sur- s’était marié. Il était père d’une fille née le 20 juin 1938. Embauché le 28 mai 1935 à la Société des Moteurs Gnome et Rhône (SMGR) comme rectifieur, il participa aux grèves dans cette usine en 1936. Il était domicilié 65 rue Denis Papin à Ivry puis 40, rue Parmentier dans une cité HBM. 
Mobilisé en septembre 1939, il fut « affecté spécial » à la SMGR. Il fut porté comme sorti de l’entreprise avec mention « Exode 30 juin 1940 ». Embauché à l’Usine Farman (rue Paul Bert à Billancourt), militant communiste clandestin, il distribua des tracts, colla des affichettes et avec ses camarades d’atelier de l’usine Farman présenta des cahiers de revendications. En septembre 1941, il quitta son domicile à la suite d’une perquisition par les Allemands et entra dans l’illégalité. Il participa le 1er mai 1942, sous les ordres du Capitaine Gautier, à la protection armée d’une manifestation organisée devant l’usine Gnome et Rhône. Il rencontra à plusieurs reprises René Guegan responsable régional, il ne le dénonça pas.
Il aurait contribué à plusieurs sabotages au sein de l’usine Farman. Le 11 juin 1942, au métro Maison Blanche (Paris 13e), il fut intercepté par la police qui avait découvert le rendez-vous sur un papier saisi sur un membre de son groupe qui venait d’être arrêté. Le 23 juin 1942, il fut arrêté par la police française et emprisonné à la prison de la Santé comme ses camarades Francs-tireurs et partisans français (FTPF). Avec eux, il fut remis à la Sipo-SD, dans le cadre de l’action « Stadion » sans avoir été traduit devant un tribunal militaire et fut désigné comme otage en représailles aux divers attentats qui provoquèrent trente et un morts allemands dans le même mois. Avec quarante-six otages dont René Guégan, de Villeneuve-Saint-Georges, son contact, il fut fusillé le 11 août 1942 au Mont-Valérien.
Son épouse Marie, témoigna en 1945 devant la commission rogatoire, elle déclara : « Mon mari a été arrêté le 23 juin 1942, par trois inspecteurs de Police, à un rendez-vous dans le XIIIe arrondissement. »
« Je n’étais pas au courant de l’arrestation de mon mari, quand trois inspecteurs se sont présentés à mon domicile pour y effectuer une perquisition, ils m’ont questionné pour savoir où était mon mari, alors qu’ils l’avaient arrêté la veille, au cours de cette visite domiciliaire, aucun objet n’a disparu, à part un paquet de tabac belge. »
« Par mon beau-frère, […] chez qui les inspecteurs ont également perquisitionné, j’ai appris l’arrestation de mon mari. »
« Depuis le jour de son arrestation, je n’ai eu aucune relation avec mon mari, je lui ai porté des colis au Dépôt mais je n’ai jamais pu le voir, ni correspondre avec lui. »
« Du dépôt, mon mari a été transféré à la Santé, où il est resté jusqu’au 11 août, date à laquelle il a été fusillé, comme otage. »
« J’ignore totalement s’il a été frappé pendant son séjour à la Brigade spéciale. »
Sur des photographies elle reconnaissait trois inspecteurs dont Gaston Barrachin qui effectuèrent la perquisition domiciliaire ainsi que chez son beau-frère dans le Xe arrondissement.
L’inspecteur principal adjoint Gaston Barrachin était entré à la Préfecture de police en 1928. Jean Marc-Berlière écrivit à son sujet : « Cet ancien garde républicain est un violent. Ses interrogatoires se terminent parfois tragiquement. Le groupe qu’il dirigeait fut l’un des plus actifs. Pourchassant inlassablement les « communo-terroristes », les interrogeant avec violence, il a commis de gros dégâts. Jugé en octobre 1945, Barrachin est condamné à mort et fusillé, non sans avoir tenté, aidé de sa fille, de se battre jusqu’au bout sur le terrain politique. » Il fabriqua dans sa cellule de Fresnes « à l’aide d’une imprimerie de fortune des faux documents pour compromettre des résistants. »
Georges Jehenne fut inhumé au cimetière Parisien de Saint-Ouen (38e division, n°40). La mention « Mort pour la France » lui fut accordée le 23 juillet 1945. Le 27 juillet 1945, le conseil municipal d’Ivry-sur-Seine attribua son nom à la rue Gosselin. Celui-ci figure sur le monument du Mont-Valérien, le monument aux morts d’Ivry-sur-Seine et au carré des fusillés du carré militaire du nouveau cimetière d’Ivry. Il a été homologué combattant des Forces françaises de l’intérieur (FFI).

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article75023, notice JEHENNE Georges, Marcel par Daniel Grason, Michèle Rault, version mise en ligne le 23 septembre 2020, dernière modification le 22 janvier 2021.

Par Daniel Grason, Michèle Rault

SOURCES : Arch. PPo. 77 W 5351-292132, KB 18. – Service Historique Défense Vincennes Bureau Résistance GR 16 P 309083. – Archives municipales Ivry-sur-Seine. – Archives Safran Aircraft Engines (communiqué par l’IHS CGT de la Snecma). – Jean-Marc Berlière avec Laurent Chabrun, Les policiers français sous l’occupation, Éd. Perrin, 2001, p. 146, 167, 171, 177. – Serge Klarsfeld, Le livre des otages, ÉFR, 979, p. 131 Georges Jehenne, p. 131, René Guégan, p. 144.

PHOTOGRAPHIE : du 24 juin 1942 Arch. PPo. GB 181.

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