DAVISSE Daniel [né HERZ Daniel]

Par Claude Pennetier

Né le 7 juillet 1938 à Hambourg (Allemagne), mort le 29 mars 2020 à Créteil (Val-de-Marne) dans le cadre de la crise sanitaire du coronavirus ; instituteur puis permanent ; secrétaire de la section communiste de Vitry (Seine, Val-de-Marne) ; collaborateur de Charles Fiterman et chef de cabinet au ministère des transports (ministère Charles Fiterman) ; secrétaire de la section communiste de Vitry-Plateau ; maire de Choisy-le-Roi (Val-de-Marne) de 1996 à 2014 ; conseiller général de 2004 à 2011.

Naître en Allemagne dans une famille juive en 1938, n’était pas vraiment un bon démarrage dans la vie. Les parents de Daniel Herz se replièrent sur le Luxembourg, puis furent internés au camp de Gurs (Ariège), puis au camp des Milles (Bouches-du-Rhône) et enfin déportés à Auschwitz d’où ils ne revinrent pas. La famille Weill le recueillit à Marseille, le cacha et le protégea ; il devint leur enfant et c’est tout naturellement qu’ils l’adoptèrent en 1959. Installés à Paris XVe arr., ils avaient pris le nom de Davisse qui fut donc officiellement le sien. Sa famille d’adoption était socialiste pivertiste (partisans de Marceau Pivert), mais un grand-père adoptif, communiste à partir de 1942, eut une influence déterminante sur sa vision de la société et de la politique.

Daniel Davisse fréquenta l’école de la rue Fondary (XVe arr.) puis le lycée Buffon où il adhéra aux Jeunesses communistes vers 1956. Le secrétaire du cercle, Philippe Robrieux, devint secrétaire de l’Union des étudiants communistes (UEC) et historien du communisme. Mais son militantisme, associé à un tempérament vif, le mirent dans l’obligation d’aller passer son bac, avec succès, à Fontainebleau. Il prépara le PCB (physique-chimie-biologie) et commença à enseigner comme instituteur en cours préparatoire dans une école du plateau d’Ivry-sur-Seine. Il effectua un stage de six mois de formation continue à l’École normale d’Auteuil deux ans plus tard.
Militant de l’UEC, membre du comité national, il y fit la connaissance d’Annick Dumont, sa future épouse.

Sursitaire, il effectua son service militaire de février 1962 à août 1963 mais, comme pupille de la Nation, il échappa à la guerre d’Algérie. Instituteur à Ivry-sur-Seine (Seine, Val-de-Marne) puis à Vitry-sur-Seine (groupe Eugénie Cotton), il fut plus un militant politique, comme secrétaire de la section Vitry-Plateau, que syndicaliste. Même si, en 1968, membre du secrétariat de la section départementale du SNI, dirigée par Jean-Pierre Drodelot*, il participa activement à l’organisation des grèves des enseignants. Il eut alors à s’opposer à Michel Landron, militant de l’École émancipée du courant lambertiste, avec qui il entretenait par ailleurs des relations courtoises. Il entra au comité fédéral communiste après 1968 et travailla, sous la direction de Yann Viens, à l’animation d’un collectif des enseignants communistes, avec Jean Collet et Alain Audoubert et Jean-Louis Bargero.

Dirigeant communiste de Vitry-sur-Seine avec Paul Mercieca en 1971-1972, il devint permanent, travaillant pendant deux ans comme secrétaire de Guy Poussy à la direction de la fédération, puis fut secrétaire de Charles Fiterman député du Val-de-Marne. Cette collaboration marquante, faite de sympathie mutuelle, se poursuivit comme chef de cabinet du ministre des Transports de 1981 à 1984, expérience étatique qui donna une dimension nouvelle à sa vision des rapports entre politique, économie et société.

Il continua ensuite à épauler Charles Fiterman, dont il partagea les analyses, suivit la section de Thiais et s’occupa plus particulièrement de Choisy-le-Roi, tout en soutenant les refondateurs. Il vint habiter à Choisy en 1994, dont il était conseiller municipal depuis 1983. Une convergence politique et humaine marquait ses rapports avec le maire Louis Luc ; il devint son premier adjoint en 1989 et lui succéda à son décès, en 1996.

Il entra au conseil général du Val-de-Marne en 2004 et en fut vice-président aux transports de 2004 à 2011. Le communiste Didier Guillaume fut élu conseiller général en 2011 puis, en avril 2014, lui succéda à la tête de la mairie de Choisy-le-Roi. Celle-ci passa à droite en 2019 et le nouveau maire, Tonino Panetta, se souvint lors de son décès des débats publics : « Se retrouver face à lui et son expérience n’était pas chose facile. Je garde cependant le souvenir d’échanges et de joutes de haut niveau, parfois rudes, tant il aimait le combat, cramponné à ses valeurs et avec une grande maîtrise de ses dossiers. » Il rendait « coups pour coups dans le respect mutuel ». Christian Favier, président du Conseil départemental, évoquait lui sa « sagesse », « son calme en toute circonstance », « cette capacité à prendre du recul, à écouter ses interlocuteurs avec cet œil malicieux mais toujours bienveillant ».

Daniel Davisse s’était marié en août 1961 à Paris (XVe arr.) avec Annick Dumont qui venait de sortir de l’École normale supérieure d’éducation physique et sportive (jeunes filles) de Châtenay-Malabry. Syndicaliste et communiste, elle fut membre de la commission sportive du PCF et militante de Choisy-le-Roi. Le couple eut deux enfants.

Personnage attachant, souriant, plein d’humour, tolérant, calme mais combattif, il suivait les travaux d’histoire sur les fusillés et sur la déportation et manifestait, avec son épouse, Annick Davisse, son intérêt pour le Maitron. Ils avaient contribué à la création des « Amis de la fondation pour la mémoire de la déportation » en Val-de-Marne et, à la suite de son ami Gaston Viens, il en présida la délégation départementale.

Sa fille, Françoise Davisse, est une documentariste renommée dans les domaines de l’histoire sociale. On lui doit notamment le film Histoires d’une nation (avec Carl Aderhold et Yann Coquart), 2018, plusieurs fois diffusé à la télévision.

Daniel Davisse est mort le 29 mars 2020 à Créteil (Val-de-Marne), dans le cadre de la crise sanitaire du coronavirus. Le 29 février, il avait participé à l’inauguration du nouveau Musée de la Résistance nationale à Champigny-sur-Marne.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article75109, notice DAVISSE Daniel [né HERZ Daniel] par Claude Pennetier, version mise en ligne le 1er novembre 2009, dernière modification le 5 mai 2022.

Par Claude Pennetier

Daniel Davisse
Daniel Davisse
Journée des associations en aide au Vietnam, 2012

SOURCES : Témoignage de Daniel Davisse, 2009. — Presse locale et nationale. — Le Parisien, 30 mars 2020. —Val-de-Marne, mai-juin 2020. — Renseignements communiqués par Annick Davisse.

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