Par Claude Pennetier
Né le 8 février 1920 Le Gouray (Côtes-du-Nord), mort le 31 août 1978 au Perreux (Val-de-Marne) ; agent des PTT ; militant syndicaliste CGT des PTT à Ivry-sur-Seine (Seine, Val-de-Marne) et à Paris ; secrétaire de la Fédération CGT des PTT.
Son père Émile Quéré, charron à Merdrignac (Côtes-du-Nord) et sa mère Victorine Oeillet se marièrent en novembre 1916. Le père ouvrit son atelier au Gouray après l’armistice du 11 novembre 1918. Reconnu invalide de guerre, il mourut de ses blessures le 1er novembre 1924.
Pupille de la Nation élevé dans un orphelinat à Saint-Brieuc, Émile Quéré obtint le brevet élémentaire et à la sortie de l’École normale d’instituteurs de Saint-Brieuc, ne parlant pas le breton et ne le comprenant pas, il renonça à son poste d’instituteur en pays bretonnant et s’engagea volontairement dans la Marine à Brest (Finistère) le 14 mai 1937. Son contrat fut résilié le 22 septembre 1937 à Cherbourg (Manche) pour raison de santé.
Il vint à Paris, chez un oncle, hôtelier près de la gare Saint-Lazare, et devint auxiliaire aux ateliers des PTT, boulevard Brune. À la déclaration de la guerre le 2 septembre 1939, il fut affecté spécial aux PTT, mais fut mobilisé le 9 juin 1940. Fait prisonnier le 20 juin 1940 à Quimper (Finistère), il s’évada le 19 juillet de la même année et rejoignit Paris où il travailla aux PTT.
Reçu au concours des agents des installations le 3 mars 1942, affecté à Troyes (Aube), Quéré rencontra des militants syndicalistes et des communistes engagés dans la Résistance, ce qui détermina son engagement volontaire dans l’armée de l’Air, pour une durée de trois ans à terme résiliable, le 27 septembre 1944. Affecté au D P du 2e RA, le 1er janvier 1945, son contrat fut résilié par décision du général de Brigade, commandant le 2e RA en date du 20 avril 1946. Renvoyé dans ses foyers le 9 mai 1946, il échappa à la guerre d’Indochine. Entre-temps, il s’était marié et avait eu deux enfants mais il vivait séparé de sa famille.
II revint en région parisienne et fut muté au Central téléphonique Italie à Ivry-sur-Seine. Adhérent actif à la CGT depuis septembre 1944, membre du Parti, communiste à partir de 1946, il fut sanctionné durant les grèves de 1947 et suspendu de ses fonctions du 7 novembre au 20 décembre 1947. Puis il fut muté au Central Provence boulevard Bonne nouvelle à Paris en mai 1954.
Il fut élu à la commission exécutive de la Fédération CGT des PTT en 1950puis au bureau fédéral en 1952 et au secrétariat (secrétaire des Télécommunications). Permanent de 1954 à 1976, il travailla, beaucoup et avec succès à mettre en place dans les PTT un statut d’ouvriers d’État reconnu et le statut des Télécoms. Le ministère des PTT refusant de reconnaître comme interlocuteur Georges Frischmann (révoqué depuis 1952), secrétaire de la Fédération postale, Émile Quéré conduisit, en juin 1968, une délégation à Grenelle (accords des PTT) avec Martial Redon, secrétaire général des agents.
De 1958 à 1974, ce fut la grande bataille des Télécommunications. En octobre-novembre 1974, il remplaça René Laurain, secrétaire général des PTT du Val-de-Marne décédé d’un infarctus le matin du démarrage de la grève qui dura quarante-cinq jours.
En 1975, il fonda un comité France-URSS à Nogent-sur-Marne, Le Perreux-sur-Marne et Bry-sur-Marne, II organisa des conférences, des voyages, des échanges.
À sa retraite en 1976, il écrivit pour la CGT trois petits ouvrages de propagande qui témoignaient de sa grande connaissance des dossiers
économiques : « La crise du téléphone », « Quel avenir pour les télécommunications », « La Poste, malade de sa politique du profit ». trois études des causes de la crise du service public dans les PTT et plus particulièrement aux télécommunications.
Il s’était remarié en 1958 avec Madeleine Gatinel, fille d’un boulanger communiste de Montignac-sur-Vézère (Dordogne) (Jean Gatinel, né le 22 mai 1904 à Montignac, mort le 3 octobre 1985 à Montignac). Celle-ci avait adhéré à la CGT en entrant aux PTT à Périgueux (Dordogne) le 21 juillet 1949. Entourée de militants issus de la Résistance, elle milita aussitôt pour améliorer la condition des jeunes. Sa rencontre avec Emile Quéré avait eu lieu au conseil national de la CGT des PTT, après les grandes grèves d’août 1953. En mai 1954, elle fut mutée aux Chèques postaux de Paris puis dans divers bureaux de poste. En 1964, nommée au Perreux-sur-Marne où le couple Quéré habita, elle fut élue (puis réélue) à direction de la CGT-PTT du Val-de-Marne qui venait d’être créée. Militante de la CGT, elle occupa la présidence de la Mutuelle des PTT du Val-de-Marne de 1972 à 1990.
Après le décès de son mari, Madeleine Quéré continua l’activité du Comité France-URSS jusqu’en 1985. Entre-temps, elle fonda une association pour le souvenir du Camp du Sablou, de Fanlac en Dordogne. Ce camp d’internement surveillé avait été ouvert du 17 janvier au 31 décembre 1940 au château du Sablou, pour trois cent vingt communistes et syndicalistes ; la plupart seront déportés en Afrique du Nord. Son père Jean Gatinel avait créé avec quelques militants non mobilisés des réseaux de solidarité aux familles des internés, et de résistance au gouvernement de Vichy. Ces réseaux fourniront avec les paysans, le blé, la farine et le pain durant toute la guerre pour les clandestins et les maquis de la forêt Barade autour de Sarlat (Dordogne). Une stèle marquant l’emplacement du camp, en rappelle le souvenir depuis le 50e anniversaire (22 avril 1990).
Cet engagement amena Madeleine Quéré à prendre des responsabilités dans l’Association des résistants internés, déportés, emprisonnés politiques en Afrique du Nord dirigée par André Moine et Charles Dupuy. Celle-ci fut affiliée à l’ARAC du Val-de-Marne dont elle assura la présidence depuis 1995.
Émile et Madeleine ont eu une fille, Catherine, née en 1961.
Par Claude Pennetier
ŒUVRE : La Crise du téléphone. Ses causes, les solutions, Fédération CGT des communications, 1975, 174 p. — Quel avenir pour les télécommunications ? préface de Georges Frischmann, Études et documentations économiques, CGT, 1978, 83 p. — La poste malade de la politique du profit, préface de Georges Frischmann, Études et documentations économiques, 1979, 80 p.
SOURCES : Arch. comité national du PCF. — Arch. IHS CGT des PTT. - Questionnaire de l’Institut CGT d’histoire sociale rempli par Madeleine Quéré, 1997. — La Bataille des techniciens des PTT 1969-1978, IHS-CGT FASP, 2007. — Notes de Madeleine Quéré et conversations téléphoniques avec elle, 1998, 2009.