VASSAIL Michel

Par Miquèl Ruquet

Né le 3 décembre 1865 à Vinça (Pyrénées-Orientales), mort sûrement à Perpignan (Pyrénées-Orientales) à une date inconnue, anarcho-syndicaliste et antimilitariste.

Ses parents, Michel Vassail et Anna Sobraquès étaient agriculteurs. D’abord typographe, il fut ensuite marchand de journaux, « publiciste », c’est-à-dire journaliste, journalier et enfin maçon. Même s’il effectua des périodes militaires du 1er au 29 février 1888 au 160e régiment d’infanterie, du 30 septembre au 27 octobre 1895 au 12e RI et du 14 au 27 octobre 1901 au 126e RTI, il fut un des premiers antimilitaristes de Perpignan. La première affiche de l’Association Internationale Antimilitariste (AIA) apposée dans la ville l’avait été sur son kiosque en 1905. Cette affiche était selon le commissaire « une provocation au meurtre et à la désobéissance civile ». Il était le secrétaire de la section antimilitariste de Perpignan jusqu’à son départ pour Marseille le 6 mars 1906. Il fut remplacé à son poste, ce qui est à remarquer, par une femme, Françoise Marie Lambert dite Castany. À Marseille, il continua son action, puisque la police le signala participant à un meeting antimilitariste le 3 octobre 1907 en compagnie de deux militants des Pyrénées-Orientales. À cette date, il revint à Perpignan et apparut dans un rapport comme anarchiste se livrant à la propagande antimilitariste. En avril 1909, avec Boniface Escudier*, maire socialiste de Canohès, dirigeant du syndicat des ouvriers agricoles et le maçon François Doutres, il relança Germinal, la section antimilitariste de Perpignan. Il chercha à fédérer les anarchistes et la gauche du parti socialiste dans une organisation commune. Mais lui-même était contesté par les anarchistes illégalistes ou individualistes, partisans de la « propagande par le fait », des attentats. À la réunion du 7 août, Vassail démissionna de son poste de secrétaire de la section, remplacé par François Doutres, son « alter-ego » selon la police. Le 25 octobre 1909, il était redevenu secrétaire et F. Doutres n’était plus que secrétaire adjoint, B. Escudier ayant toujours le poste de trésorier. Dès le mois de mai 1909, il était inscrit au carnet B avec cinq autres militants des Pyrénées-Orientales. Son inscription sur ce fameux carnet signifie qu’il devait être arrêté dès l’annonce de la mobilisation en cas de guerre. En mars 1914, il était toujours sur la liste avec Boniface Escudier : « [ils] sont toujours dangereux et doivent être maintenus au dit carnet. » Il continue de lutter contre le militarisme à l’intérieur du syndicat des maçons et à la Bourse du Travail. Au 2e congrès départemental des syndicats de la CGT du 1er au 2 novembre 1910, il présenta un rapport très documenté précisant les arguments qui militent en faveur de l’antimilitarisme. Il préconisa des mesures immédiates comme l’éducation de la femme, l’éducation des enfants par les femmes et l’éducation des hommes par le syndicat. À ce même congrès, il demanda avec Plit du syndicat des boulangers la suppression des armées permanentes. La proposition fut approuvée par 22 voix contre 2 et 2 abstentions. En mai 1911, M. Vassail était toujours secrétaire du syndicat des maçons des P.O. À la mobilisation, comme les autres militants inscrits sur le carnet B, il ne fut pas inquiété. Il n’est pas mobilisé, appartenant à une classe trop âgée. Il fit l’objet d’une surveillance très étroite de la part de la police, ainsi que tous les anarchistes. Rien de défavorable n’était noté et il semble bien qu’il n’ait jamais établi de liens avec les anarchistes de Paris ou avec les insoumis de Figueres, Étienne Alart et Michel Vidalou, qui correspondaient avec François Doutres. Par peur ou trop âgé, il cessa de militer et en 1926, il fut rayé du carnet B. Aucun document ne mentionne la date et le lieu de son décès.
Il était marié et père de sept enfants,

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article75188, notice VASSAIL Michel par Miquèl Ruquet, version mise en ligne le 19 novembre 2009, dernière modification le 13 juillet 2021.

Par Miquèl Ruquet

SOURCES : Archives départementales des Pyrénées-Orientales, 5Mi, 729 : registre des naissances d’Ille-sur-Têt (année 1865). —ADPO 1 R 377 : registre matricule de la classe 1885, matricule n° 1082 ; 1 M 588 : rapport du commissariat spécial de Perpignan au préfet du 15 octobre 1907 ; 1 M 588 : rapport du commissaire central au préfet le 2 septembre 1905 ; 1 M 588 : courrier du préfet au commissaire spécial le 10 octobre 1907 ; 1 M 588 : rapport du commissariat spécial de Perpignan : État nominatif des individus résidant dans l’arrondissement de Perpignan, signalés comme se livrant à la propagande antimilitariste le 17 octobre 1907 ; 1 M 588 : iconographie, rapport sur la section Germinal ; 1 M 784 : rapport du commissaire central au préfet le 24 décembre 1926 (Secret). —ADPO 1 M 782 : rapport du commissaire central au préfet le 25 juin 1909 ; rapport du commissaire central de Perpignan au préfet le 11 septembre 1915 ; 2 R 227 : rapport du commissariat central de Perpignan au préfet le 22 septembre 1909 ; 2 R 227 : rapport du commissariat central de Perpignan au préfet le 25 octobre 1909. Bureau définitif de l’AIA, section perpignanaise ; 1 M 784 : rapport du commissaire central de la ville de Perpignan au préfet le 5 mars 1914. —La Voix de Peuple, 8 janvier 1911. — La Bataille socialiste (Perpignan), n° 51 du samedi 5 novembre 1910. — La Bataille Syndicaliste, 24 mai 1911. — Le Midi rouge, 13, Montpellier, 2009, pp. 3-4, notice par Miquèl Ruquet.

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