ROSMER Marguerite [née THÉVENET Marguerite, épouse GRIOT Marguerite, dite]

Par Colette Chambelland, Christian Gras

Née le 5 août 1879 à Paris (Ve arr.), morte le 20 janvier 1962 à l’hôpital Boucicaut (Paris, XVe arr.) ; employée ; communiste antistalinienne ; compagne d’Alfred Rosmer dont elle partagea l’itinéraire syndical et politique.

Marguerite Thévenet et Alfred Rosmer.
Marguerite Thévenet et Alfred Rosmer.

Marguerite Thévenet ne connut pas sa mère qui avait quitté très tôt le domicile conjugal. Elle fut élevée par son père et par sa tante, rue Patay dans le XIIIe arr. Son père, employé à la Compagnie de chemins de fer du Paris-Orléans, exerçait, bénévolement, les fonctions d’administrateur du bureau de bienfaisance du XIIIe arr. ; ce qui impliquait la reconnaissance d’une certaine notabilité. Marguerite Thévenet fréquenta l’école communale de la rue Patay, puis le cours complémentaire de la rue Buffon. Elle travaillait sérieusement le piano, envisageant même de se présenter au Conservatoire.

Elle entra comme employée à la Compagnie du Paris-Orléans, attirée par la possibilité de voyager gratuitement. Son goût des voyages, sa curiosité de voir d’autres gens et d’autres lieux, lui faisaient souvent passer deux nuits dans le train pour visiter le dimanche les villes du réseau, les plus éloignées de Paris.

Marguerite Thévenet avait un tempérament joyeux, sociable et des dons d’organisatrice. Mais elle passa vite de réunions musicales à des réunions plus politiques où s’élaboraient de menues protestations. La Compagnie accepta, avec plaisir, sa démission. Marguerite trouva du travail dans une œuvre protestante qui s’occupait de colonies de vacances et dirigea une colonie d’enfants (La Maison Bleue) à Périgny, dans la proche banlieue parisienne. La mort de son père, en 1910, lui laissa une petite aisance (la succession s’élevait à 59 588 F).

Elle connaissait Amédée Dunois et quand sa femme et lui cherchèrent une couturière pour venir travailler à domicile, elle leur présenta la jeune sœur d’une amie d’enfance, Léontine Valette qui fit, chez Dunois, la connaissance de Pierre Monatte. Marguerite fut le témoin de Léo à son mariage avec Monatte en 1909. Mais elle ne rencontra jamais Rosmer à ce moment.

À la déclaration de guerre, Marguerite Thévenet se rangea d’emblée aux côtés des pacifistes. En décembre 1914, elle écrivit à Monatte une lettre chaleureuse pour approuver sa démission du Comité confédéral de la CGT. Elle profitait des voyages en Suisse où elle convoyait des enfants des régions occupées, pour prendre contact avec les pacifistes. Grimm lui confiait des brochures pacifistes qui passaient dans les bagages des enfants. C’est, par elle, qu’arrivèrent les premiers exemplaires d’Au-dessus de la mêlée. Elle ne fit la connaissance de Romain Rolland* qu’en mars 1916 et aucun courant de sympathie ne s’établit. Elle faisait partie du groupe des femmes de la rue Fondary, groupe pacifiste, avec Jeanne Alexandre, Madeleine Rolland*, Marguerite de Saint Prix*. Elle emportait à chacun de ses voyages en Suisse, les premières brochures pacifistes françaises. En mars 1916, Grimm lui demanda de battre le rappel des partisans français de Zimmerwald. À la fin d’une réunion, elle se présenta à Alfred Rosmer. Ils ne devaient plus se quitter (ils se marièrent pour des commodités administratives en 1932) et leur militantisme fut commun.

En 1919, elle était membre du Comité international des femmes pour la Paix permanente, où elle côtoyait notamment Jeanne Alexandre et Marthe Bigot.

Adhérente du Parti communiste, Marguerite Rosmer continua à faire passer clandestinement brochures et militants. Elle avait le sens et le goût d’un certain type d’action : apporter un soutien matériel et moral aux femmes et aux enfants de militants. En 1922, elle partit pour la Russie avec un train du Secours ouvrier international, pour distribuer des vivres, travaillant aussi avec l’American relief association pour lutter contre la famine. Elle accueillait à Périgny, à la « grange » les femmes et les enfants de militants en difficulté. On venait facilement la voir pour être aidé à trouver un logement, un travail. Elle n’hésitait pas, de son côté, à solliciter ses amis plus favorisés pour apporter cette aide.

Elle avait le sens de l’organisation et des contacts, déchargeait Alfred Rosmer de tous les problèmes matériels : organisation des voyages, installation des logis. Elle acceptait les travaux les plus divers : elle enseigna à l’école Pigier, donna des leçons particulières, devint visiteuse médicale.

Il n’y eut jamais de divergence entre les Rosmer et leurs activités militantes furent communes (voir notice d’Alfred Rosmer).

Elle fut incinérée au cimetière du Père-Lachaise.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article75206, notice ROSMER Marguerite [née THÉVENET Marguerite, épouse GRIOT Marguerite, dite] par Colette Chambelland, Christian Gras, version mise en ligne le 28 novembre 2009, dernière modification le 21 janvier 2022.

Par Colette Chambelland, Christian Gras

Marguerite Thévenet et Alfred Rosmer.
Marguerite Thévenet et Alfred Rosmer.

SOURCES : La Vie Ouvrière, 5 novembre, 3 et 17 décembre 1920 [articles de Marguerite Rosmer]. — l’Humanité, 29 octobre, 4 décembre 1921, 8 mars, 15 mai, 11 et 15 juin, 16 juillet 1922 [articles sur la mère et l’Enfant, la Russie affamée]. — La Révolution prolétarienne, n° 469 et 470, février et mars 1962. — Correspondance Rosmer-Trotsky, Gallimard, 1982. — Julien Chuzeville, Un court moment révolutionnaire, la création du Parti communiste en France, Libertalia, 2017. — Voir notice Alfred Rosmer.

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