GUYOT Marcel, Gilbert

Par Georges Rougeron. Eric Panthou

Né le 28 août 1903 à Moulins (Allier), mort le 28 janvier 1968 à Moulins ; ouvrier galochier puis dans l’alimentation ; militant communiste ; conseiller de la République (1946-1948) puis député (1962-1968) de l’Allier.

Marcel Guyot dans les années 1940
Marcel Guyot dans les années 1940
Sénat

Né à Moulins d’une famille modeste, son père était galochier et sa mère repsasseuse, Marcel Guyot dut travailler jeune pour gagner sa vie et il fut ouvrier galochier après la Première Guerre mondiale. Dans le même temps (1921), il donna son adhésion au Parti communiste où il se révélait un militant de qualité. Le dossier de la commission des cadres donnait comme date d’adhésion 1925. En 1926, il intervint au congrès du Parti communiste tenu à Lille. Membre du comité départemental du Secours rouge international, Marcel Guyot, bûcheron depuis 1927, militait aussi au plan syndical et, en 1931, il appartenait à la direction de l’Union locale unitaire de Moulins.

En 1932, il accéda au secrétariat du rayon de Moulins puis fut présenté dans la circonscription de Moulins-est lors du renouvellement législatif du 1er mai qui apporta 851 suffrages à sa candidature contre 5 590 à René Boudet, député sortant (SFIO), 4 566 à Baudron, entrepreneur de travaux publics, conseiller général-maire d’Yzeure (radical socialiste), 546 à Rochard, boucher (socialiste indépendant) et 104 à un candidat fantaisiste, sur 14 515 inscrits et 11 895 votants.
Guyot devient secrétaire régional de la Région Auvergne -Allier du Parti en 1933, remplaçant Brunstein, du Puy-de-Dôme. Au gré des réorganisations géographiques du Parti, il est en 1934, secrétaire régional de la Région Centre, qui comprend la Nièvre et l’Allier. Puis la même année, les départements de l’Allier, du Puy-de-Dôme et du Cantal sont réunis jusqu’à août 1935. Puis Guyot reprend la tête d’une fédération regroupant exclusivement l’Allier. Il est confronté à plusieurs problèmes. L’éloignement des principales grandes villes que sont Montluçon, Moulins et dans une moindre esure Vichy, la volonté du Rayon de Gannat au sud, d’être rattaché à Riom et au Puy-de-Dôme, les conflits de personne à Montluçon, et un journal, L’Alerte, qui ne concerne qu’une partie du département.
En juillet 1936, Allard, du Comité Central, écrit à propos de Guyot : "Le camarade Guyot est un dirigeant capable, ferme et qui jouit d’une grande autorité dans tous les rayons. Mais je l’ai trouvé un peu découragé par le manque d’appui des camarades dirigeants des rayons qui ont pris une fâcheuse habitude de traiter directement avec le Centre sans passer par la région. Sans doute, il n’est pas assez énergique mais la cause est surtout du fait que dans le Comité Régional il est entouré de camarades trop faibles politiquement et par contre à la tête des rayons il y a des beaux parleurs et souvent, heureusement très capables, comme à Montluçon". Il est confronté aux oppositions de Marcel Gire, à Gannat, plus tard rallié à Pétain, et aux tensions avec Aucouturier à Montluçon, qui ne reprit pas sa carte en 1936 tout en se déclarant encore communiste.

Le temps de l’unité d’action étant venu, c’est Marcel Guyot qui signa avec la section socialiste de Moulins l’accord réalisé le 30 juillet 1934.
Et, le 26 avril 1936, candidat cette fois dans Moulins-ouest, il groupa 4 117 voix contre 7 171 à Camille Planche, député sortant (SFIO), et 3 340 au docteur Desfosses, maire de Bagneux (républicain indépendant) sur 14 724 inscrits et 12 471 votants ; conformément aux accords du Rassemblement populaire, il se désista en faveur du candidat socialiste.
On apprécie aussi le rôle qu’a pu jouer Guyot pour faire cesser les grèves de juin 1936 à Moulins. "“A Moulins, il avait toute de même tendance à s’installer dans la grève et l’on doit à la fermeté politique de Guyot si ces tendances ont été refoulés à l’arrière plan.”

Au début de la Seconde Guerre mondiale, d’abord mobilisé à Roanne, il fut ensuite conduit dans un camp d’internement en 1940. Il parvint à s’évader avec douze de ses camardes du Fort de Vencia près de Lyon en novembre 1942. L’avis de recherche rédigé par la Sureté générale lui attribuait le pseudonyme de Roger Dessert. Il rejoignit le maquis FTP de la forêt de Tronçais, Camp du 14 juillet, puis fut au nombre des organisateurs des FTPF dans le Midi puis à Lyon. Les Allemands le condamnèrent à mort par contumace. Arrêté par la Gestapo au cours d’une rafle, il fut déporté en Allemagne d’où il revint en juin 1945.

Lors des élections à la 1re Constituante, inscrit troisième sur la liste du Parti communiste français, il recueillit avec ses camarades 68 778 voix sur 248 620 inscrits et 190 679 votants, le 21 octobre 1945. Moins de huit mois plus tard, cette fois cinquième de liste pour la 2e Constituante, 66 996 sur 246 448 inscrits et 192 357 votants.
Marcel Guyot se trouva encore cinquième pour l’élection du 10 novembre 1946 à l’Assemblée nationale, qui donna 64 005 suffrages au PCF sur 247 492 inscrits et 176 411 votants.

Le 8 décembre eut lieu le scrutin pour la seconde des Assemblées nouvellement créées : le Conseil de la République. Le département de l’Allier y disposait d’un seul siège, pour lequel Guyot obtint 338 bulletins contre 343 à Southon, professeur à Montluçon (SFIO) élu, 118 au docteur Reymond, adjoint au maire de Vichy (MRP), 74 à M. Villate (radical socialiste), ancien maire de Treignat, sur 874 inscrits et votants. Mais le vote à la proportionnelle avec utilisation des plus forts restes le fit proclamer élu sur le plan interdépartemental. C’était la première fois que pénétrait au Luxembourg un travailleur manuel bourbonnais.

Le renouvellement du 7 novembre 1948, pourvu d’un mode électoral différent, le mit en échec avec 286 suffrages au premier tour, 287 au second contre 449 et 539 à Fernand Auberger, instituteur, conseiller général-maire de Bellerive-sur-Allier (SFIO), élu ; 138 à 101 au docteur Nigay, conseiller municipal à Vichy (RGR) ; 123 et 103 à M. Maurice, agriculteur et maire à Lurcy-Lévy (RPF), sur 1 024 inscrits et 1 021-1 022 votants.

Marcel Guyot se remit tout simplement à l’ouvrage, travaillant dans diverses usines à Moulins et à Cusset. Il était membre du bureau fédéral du Parti communiste jusqu’en 1964, membre du secrétariat de section de Moulins et conseiller municipal de Moulins (1947-1950 puis 1953-1959). Il fut permanent du parti dans la Seine. De retour au pays, il rentra comme manœuvre saisonnier aux Brasseries de la Meuse et au conseil municipal en 1953 pour conserver ce dernier mandat jusqu’en 1959.

Sa candidature législative réapparut, dans la 1re circonscription de l’Allier, à l’automne 1962. Il groupa 9 192 voix contre 8 062 au docteur Maridet, député sortant (UNR) ; 7 203 à P. Pligot, industriel et maire de Moulins (républicain indépendant) ; 5 292 à M. Marjolin, vice-président de la Communauté économique européenne (SFIO) ; 1 937 à M. Ferrières, boulanger et maire de Dompierre ; 1 436 à M. Boyer, négociant et conseiller général à Moulins (MRP) sur 55 761 inscrits et 33 991 votants, le 18 novembre. Une semaine plus tard, il l’emporta avec 14 700 contre 12 831 à M. Maridet, 9 623 à M. Pligot, toute la gauche ayant voté pour lui.

Avec les élections du 5 mars 1967, Marcel Guyot connut une grande victoire : 13 424 suffrages contre 11 534 au docteur Maridet, 10 215 à M. Jean Cluzel (Progrès démocratique et économique), 6 438 à Pierre Lavau (Fédération de la Gauche démocrate et socialiste) sur 55 505 inscrits et 42 967 votants. Au second tour, Marcel Guyot se vit réélire par 20 867 voix entre 19 530 à M. Maridet. Il appartint à la commission de la production et des échanges.

Il s’était marié en septembre 1951 à Paris (XVIIIe arr.) avec Maria Ramillon.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article75231, notice GUYOT Marcel, Gilbert par Georges Rougeron. Eric Panthou, version mise en ligne le 30 novembre 2009, dernière modification le 14 février 2018.

Par Georges Rougeron. Eric Panthou

Marcel Guyot dans les années 1940
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Sénat
Marcel Guyot dans les années 1960
Marcel Guyot dans les années 1960
Assemblée nationale, Notices et portraits, 1962

SOURCES : RGASPI, 495 270 3109, autobiographie de 1938. — Arch. Dép. Oise, 1 232 W 260.— La voix du Peuple pour l’Allier 1935-1936 (M. Guyot en était le responsable) et septembre 1937. — L’Émancipateur, 1928-1935. — Le Monde, 30 janvier 1968.—Note de Jean-Pierre Besse et de Claude Pennetier.— Etat civil.- RGASPI : Fonds de la direction du Parti Communiste Français :1933 : Région d’Auvergne, réunion du 17 décembre 1933. RGASPI : Fonds de la direction du Parti Communiste Français :1934. Rapport sur le Comité régional élargi du 7 juin. Bourges. Signé Maizières. RGASPI : Fonds de la direction du Parti Communiste Français :1936 : cote 517_1_1815. Délégation au Comité régional de l’Allier, 5 juillet 1936. Délégué : Allard.

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