INSEL Jacob dit Jacques, alias Serge Marmor, alias Jean Unserki

Par Jean-Pierre Besse

Né le 2 mars 1909 à Drohobyez (Pologne), mort le 19 août 1944 à Montélimar (Drôme) [officiellement, en fait à Pierrelatte (Drôme)] ; membre du triangle de l’interrégion FTP-MOI du Sud-Ouest .

Montélimar (Drôme), gare SNCF. Plaque commémorative des passagers du "train fantôme tués à Pierrelatte (Drôme) le 19 août 1944.

D’origine juive, Jacob Insel arriva en France en 1936 après un passage par la Palestine d’où il fut expulsé pour avoir participé à la lutte anticolonialiste contre les Britanniques. Il gagna ensuite l’Espagne pour rejoindre les Brigades internationales. La défaite des Républicains espagnols le ramena en France où il fut interné au camp de Saint-Cyprien (Pyrénées-Orientales) puis à celui du Vernet-d’Ariège (Ariège).

En 1941, il s’évada et rejoignit les FTP-MOI. En juillet 1942, il fonda avec Mendel (Marcel) Langer la 35é Compagnie FTP-MOI dont le centre se trouvait à Toulouse mais qui avait des groupes dans les départements voisins.

En 1943, il était avec Marcel Langer (commissaire aux effectifs) et Jean Gherard (commissaire politique) l’un des trois membres du triangle de direction de l’interrégion FTP-MOI ; Il était commissaire technique. Jacob Insel habitait 35 rue d’Embarthe à Toulouse.

Le 3 mars 1943 avec Wasschpresse* (Robert), il déposa un engin explosif devant l’hôtel restaurant l’Ours blanc à Toulouse dans lequel était installé des services de l’armée allemande, attentat qui causa des dégâts importants. Il participa aussi à l’attaque de nombreux garages.

Il fut arrêté le 12 novembre 1943 puis transféré à la prison de Saint- Michel. David Diamant donne une date différente pour son arrestation le 10 décembre 1943 alors qu’il allait débarrasser la maison d’un camarade arrêté des objets compromettants. Il écrit qu’il fut arrêté sous le nom de Jean Unserki.

Remis aux autorités allemandes, il fut déporté le 3 juillet 1944 dans le convoi surnommé "le train fantôme". Parti de Toulouse ce convoi fut bloqué à Angoulême avant de revenir à Bordeaux d’y rester près d’un mois et de repartir le 9 août pour Toulouse pour contourner par le sud le Massif Central puis rejoindre Pierrelatte. Ce train subit plusieurs mitraillages alliés, qualifiés de "bombardements" dans les documents du SHD. Ce fut à la suite de l’un de ces mitraillages que Jacob Insel fut mortellement atteint à Pierrelatte. Une incertitude demeure car, dans la confusion générée par le mitraillage, des prisonniers tentèrent une évasion. Il aurait donc pu, tout aussi bien être tué par un membre de l’escorte allemande. Son corps fut descendu sans vie, avec cinq autres, parfois gravement blessés et mourants, en gare de Montélimar. Son décès fut enregistré à l’état civil de Montélimar qui indique que les victimes du "train fantôme" furent exécutées par les Allemands, alors qu’ils s’évadaient, mettent à profit le mitraillage aérien.

Son camarade Sewek Michalak* qui se trouvait dans le même convoi réussit à s’évader à Montigny-le-Roi le 24 août 1944. Un autre combattants de la 35e FTP-MOI de Toulouse, passager du "train fantôme", François Lafforgue, périt dans les mêmes circonstances.

Il fut inhumé à Toulouse à l’ossuaire national de la crypte de Salonique, tombe n° 1046. Reconnu "tué à l’ennemi", il reçut la mention "Mort pour la France".

Commandant FTP, Jacob Insel fut homologué capitaine FFI en mars 1947.
Sa femme, Féla, habitait en 1962 Paris XVIIIe arr.

Une rue de Toulouse porte son nom. Une plaque commémorative a été apposée sur la façade de l’immeuble où il habitait, 35, rue d’Embarthe. Son nom figure sur la plaque commémorative scellée en gare de Montélimar, célébrant les victimes du train fantôme tuées le 19 août 1944.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article75260, notice INSEL Jacob dit Jacques, alias Serge Marmor, alias Jean Unserki par Jean-Pierre Besse, version mise en ligne le 7 décembre 2009, dernière modification le 22 novembre 2021.

Par Jean-Pierre Besse

Plaque 35 rue d’Embarthe
Montélimar (Drôme), gare SNCF. Plaque commémorative des passagers du "train fantôme tués à Pierrelatte (Drôme) le 19 août 1944.

SOURCES : SGA-DIMI, Bureau Résistance, dossier 16P 301 779.— AVCC, Caen.— La Fondation pour la Mémoire de la Déportation, Le Livre mémorial...op.cit.— Michel Goubet, Paul Debauges, Histoire de la Résistance en Haute-Garonne, Milan, 1992.— David Diamant, Les juifs dans la Résistance française 1940-1944, Le Pavillon Roger Maria Editeur, 1971.— La Dépêche du Midi, août 2007. — Site MemorialGenWeb, consulté le 20 novembre 2021 par André Balent. — Notes d’André Balent.

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