Né le 14 juin 1842 à Cwmavon, Glamorganshire ; mort le 14 mai 1922 à Pentre, Mid. Glamorganshire ; dirigeant syndicaliste, député.
Quatrième fils d’une famille de mineurs calvinistes, William Abraham est connu avant tout sous son surnom celtique de « Mabon ».
En 1870, il travaillait à la mine de Waunarlwydd et appartenait au syndicat unifié des mineurs anglais, l’Amalgamated Association of Miners. Bon orateur et habile négociateur, Mabon en est nommé permanent en 1873. Mais sa renommée au pays de Galles et en Angleterre date de 1875. Après un lock-out de cinq mois qui s’était soldé par un grave échec des trade unions de mineurs, Mabon joue un rôle capital en recommandant d’adopter le principe de l’échelle mobile à la place des conventions collectives (dans le système de l’échelle mobile, les salaires varient en fonction du prix du charbon). L’adoption de l’échelle mobile eut pour conséquence l’élimination de tout véritable syndicalisme en Sud Galles pour un quart de siècle.
En 1889, avec la naissance de la Fédération des mineurs de Grande-Bretagne, Miners’ Federation of Great Britain (MFGB) [cf. Pickard*], ceux des mineurs gallois qui voulaient mettre fin au système de l’échelle mobile se trouvent considérablement renforcés. Une grève de cinq mois éclate qui oblige Mabon à modifier son attitude. La grève entraîne la création de la Fédération des mineurs de Sud Galles, South Wales Miners’ Federation, affiliée à la MFGB. Dès lors l’activité syndicale refleurit en Galles du Sud, sans que pour autant le crédit de Mabon soit entamé. Pendant une dizaine d’années, celui-ci poursuit sa politique de conciliation et de compromis. C’est finalement en 1910-1911, la grève au complexe cambrien (Cambrian Combine) qui met fin à son règne. Incapable de résoudre le conflit, il démissionne en 1912 du poste de président du syndicat. Dorénavant ce seront des militants de gauche et d’extrême gauche qui dirigeront la Fédération des mineurs du Sud Galles.
Mabon est entré au Parlement en 1885 sous la bannière du parti libéral. Jusqu’en 1920, il restera député libéral de la circonscription minière de Rhondda. Tout au long de sa carrière de syndicaliste et d’homme politique, il a prôné sans relâche la thèse de la communauté d’intérêt entre le travail et le capital. Sa vie et ses idées ont fait de lui le représentant typique du trade-unionisme Lib-Lab de la fin de l’ère victorienne.
À sa mort, sa fortune s’élevait à 32 777 livres sterling. Cette somme considérable n’a pas manqué de susciter moult commentaires parmi les mineurs gallois.
BIBLIOGRAPHIE : S. et B. Webb, History of Trade Unionism, Londres, 1920. — R.P. Arnot, The Miners, Londres, 1949 ; idem, The Miners… from 1910 onwards, Londres, 1953. — B.C. Roberts, The Trades Union Congress, 1868-1921, Londres, 1958. — E.W. Evans, Mabon : William Abraham, 1842-1922, Cardiff, Université de Sud-Galles, 1959 ; idem, The Miners of South Wales, Cardifï, Université de Sud-Galles, 1961. — Rapports annuels du Trades Union Congress. — Times, 25 mai 1922. — Dictionary of National Biography, 1921-1930. — Joyce Bellamy, John Saville (éd.), Dictionary of Labour Biography, t. 1, 1972.