BAX Belfort [BAX Ernest Belfort]

Né le 23 juillet 1854 à Leamington Spa, Warwickshire ; mort le 26 novembre 1926 à Londres ; journaliste et théoricien socialiste.

Né dans une famille de bourgeoisie non-conformiste, Belfort Bax a fait des études privées à Londres, études qu’il poursuit à Stuttgart et à Vienne. À cette époque ses maîtres à penser sont Spencer et Stuart Mill*.

L’écrasement de la Commune est à l’origine de son éveil politique. Dans les années qui suivent, il rencontre nombre de communards réfugiés à Londres ainsi que des membres de la Ire Internationale. Deux hommes exercent alors sur lui une influence déterminante : Hermann Jung et Paschal Grousset.

En 1880, Bax se rend à Berlin comme journaliste et il s’initie là à la philosophie de Kant et de Hegel. De retour à Londres l’année suivante il rencontre Kropotkine et Hyndman* ; ce dernier lui conseille de lire Le Capital. Totalement gagné au socialisme, il adhère en 1882 à la Fédération démocratique (Democratic Federation) et devient un des chefs de file du mouvement socialiste renaissant. Lorsque la Democratic Federation se transforme en organisation spécifiquement socialiste en 1884 sous le nom de Fédération social-démocratique (Social Democratic Federation, SDF), Bax fait partie du premier comité exécutif de la S.D.F. Très lié à Engels, il se lance, sur les conseils de celui-ci, dans l’étude approfondie du marxisme. C’est lui qui en 1884 représente la SDF au congrès international de Roubaix.

Cependant, la même année, une scission s’est produite à l’intérieur de la SDF. Bax, qui fait partie des sécessionnistes, contribue à la création de la Ligue socialiste (Socialist League) avec William Morris*. Il collabore également avec ce dernier pour fonder et éditer le journal de la ligue, « Le Bien commun » (Commonweal).

Dès ce moment, et pendant une vingtaine d’années, Bax consacre une large part de son activité à écrire dans les publications socialistes, intervenant sur les sujets les plus variés : c’est ainsi qu’il est le premier marxiste anglais à développer une critique théorique de la religion et de la morale. Par ailleurs il publie plusieurs études sur la Révolution française, période qui l’a toujours fasciné. Après avoir rédigé plusieurs des manifestes politiques de la Socialist League, il se sépare de la ligue en 1888 à cause des tendances anarchistes qui s’y développent. Il rejoint alors la Fédération social-démocratique, tout en maintenant des relations d’amitié avec William Morris.

Pendant un bref laps de temps, Bax assume en 1892 la fonction de rédacteur en chef de Justice, l’hebdomadaire de la SDF. Continuant par la suite à mener de front activité politique et publications, il participe jusqu’à 1914 à de nombreuses réunions socialistes internationales. Lorsque éclate la guerre, Bax comme Hyndman rallie le camp de l’union sacrée et du patriotisme guerrier et en 1916, les deux hommes lancent un nouveau parti, le parti national socialiste (National Socialist Party) organisation dissidente du British Socialist Party et favorable à la lutte jusqu’à la victoire.

De tempérament appliqué et sérieux, voire un peu pédant et sans grand humour, Belfort Bax a témoigné d’un dévouement sans limites à la cause du socialisme qu’il a contribué à faire progresser de manière notable dans les vingt dernières années du XIXe siècle (cependant sur un point — le rôle des femmes — il a poussé l’antiféminisme jusqu’à l’absurde). En 1918, huit ans avant sa mort, Bax écrit ses mémoires (Reminiscences and Reflexions of a Mid and Late Victorian), mais l’ouvrage ne rend pas vraiment justice à son action. Personnage doué de talents multiples, il est resté, en dépit de ses bizarreries et de ses caprices, l’ami d’Engels et de Morris. De nos jours, ses œuvres sont tombées dans l’oubli, et le bilan du rôle effectif de Belfort Bax reste à faire.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article75308, notice BAX Belfort [BAX Ernest Belfort], version mise en ligne le 12 décembre 2009, dernière modification le 12 décembre 2009.

ŒUVRES PRINCIPALES : The Religion of Socialism (La religion du socialisme), Londres, 1887. — Socialism : Its Growth and Outcome (Croissance et visée du socialisme), en collaboration avec William Morris, Londres, 1893. — J.-P. Marat : the People’s Friend (Jean-Paul Marat : l’ami du peuple), Londres, 1900. — The last Episode of theFrench Revolution : Being a History of Gracchus Babeuf and the Conspiracy of the Equals (Le dernier épisode de la Révolution française…), Londres, 1911. — The Fraud of Feminism (La fraude du féminisme), Londres, 1913. — Reminiscences and Reflexions of a Mid and Late Victorian (Mémoires d’un Victorien), Londres, 1918.

BIBLIOGRAPHIE : R. Arch, Ernest Belfort Bax : Thinker and Pioneer, Londres, 1927. — H.W. Lee, E. Archbold, Social-Democracy in Britain, Londres, 1935. — E.P. Thompson, William Morris, Londres, 1955, rééd. 1977. — G. Tsuzuki, H.M. Hyndman and British Socialism, Oxford, 1961. — S. Pierson, « Ernest Belfort Bax : The En-counter of Marxism and Late Victorian Culture », Journal of British Studies, vol. 12, 1972 ; Marxism and the Origins of British Socialism : The Struggle for a New Consciousness, Cornell University Press, 1973.

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