Né le 23 janvier 1831 à Feckenham, Worcestershire ; mort le 7 juillet 1915 à Saint Leonards, Sussex ; universitaire, positiviste.
Beesly était le fils d’un pasteur anglican de tendance « évangélique ». À dix-huit ans il devient étudiant à Oxford, à Wadham College, le foyer de l’évangélisme oxonien. Il rencontre là Frederic Harrison* et noue avec lui une amitié qui durera toute la vie. Sous l’influence de leur tutor, Richard Congreve, un disciple d’Auguste Comte, tous deux se convertissent au positivisme.
Licencié en lettres classiques, Beesly quitte l’université en 1854 et va enseigner l’histoire à Marlborough College, une public school très cotée. Il y demeure jusqu’en 1859. Puis en 1860 il est nommé professeur d’histoire à l’université de Londres, à University College. Désormais il va avoir de nombreuses occasions de manifester ses positions radicales. En 1861-1862, il prend le parti des ouvriers londoniens du bâtiment en lutte contre leurs patrons à propos du système de paiement à l’heure. Parmi les multiples campagnes auxquelles il participe, l’on peut citer l’appui donné à Lincoln et aux Nordistes dans leur lutte contre l’esclavage (au cours d’un grand meeting tenu le 26 mars 1863 Beesly en profite pour réclamer l’extension des réformes à l’Angleterre). Lorsque la Ire Internationale tient sa séance inaugurale à Londres le 28 septembre 1864, c’est Beesly qui préside la séance. Bien que lui-même n’ait pas adhéré officiellement à l’Internationale, il a entretenu des rapports amicaux avec Marx et avec les autres dirigeants de l’association. Avocat de l’internationalisme, il milite en même temps pour le suffrage universel. Animateur de la Reform League il professe que seul l’élargissement du corps électoral permettra une législation de progrès social.
Tout au long des années 1860, Beesly est considéré comme un des porte-parole du mouvement ouvrier. Dans le cadre du trade-unionisme, il soutient la plupart du temps la « junte » contre les attaques de George Potter* et de Bee-Hive. Au tollé général qui s’élève contre les syndicats au moment des « attentats de Sheffîeld » (1865-1866), Beesly oppose une apologie raisonnée du trade-unionisme, ce qui lui vaut maintes critiques tant sur le plan personnel que sur le plan théorique. On va même jusqu’à essayer de le chasser de sa chaire de University College. Un peu plus tard, en 1871, Beesly est à nouveau l’objet de vives attaques lorsque, avec ses amis positivistes, il prend la défense de la Commune. Au cours des années qui suivent Beesly continue de mettre sa parole et sa plume au service de la classe ouvrière, non sans critiquer du reste certains leaders, tels que George Howell* et Alexander Macdonald* auxquels il reproche leur trop grande modération et leur penchant au compromis. Mais après 1880 son prestige auprès des dirigeants ouvriers commence à s’amenuiser. Il disparaîtra tout-à-fait à partir du moment où Beesly va consacrer toute son énergie à la question irlandaise. En effet, en raison de son hostilité au colonialisme et à l’impérialisme, Beesly estime désastreuse la politique répressive de Gladstone. Il se fait l’un des premiers champions du Home Rule, proposant même l’indépendance complète pour l’Irlande : attitude qui le coupe rapidement des champions Lib-Lab tels qu’Henry Broadhurst*. À deux reprises, en 1885 et 1886, Beesly se présente aux élections, mais il est chaque fois battu à cause de la question irlandaise. Si Beesly n’a jamais été socialiste, il ne s’est pas moins trouvé souvent associé à Hyndman* et à d’autres leaders socialistes pour faire avancer la cause de la démocratie sociale.
En 1893 Beesly abandonne son enseignement à l’Université de Londres pour fonder la Positivist Review qu’il dirige jusqu’en 1902. À cette date le positivisme apparaît dépassé dans les milieux avancés britanniques et Beesly préfère se retirer. Il finira paisiblement ses jours sur la côte méridionale de l’Angleterre, à Saint Leonards où il s’était installé en 1901.
ŒUVRES PRINCIPALES : P. Descours a publié la liste des écrits de Beesly dans le tome 23 de la Positivist Review (1915), p. 210-214. Mais cette liste ne comprend pas les écrits politiques qui ont surtout paru dans la presse : Beesly a écrit en effet dans plusieurs journaux (Bee-Hive, Labour Standard) et revues (Fortnightly Review).
BIBLIOGRAPHIE : R. Harrison, The English Positivists and Labour Movements (Oxford, D. Phil. dactylographié, 1955). — R. Harrison, Professor Beesly and the Working-Class Movement, Essays in Labour History, vol. I, A. Briggs et J. Saville (éd.), Londres, 1960. — W.M. Simon, European Positivism in the Nineteenth Century, Ithaca, N.Y., 1963. — R. Harrison, Before the Socialists, Londres, 1965 ; The English Defence of the Commune 1871, Londres, 1971.