BELLOC Hilaire [BELLOC Joseph Hilaire Pierre René]

Né le 27 juillet 1870 à Saint-Cloud ; mort le 12 juillet 1953 à Guilford, Surrey ; écrivain et polémiste.

Le père d’Hilaire Belloc était un Français, qui s’était enrichi dans le commerce des sucres avec les Antilles. Sa mère, anglaise, était la fille de Joseph Parkes, le politicien radical de Birmingham. Hilaire Belloc avait tout juste deux ans lorsque son père mourut ; sa famille retourne alors s’installer en Angleterre. Là le jeune garçon reçoit une éducation catholique, devenant à dix ans pensionnaire du collège oratorien d’Edg-baston à Birmingham.

En 1889 Belloc se passionne pour la grande grève des dockers de Londres et ses explorations dans l’East End le confirment dans ses idées avancées. Après avoir voyagé en Amérique, il revient en France en 1891 pour y faire son service militaire. En 1893, il entre au collège de Balliol à Oxford.

Sur le plan politique, c’est un libéral, de nuance radicale (au moment de la guerre des Boers, il prendra vigoureusement parti contre la guerre). En 1902, Belloc opte pour la nationalité britannique et se lance dans la vie publique. Candidat libéral pour la circonscription de Salford-Sud, il est élu député aux élections législatives de 1906.

Tout en produisant en abondance sur le plan littéraire, Belloc se fait le censeur impitoyable du système social et des institutions politiques de l’Angleterre édouardienne. Ses idées rejoignent tout à fait celles de son ami G.K. Chesterton* (au point que G.B. Shaw* invente l’expression « Chesterbelloc » pour désigner la pensée des deux hommes) et ses critiques visent particulièrement la démocratie parlementaire, qu’il accuse d’être purement formelle, et le régime des partis, auxquels il reproche leurs connivences tacites par-delà leur apparente animosité. Aux élections de janvier 1910, le parti libéral refuse tout soutien à Belloc, ce qui n’empêche pas celui-ci d’être réélu à Salford. Mais il ne se représente pas aux élections de décembre 1910. Très impressionné par la puissance de la finance juive, Belloc avait dénoncé au Parlement « la ploutocratie anglo-juive qui nous régit ». D’ailleurs lui-même avait été un antidreyfusard et n’avait pas manqué de souligner le rôle des financiers dans la guerre des Boers.

Pour faire connaître son programme, Belloc fonde en 1911 un journal, Eye Witness (qui devient ensuite le New Witness). Avec le frère de G.K. Chesterton, Cecil, publiciste et membre de la société fabienne, il dénonce le « scandale Marconi » où sont impliqués entre autres le politicien juif Rufus Isaacs et Lloyd George. Adversaire farouche de la loi de Lloyd George sur les assurances sociales (l’Insurance Ad de 1911), il la décrit en 1912 dans son livre The Servile State (L’État servile) comme un pas de plus sur la route conduisant à l’étranglement des libertés individuelles : à une époque où le « nouveau libéralisme » au pouvoir et le socialisme fabien se conjuguaient pour prôner l’interventionnisme de l’État, la dénonciation par Belloc de cette mainmise de la puissance publique s’érigeant en « État-Providence », rencontre la sympathie de certains milieux de gauche à tendances libertaires, en particulier parmi les Guild Socialists. L’opposition de Belloc à toute forme de bureaucratie, son culte du Moyen Age, le rapprochent en effet de l’équipe réunie autour d’A.R. Orage* dans l’hebdomadaire New Age et lui-même se met à collaborer au journal. Mais si Belloc sympathise avec plusieurs des aspirations fondamentales du socialisme, il marque de plus en plus d’hostilité pour ses objectifs.

C’est pourquoi le reste de sa vie, au-delà de 1914, n’intéresse plus guère l’histoire du mouvement ouvrier. Au cours de la Première guerre mondiale, Belloc soutient à fond la cause alliée, suivant avec une attention toute particulière les opérations en France. Pendant l’entre-deux-guerres, au milieu d’une production littéraire toujours prolifique, il consacre de nombreux écrits au catholicisme, car depuis la mort de sa femme en 1914, son intérêt pour les questions religieuses n’avait fait que croître. C’est à l’âge de quatre-vingt-trois ans qu’il meurt dans sa résidence du Sussex.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article75312, notice BELLOC Hilaire [BELLOC Joseph Hilaire Pierre René], version mise en ligne le 12 décembre 2009, dernière modification le 12 décembre 2009.

ŒUVRE : Sur la centaine d’ouvrages publiés par Belloc, on peut citer An Examination of Socialism (Le socialisme en question), Londres, Catholic Truth Society, 1908. — The Party System (Le système des partis) en collaboration avec Gecil Chesterton, Londres, 1911. — Socialism and the Servile State (Le socialisme et l’État servile), controverse avec J.R. MacDonald, Londres, 1911. — The Servile State (L’État servile), Londres, 1912.

BIBLIOGRAPHIE : R. Speaight, Life of Hilaire Belloc, Londres, 1957. — Dictionary of National Biography, 1951-1960. — J. P. McCarthy Liberty Press, Hilaire Belloc : Victorian radical, Indianapolis, 1978. — A.N. Wilson, Hilaire Belloc, Londres, 1984.

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