BENBOW William

Né en 1784 près de Manchester ; mort à une date inconnue ; chartiste et théoricien de la grève générale.

Ce cordonnier autodidacte est venu au radicalisme pour une large part sous l’influence de Tom Paine*. Ses activités politiques le conduisent une première fois en prison en 1817 lorsqu’il est incarcéré pour huit mois. À cette occasion, Cobbett*, l’un de ses compagnons de lutte, organise une grande collecte en sa faveur. En juin 1818 Benbow fuit en Amérique où il rejoint Cobbett, mais, très vite, il retourne en Angleterre.

Au début des années 1820, on le retrouve libraire et éditeur à Londres. Spécialisé dans les publications subversives et les libelles polémiques, il est bientôt ruiné par les procès successifs qui lui sont intentés. Cependant, il continuera à l’occasion d’éditer quelques brochures. L’une d’elles, écrite par lui en 1832, va susciter un vif intérêt. Les seize pages appelées à devenir fameuses, sont intitulées Grand National Holiday and Congress of the Productive Classes (Le Grand Jour Sacré de la Nation et l’Assemblée des Classes productives). À cette époque, Benbow était l’un des animateurs de l’union nationale des classes laborieuses (National Union of the Working Classes) et tout le mouvement accueille avec enthousiasme le projet d’un jour national d’arrêt de travail, c’est-à-dire la grève générale. L’idée n’était pas absolument neuve mais c’est Benbow qui a su lui donner forme à un moment où elle répondait aux aspirations ouvrières (en fait elle n’a pas réussi alors à passer dans les faits).

Le plan de grève générale est repris en 1839, lors de la première grande poussée chartiste, dont Benbow est l’une des figures de proue. La convention réunie par les chartistes propose d’appeler à la grève générale sous la forme d’un arrêt de travail d’un mois, le « mois sacré ». En août 1839 Benbow est arrêté. Après huit mois de détention sans procès, il est condamné à seize mois de prison (au tribunal il plaide sa cause par un discours qui dure dix heures). Libéré en 1841, il se lance à nouveau dans la campagne pour la Charte du Peuple. Sa trace se perd peu à peu après 1850.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article75313, notice BENBOW William, version mise en ligne le 12 décembre 2009, dernière modification le 12 décembre 2009.

ŒUVRE : The Crimes of the Clergy (Les crimes du clergé), Londres, 1823. — Grand National Holiday and Congress of the Productive Classes (Le grand jour sacré de la nation et l’assemblée des classes productives), Londres, 1832, texte reproduit dans l’International Review for Social History, vol. I, Amsterdam, 1936.

BIBLIOGRAPHIE : É. Dolléans, Le Chartisme, 2 vol., Paris, 1912. — M. Beer, History of British Socialism, 2 vol., Londres, 1919. — E.P. Thompson, The Making of the English Working Class, Londres, 1963. — I. Prothero, « William Benbow and the Comcept of the « General Strike » », Past and Present, n° 63 (1974). — J. Droz (éd.), Histoire générale du socialisme, t. 1 : Des origines à 1875. — I. Prothero, Artisans and Politics in Early Nineteenth Century London : John Gast and his times, 1979. — J. Bellamy et J. Saville (éd.), Dictionary of Labour Biography, t. VI.

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