CAMPBELL Alexander

Né en 1796 près de Skipness, presqu’île de Kintyre, Argyllshire, Écosse ; mort le 10 février 1870 à Glasgow ; oweniste et coopérateur.

Menuisier et ébéniste, Alexander Campbell s’établit ensuite à son compte comme entrepreneur en bâtiment. Très jeune, il avait rencontré Robert Owen* et devient son disciple pour la vie. Il lui a servi même pendant un temps de secrétaire à New Lanark. Lorsque l’industriel oweniste/Abram Combe fonde en 1826 la communauté expérimentale d’Orbiston (à quelques kilomètres à l’Est de Glasgow), Campbell prend part à l’aventure ; il dirige la fonderie et s’occupe avec compétence de l’école de garçons. Mais l’expérience ne dure pas. Combe meurt ruiné en août 1827 et les créanciers font emprisonner pour dettes Campbell et William Sheddon, qui s’étaient portés garants de l’entreprise. Pourtant cet échec ne décourage nullement le zèle de Campbell. Partisan actif de l’idée de coopération, il cherche à l’implanter en Écosse. Après avoir rédigé les statuts d’une boulangerie coopérative à Glasgow, il participe en 1829 à la fondation de la première société coopérative de la ville. L’année suivante, la société ouvre un bazar destiné à mettre en pratique le principe owenien de bourse d’échange du travail (c’est un prototype de la bourse qu’Owen fondera à Londres en 1832, sous le nom de la bourse nationale d’échange équitable du travail, ou National Equitable Labour Exchange). Aussi sur ses vieux jours, Campbell se considérera comme le précurseur du principe du dividende sur les achats, développé à partir de 1844 par les pionniers de Rochdale ; ceux-ci, affirmera-t-il, l’avaient même consulté (cf. Transactions of the Association for the Promotion of Social Science, 1860-1861).

Propagateur enthousiaste des thèses oweniennes en Écosse, Campbell, au début des années 1830, se met à s’intéresser aux trade unions. Il semble avoir été secrétaire, à cette époque, de la chambre des métiers de Glasgow (Glasgow United Committee of Trades) et, en 1834, il assume le secrétariat de l’union locale des charpentiers. Lors du procès des ouvriers fileurs de Glasgow Campbell était secrétaire des métiers de la ville ; par contre son lien exact avec l’United Committee of Trades reste obscur.

À la même époque Campbell s’affaire pour développer la presse oweniste sur le plan local. Il dirige la publication de plusieurs périodiques éphémères : Herald to the Trades Advocate and Co-operative Journal (25 septembre 1830-25 mai 1831), Liberator (1833) et le Tradesman (1834) — dans ce dernier cas, Campbell fait même de la prison pour n’avoir pas acquitté le droit de timbre.

Après l’échec des tentatives du grand syndicat d’inspiration owenienne (cf. Owen et Doherty*) Campbell tourne son énergie vers la lutte contre la nouvelle loi des pauvres (la Poor Law) réformée de 1834. On le trouve au nombre de ceux qui fondent en 1836 l’Association radicale nationale (National Radical Association), mais il demeure avant tout un disciple d’Owen et ne semble guère s’être intéressé au chartisme, dans la mesure où — comme il l’écrit en 1848 — il fait passer « l’émancipation sociale avant le pouvoir politique ». Nommé « missionnaire social » owenien en 1838, il parcourt la Grande-Bretagne pour l’Amicale nationale communautaire (National Community Friendly Society) qui, en 1839, fusionne avec l’Association de toutes les classes de toutes les nations (Association of ail Classes of all Nations) pour former la Société universelle des religion-naires rationnels (Universal Community Society of Rational Religionists). C’est alors que Campbell rencontre James Pierrepont Greaves, pédagogue et utopiste, inspirateur de la communauté de Ham Common, dans le Surrey. Il partage pendant quelque temps la vie de la communauté et, après la mort de Greaves en 1842, publie quelques-uns de ses écrits (1843-1845).

En 1847, Campbell et un autre disciple d’Owen, William Pare, récemment établi à Dublin, vont exposer au Lord Lieutenant d’Irlande, Lord Clarendon, les idées d’Owen pour soulager la misère en Irlande.

La même année, Campbell est proposé comme candidat aux élections législatives pour la circonscription de Stockport, Cheshire, mais il retire sa candidature avant le scrutin. Peu de temps après (du 1er juillet 1848 au 3 mars 1849) il devient rédacteur en chef du Spirit of the Age ; il avait été nommé en mai 1848 secrétaire d’une association d’investissements au Canada, la Canadian Land and Railway Investment Association, une initiative soutenue par Owen pour encourager les investissements par des ouvriers au Nouveau Brunswick.

Au cours de la période 1850-1860, on n’entend plus guère parler de Campbell, sauf dans la région de Glasgow, où il continue de se montrer actif. On peut citer notamment son rôle dans la fondation de la coopérative centrale de Glasgow (Central Co-operative Society), point de départ de l’essor du coopératisme en Écosse. Entré comme journaliste au Glasgow Sentinel, Campbell en devient rédacteur en chef vers 1863. Mais sa réalisation la plus importante, c’est la création, en 1858, de la Bourse du Travail de Glasgow (Glasgow Trades Council). Campbell en est élu président et c’est de ce foyer trade-unioniste que part la campagne contre la législation « Maître et Serviteur » (Master and Servant Laws).

Ainsi les dernières années de la vie de Campbell n’ont pas été inactives et sa volonté d’œuvrer pour le bien-être ouvrier se maintient jusqu’à sa mort en 1870.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article75344, notice CAMPBELL Alexander, version mise en ligne le 12 décembre 2009, dernière modification le 12 décembre 2009.

ŒUVRE : Address on the Progress of the Co-operative System (Sur le développement du système de coopération), Londres, 1831. — Authentic Report on the Discussion… on the Principles of Robert Owen (Débat sur les thèses de Robert Owen), Bath, 1838. — Socialism : Public Discussion between Mr. Alexander Campbell… and the Rev. J.T. Bannister (Débat sur le socialisme), Coventry, 1839. — Life of Abram Combe (La vie d’Abram Combe), Londres, [1848 ?]. — Memoir of J.P. Greaves (Notice biographique de J.P. Greaves), Londres, [1848 ?]. — Handbook for Emigrants (Manuel pour émigrants), Londres, 1860.

BIBLIOGRAPHIE : Correspondence of Robert Owen, Co-operative Union Library, Holyoake House, Manchester. — G.J. Holyoake, History of Co-operation in England, 2 vol., Londres, 1875-1879. — S. et B. Webb, The History of Trade Unionism, Londres, 1894. — W. Maxwell, The History of Co-operation in Scotland, Glasgow, 1910. — A. Cullen, Adventures in Socialism, New Lanark Establishment and Orbiston Community, Glasgow, 1910. — G.D.H. Cole, The Life of Robert Owen, Londres, 1930. — T. Johnston, History of the Working Classes in Scotland, Glasgow, 4e éd. 1946. — Daphne Simon, « Master and Servant » dans Democracy and the Labour Movement, J. Saville, éd., Londres, 1954. — W.H.G. Armytage, Heavens Below, Londres, 1961. — W.H. Marwick, Alexander Campbell, Glasgow, 1963. — R. Harrison, Before the Socialists, Londres, 1965. — W.H. Marwick, A Short History of Labour in Scotland, Edimbourg, 1967. — J.F.G. Harrison, Robert Owen and the Owenites in Britain and America, Londres, 1969. — J. Bellamy et J. Saville (éd.), Dictionary of Labour Biography, t. I, 1972.

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