CITRINE Walter McLennan

Né le 22 août 1887 à Liverpool ; mort le 22 janvier 1983, Brixham, Sud-Devon ; leader syndicaliste.

Fils de marin, Citrine a reçu l’instruction rudimentaire d’un enfant pauvre : en semaine à l’école primaire du quartier, le dimanche à la mission presbytérienne (Oakdale Presbyterian Mission). En même temps, encore gamin, il livre des journaux à domicile. À douze ans il quitte l’école après avoir réussi l’examen qui permettait alors aux enfants du peuple de mettre fin à leur scolarité avant d’avoir atteint l’âge de quatorze ans. Il commence par travailler dans une minoterie, puis entre en apprentissage chez un électricien en 1903. Au cours des années suivantes, il travaille pour divers entrepreneurs et même pendant quelque temps dans la verrerie Pilkington à St Helens. C’est l’époque où il se familiarise avec les publications socialistes et adhère à l’ILP ; toutefois il ne s’inscrit qu’en 1911 à la section locale du syndicat des Electriciens (Electrical Trades Union ou ETU). Militant syndical actif il devient en octobre 1914 le premier permanent du district de Liverpool de l’ETU. Après avoir tenté vainement de se faire élire au conseil municipal de Liverpool, puis en 1918 au Parlement il décide de se consacrer désormais uniquement à l’action syndicale. Ses efforts sont récompensés en 1920 puisqu’il est nommé secrétaire général adjoint du syndicat des Electriciens. Il occupe ce poste jusqu’en 1924, date à laquelle il est choisi comme secrétaire général adjoint du Trades Union Congress (TUC). L’année suivante, à la mort du secrétaire général du TUC, il assume temporairement la succession. C’est juste le moment où éclate la grève générale et Citrine se trouve donc directement mêlé à cet épisode capital de l’histoire du mouvement ouvrier. Aussi est-il confirmé dans ses fonctions à l’automne 1926, et il restera secrétaire général du TUC jusqu’en 1946. A l’intérieur du monde trade-unioniste, il représente, de l’aveu général, la tendance modérée de droite.

Pendant ses vingt années à la tête du mouvement syndical britannique, Citrine a joué un grand rôle tant sur le plan international que sur le plan national. Assisté par Ernest Bevin*, il lutte pour faire accorder au TUC le droit d’être consulté par le gouvernement sur les affaires importantes. Il est partisan de négociations avec les organisations patronales et c’est largement sous son influence qu’à la fin des années 1920 Alfred Mond et d’autres grands patrons proposent d’ouvrir des discussions mixtes sur le problème des relations industrielles.

En 1925, Citrine avait été l’un des premiers dirigeants syndicaux avec George Hicks*, le secrétaire général du syndicat unifié des Travailleurs du bâtiment (Amalgamated Union of Building Trade Workers), à s’intéresser au fonctionnement des syndicats russes. Par la suite il se rendra à plusieurs reprises en URSS au cours des années 1930, et ses expériences au pays des Soviets l’incitent à écrire un livre qu’il intitule « En quête de vérité sur la Russie » (I search for Truth in Russia) et qui est publié en 1936. En plus de ses activités syndicales, Citrine est conseiller du travail auprès du gouvernement britannique à la Conférence d’Ottawa en 1932 et à la Conférence économique mondiale en 1933. De 1929 à 1946 il est également l’un des administrateurs du Daily Herald. La presse communiste communiste, particulièrement française, le prend à partie, en mars 1940, en même temps que Léon Jouhaux, comme serviteur de "l’impérialisme anglo-français".

En 1945 il abandonne la présidence de la Fédération syndicale internationale qu’il avait assumée pendant dix-sept ans ; et l’année suivante il quitte son poste au TUC.

Mais il est alors appelé à d’autres responsabilités. Élevé au rang de pair en 1946, il devient Lord Citrine of Wembley. À partir de 1946-1947, il est à la fois membre de l’Office National du Charbon (National Coal Board) et président du Comité pour le bien-être des mineurs (Miners’ Welfare Committee). Puis comme il s’intéresse tout particulièrement au secteur nouvellement nationalisé de l’électricité il est nommé en 1947 président de l’Electricité de Grande-Bretagne (Central Electricity Authority), poste qu’il garde pendant dix ans. Parallèlement il préside l’Association britannique pour le développement de l’électricité et l’Association pour la recherche électrique. En 1955, il devient président et membre du comité directeur de l’Union internationale des producteurs et distributeurs d’énergie électrique. De 1958 à 1962, il est membre à temps partiel de l’Electricity Council (qui a remplacé la Central Electricity Authority) et du Commissariat à l’Energie Atomique du Royaume-Uni (U.K. Atomic Energy Authority). A la retraite, Lord Citrine écrit ses mémoires, publiés en deux volumes.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article75358, notice CITRINE Walter McLennan, version mise en ligne le 12 décembre 2009, dernière modification le 16 décembre 2010.

ŒUVREX PRINCIPALES : The Trade Union Movement of Great Britain (Le Mouvement syndical britannique), Londres, 1926. — / search for Truth in Russia (En quête de vérité sur la Russie), Londres 1936. — My Finnish Diary (Journal de Finlande), Londres, 1940. — My American Diary (Journal d’Amérique), Londres, 1942. — In Russia Now (Aujourd’hui l’URSS), Londres, 1942. — British Trade Unions (Les syndicats britanniques), Londres, 1942. — Men and Work : an autobiography (Le travail et les hommes : une autobiographie), Londres, 1964. — Two Careers : a second volume of autobiography (Deux carrières : un second volume d’autobiographie), Londres, 1967.

BIBLIOGRAPHIE : L’autobiographie de Citrine. — H. Pelling, A History of British Trade Unionism, 4e éd., Londres, 1976, traduction française Histoire du syndicalisme britannique, Paris, 1966. — Who’s Who.

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