Né le 9 mars 1763 à Farnham (Surrey) ; mort le 18 juin 1835 à Ash près de Guildford (Surrey) ; écrivain, publiciste et député radical.
Petit-fils d’un journalier agricole, fils d’un petit fermier, William Cob-bett a toujours gardé un profond attachement pour la campagne et la vie rurale. Troisième enfant d’une famille où il y avait quatre fils, il passe son enfance dans les champs et ne reçoit d’autre éducation que celle donnée par son père qui apprend à toute la famille à lire et écrire. Il travaille quelque temps à Kew et très jeune lit le Conte du Tonneau (Tale of a Tub) de Swift qui le marque profondément. Arrivé à Londres en 1783, il travaille chez un avoué, puis s’engage dans l’armée pour huit années pendant lesquelles il étudie la littérature anglaise et améliore sa connaissance de la grammaire. Son engagement le mène jusqu’en Nouvelle-Ecosse, mais il revient en Angleterre en 1791 et quitte l’armée. Il se rend alors en France avant d’émigrer en 1792 à Philadelphie où il reste jusqu’en 1800. Il participe activement à la vie politique américaine, publie des brochures, édite un mensuel, le « Censeur Politique » (Political Censor) et même un quotidien, « le Petit Echo du Porc-Epic » (The Porcupine Gazette and Daily Advertiser). Mais les critiques acerbes qu’il dispense dans ce quotidien à l’endroit de certaines personnalités ou de leur politique lui valent plusieurs procès. Par ailleurs les positions « loyalistes » qu’il adopte dans ses écrits, où il défend la politique britannique, le rendent impopulaire, mais une fois revenu en Angleterre en 1800 cette attitude lui apportera notoriété et sympathie.
Après avoir tenté en 1800 de lancer un quotidien intitulé le « Porc-épic » (The Porcupine) — il est contraint de s’en défaire dès l’année suivante — il inaugure en 1802 sa grande œuvre, sous la forme d’une « chronique politique hebdomadaire » (le Weekly Political Register) : mis à part quelques brèves interruptions, le journal va paraître jusqu’à sa mort (il lui survivra même de deux ans) et il aura une très large audience populaire. Une autre contribution importante de Cobbett consiste dans la publication des débats parlementaires (Parliamentary Debates) qu’il entreprend en 1804 et qui constituent l’ancêtre du Hansard, c’est-à-dire du compte rendu officiel des débats parlementaires britanniques (le nom de Hansard vient du fait que les Débats, à partir de 1807, on été imprimés par un certain monsieur Hansard, et c’est ce dernier qui rachète la publication en 1811, lorsque Cobbett se trouve en difficultés financières).
En 1806, le dynamique Cobbett se lance dans une autre entreprise : un recueil des événements et actes politiques depuis 1066 jusqu’au commencement des Débats. Neuf volumes sont ainsi publiés de 1806 à 1811, dont une bonne partie est due à John Wright, un libraire qui avait fait office d’agent pour Cobbett lorsque celui-ci était aux États-Unis et qui était devenu ensuite son assistant.
Dans les premiers temps du Weekly Register, Cobbett avait dénoncé la corruption politique régnante, ce qui en 1810 le fait inculper pour menées séditieuses et condamner à deux ans de prison. Peu après sa sortie de prison, on le retrouve dans le mouvement pour la réforme électorale et parlementaire qui prend un rapide essor à la fin des guerres napoléon-niennes et auquel il prend part avec ardeur. En ramenant le prix du Weekly Register d’un shilling à deux pence, Cobbett met le journal à la portée des travailleurs. Par ses écrits de toute sorte Cobbett a joué un rôle énorme dans le mouvement radical, s’intéressant tout spécialement à la condition des journaliers agricoles, à la question irlandaise et, dans les dernières années de sa vie, à la réforme de la loi des pauvres (Poor Law).
Il se présente sans succès comme candidat au Parlement en 1820 à Coventry, puis en 1826 à Preston, mais aux élections de 1832 après le vote du Reform Bill, lorsqu’il se présente simultanément à Manchester et à Oldham, il est élu député radical d’Oldham et retire sa candidature à Manchester. En 1830 il réunit en un livre appelé à une grande célébrité ses « Promenades rurales » (Rural Rides) qui constituent à la fois un reportage, un témoignage et une analyse politique des campagnes anglaises (l’ouvrage a été écrit d’après les promenades à cheval que Cobbett a effectuées à travers le pays au cours des années 1820).
Lors des débats parlementaires sur la réforme de la Poor Law, Cobbett est parmi les rares opposants car il est très hostile au principe de la nouvelle loi qui vise à restreindre l’assistance, en enfermant les miséreux et leurs familles dans les workhouses.
La loi n’en est pas moins votée en 1834, mais aussitôt s’organise l’opposition à son application, un mouvement auquel Cobbett participe activement. Tandis qu’ont lieu de nombreuses pétitions contre la New Poor Law il développe son point de vue dans une Adresse aux travailleurs (Legacy to Labour ers) publiée en 1835. Ses derniers efforts avant sa mort sont consacrés à la cause des travailleurs agricoles qui lui a toujours tenu à cœur.
ŒUVRE : La bibliographie de cet auteur prolifique de livres, brochures et articles est donnée dans L. Melville, The Life and Letters of William Cobbett in England and America, 2 volumes, Londres, 1913. — Voir aussi G.D.H. Cole, The Life of William Cobbett, Londres, 1927. Traductions françaises : Histoire de la Réforme en Angleterre et en Irlande, 5e éd., 1836. — Avis aux jeunes gens et aux jeunes filles de toutes les classes de la société, 1842, 2e éd., 1889.
BIBLIOGRAPHIE : En plus des biographies mentionnées ci-dessus de Melville et Cole, on peut consulter J.W. Osborne, William Cobbett : his thought and his times, Rutgers University Press, 1966. — A. Briggs, William Cobbett, Londres, 1967. — J. Sambrook, William Cobbett, Londres, 1973. — People for the People, éd. D. Rubinstein, Londres/New York, 1973. — M.J. Wiener, « The Changing Image of William Cobbett », Journal of British Studies, vol. 13, 1974. — Writers and Rebels, éd. M. Katanka, Londres, 1976. — G. Spater, William Cobbett : the noblest agitator, Londres, 1983 (en livre de poche, Oxford, 1985).