Né le 8 septembre 1904 à Bulwell, Nottinghamshire ; leader syndicaliste.
Frank Cousins a passé son enfance dans le Yorkshire, à Doncaster, où il fréquente l’école jusqu’à l’âge de quatorze ans. Il entre alors à la mine et pendant six années travaille au fond. Il trouve ensuite un emploi de livreur de charbon, puis de camionneur et enfin est embauché comme routier.
A l’âge de trente-quatre ans, en 1938, Cousins commence sa carrière de permanent syndical dans la section « Routiers » (Road Transport Commercial Section) du puissant syndicat des Transports le Transport and General Workers’ Union. En 1944, il est promu cadre à l’échelon national et, quatre ans plus tard, on l’élit secrétaire national de la Road Transport Commercial Section du TGWU. En août 1955, Cousins est nommé secrétaire général adjoint du TGWU et dès la fin de l’année, à la mort du secrétaire général Arthur Tiffin, il fait fonction de secrétaire général. En mai 1956, il est officiellement élu à la tête du TGWU. En même temps, il fait partie du Conseil national du travail auprès du ministère du Travail (Ministry of Labour National Joint Advisory Council). Toujours en 1956, il accède au comité exécutif de la Fédération internationale des Travailleurs du transport, fédération qu’il préside de 1958 à 1960 et de 1962 à 1964. Parmi les multiples fonctions remplies par Cousins au cours de cette période, on peut encore citer sa participation au Comité consultatif sur le travail aux Colonies de 1957 à 1962 et au conseil général du TUC, de 1956 à 1964, puis de 1966 à 1968.
Socialiste convaincu, Cousins s’affirme délibérément comme travailliste de gauche. Il est en outre l’un des animateurs de la campagne pour le désarmement nucléaire (Campaign for Nuclear Disarmament). Aussi son arrivée à la tête du TGWU, après le long règne modéré d’Ernest Bevin* puis d’Arthur Deakin*, a-t-elle marqué un tournant dans l’orientation du mouvement syndical tout entier, en faisant prendre à celui-ci un net virage à gauche.
En 1964, lorsque le parti travailliste revient au pouvoir, le Premier ministre, Harold Wilson*, offre à Cousins — bien que celui-ci ne soit point parlementaire — le poste de ministre du Développement technique (Minister of Technology). En dépit de ses fonctions gouvernementales Cousins demeure à la tête du TGWU.
En janvier 1965, profitant d’une élection partielle, il entre aux Communes comme député de Nuneaton dans les Midlands. Toutefois sa carrière de parlementaire est de courte durée. Car si Cousins était entré au gouvernement, c’était avec l’intention bien arrêtée d’y représenter la gauche syndicale. Or dès 1966 il se trouve en désaccord avec un point fondamental de la politique du gouvernement travailliste : la politique des revenus ; c’est pourquoi il préfère donner sa démission en juin et consacrer à nouveau toute son activité à la direction du TGWU, abandonnant même en décembre 1966 son siège de député. Cousins demeure à la tête du TGWU jusqu’en 1969, date à laquelle il abandonne toutes ses responsabilités syndicales. (Parmi les fonctions qu’il a occupées vers la fin de sa carrière, on peut citer par exemple la présidence de la Commission des relations inter-raciales de 1968 à 1970.)
BIBLIOGRAPHIE : M. Stewart, Frank Cousins : A Study, Londres, 1968. — G. Goodman, Brother Frank : the man and the union, Londres, 1969. — Who’s Who. — G. Goodman, The Awkward Warrior : Frank Cousins, his life and Urnes, Londres, 1977.