Né le 15 août 1845 à Liverpool ; mort le 14 mars 1915 à Horsham, Sussex ; artiste, socialiste.
Le père de Walter Crâne, le portraitiste Thomas Crâne, avait donné à son fils une éducation en partie à la maison, en partie dans une école privée, mais dès l’âge de quatorze ans, le jeune Walter entre comme apprenti dans l’atelier londonien du graveur sur bois William Linton, un esprit avancé aux idées républicaines. Etudiant en même temps la peinture, il expose avec succès tableaux et aquarelles. Il fait alors de très nombreuses illustrations de livres et réussit remarquablement dans les ouvrages pour enfants. Plus tard, il s’essaiera à la décoration et créera des objets (en particulier des objets d’usage courant).
S’élevant contre la laideur et le manque de goût des Victoriens, Crane sympathise tout naturellement avec William Morris*, et leur influence commune a été réellement libératrice. Au total, la rencontre et l’association entre les deux hommes s’est avérée profondément enrichissante pour l’un comme pour l’autre. C’est Morris qui a amené Crane au socialisme. Celui-ci désormais met son pinceau, son burin et sa plume au service de « la Cause ». C’est ainsi qu’il compose nombre de dessins et de caricatures pour le journal de la SDF, Justice et pour celui de la Ligue socialiste Commonweal (ses œuvres seront réunies en un volume en 1896 et publiées sous le titre : Cartoons for the Cause). A cette époque Crane dessine tout ce que les syndicalistes et les socialistes lui réclament : bannières, en-têtes, cartes d’adhérent, motifs décoratifs, illustrations en tout genre…
C’est lui l’âme de la Guilde des ouvriers d’art créée en 1884 (il en est d’ailleurs le premier président). Il préside aussi pendant des années la Société des Arts et Métiers (Arts and Crafts Exhibition Society). L’influence qu’exerce Crane dans le domaine de l’art décoratif est reconnue en 1893 quand on lui offre le poste de directeur du dessin d’ornement au collège municipal des Beaux-Arts de Manchester, puis en 1898 quand il prend la direction du collège royal des Arts à Londres. Très apprécié à l’étranger également, il gagne de nombreuses médailles.
Crane peindra et exposera jusqu’à la fin de ses jours, inclinant de plus en plus vers l’aquarelle et les paysages. On peut admirer son portrait (exécuté par F. G. Watts) à la National Portrait Gallery à Londres.
Pour Crane, esthétique et politique étaient intimement liées. Peu après la mort de William Morris, il a défini en ces termes le renouveau artistique dont Morris et lui-même ont été les représentants :
« Réveil de l’esprit du Moyen Age mais non de la lettre dans l’art décoratif ; retour à la simplicité, à la sincérité ; retour au matériau de qualité et au bel ouvrage ; réapparition d’une décoration plane, riche, évocative et de formes artistiques simples et pures ».
ŒUVRE : Cartoons for the Cause, 1886-1896 : a souvenir of the International Socialist Workers and Trades Union Congress (Caricatures pour la Cause), Londres, 1896. — Ideals in Art (L’Idéal en art), Londres, 1905. — An Artist’s Reminiscences (Souvenirs d’un artiste), Londres, 1907. — William Morris to Whistler (De William Morris à Whistler), Londres, 1911.
BIBLIOGRAPHIE : P.G. Konody, The Art of Walter Crane, Londres, 1902. — J.B. Glasier, William Morris and the Early Days of the Socialist Movement, Londres, 1921. — G.C.E. Masse, A Bibliography of First Editions of Books Illustrated by Walter Crane. Londres, 1923. — E.P. Thompson, William Morris, Londres, 1955, 2e éd., 1977. — P. Meier, La pensée utopique de William Morris, Paris, 1972. — I. Spencer, Walter Crane, Londres, 1975. — J. Bellamy et J. Saville (éd.), Dictionary of Labour Biography, t. VI.