CROSSMAN Richard Howard Stafford

Né le 15 décembre 1907 à Buckhurst Hill, Chigwell, Essex ; mort le 5 avril 1974 à Londres ; journaliste, homme politique travailliste.

Richard Crossman est né dans un milieu conservateur très bourgeois. Son père était un haut magistrat, aussi envoie-t-il son fils faire ses études secondaires dans la célèbre école privée de Winchester. Crossman sera ensuite un brillant étudiant d’Oxford. Ses études achevées, il demeure à l’université comme fellow (professeur) à New College. Déjà il manifeste des opinions avancées. Au conseil municipal d’Oxford, il est leader du groupe des conseillers travaillistes. Il quitte Oxford en 1932 et s’installe à Londres où il collabore à l’hebdomadaire travailliste New Siatesman and Nation, tout en enseignant, en même temps, à la Workers’ Educational Association (sorte d’ » université ouvrière »). En avril 1937, il se présente sans succès à une élection partielle de Birmingham-Ouest.

À la déclaration de la guerre, Crossman, qui parle couramment allemand, est engagé à la BBC, puis il sert dans une administration officielle, le service de la guerre psychologique (appelé parfois la « propagande noire »).

En 1945, élu député de Coventry-Est, il inaugure une carrière parlementaire chargée qu’il poursuivra jusqu’en 1974. Sioniste convaincu, Crossman critique violemment la politique menée par Bevin* en Palestine — prise de position qui, dans une certaine mesure, handicape sa carrière. Lorsque Hugh Gaitskell* prend la direction du Labour Party, il choisit Crossman comme porte-parole de l’opposition sur le problème des retraites ; mais l’appartenance résolue de Crossman à l’aile gauche du parti l’a rendu suspect auprès de beaucoup et lui-même préfère démissionner en 1960 de l’équipe de tête de l’opposition.

En 1963, à la mort de Gaitskell, Crossman soutient activement la candidature d’Harold Wilson* au poste de leader du parti. Quand Wil-son devient Premier ministre l’année suivante, il confie à Crossman le portefeuille du Logement (Ministry of Housing and Local Government). De 1966 à 1969, Crossman, toujours membre du Cabinet, est leader de la Chambre des Communes ; puis, en 1969, il est chargé des services sociaux (Secretary of State for Social Services). A la suite des élections législatives de juin 1970, le Parti conservateur revient au pouvoir et Crossman retourne au New Statesman dont il devient rédacteur en chef pendant deux ans. Gravement malade, il subit une opération qui lui donne un sursis, mais le cancer l’emporte en 1974.

Tout au long de sa carrière politique, Crossman a gardé la marque de sa formation universitaire. Il a toujours abordé les problèmes en intellectuel.

À dater de 1952, Crossman s’est mis à tenir régulièrement un journal politique, son but plus ou moins avoué étant de mettre à jour à l’intention des historiens et des politologues futurs les mécanismes du système parlementaire et gouvernemental britannique. Après sa mort, une controverse a surgi à propos de la publication de ce journal. Certains s’y sont opposés, en alléguant que ce serait divulguer par-là le secret des décisions ministérielles : néanmoins la partie des Diaries relative à la période 1964-1970 a été publiée en 1975-1976 et il est probable que d’autres sélections du journal seront ultérieurement publiées.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article75388, notice CROSSMAN Richard Howard Stafford, version mise en ligne le 12 décembre 2009, dernière modification le 12 décembre 2009.

ŒUVRES PRINCIPALES : Plato to-day (Platon aujourd’hui), Londres, 1937. — Government and the Governed (Gouvernants et gouvernés), Londres, 1939. — Palestine Mission (Mission en Palestine), Londres, 1947. — The God that failed : Six Studies in Communism (L’échec du dieu : six études sur le communisme), en collaboration, Londres, 1950. — New Fabian Essays (Nouveaux essais fabiens, sous la direction de R. Crossman), Londres, 1952. — Planning for Freedom (Planification et liberté), Londres, 1965. — The Diaries of a Cabinet Minister (Journal d’un ministre), 2 vol., 1975-1976.

BIBLIOGRAPHIE : Who’s Who 1974. — Times, 6 avril 1974.

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