Né le 12 janvier 1799 à Londres (Southwark) ; mort le 23 décembre 1873 à Londres (Hoxton) ; trade-unioniste.
À quatorze ans Dunning commence son apprentissage de relieur. Dès les années 1820, il milite activement dans l’union locale de la reliure. En 1839, lors de la grève des ouvriers de la reliure, grève qui se prolonge pendant huit mois, Dunning joue un rôle important dans les négociations et contribue au règlement du conflit. Toutefois, comme celui-ci a sérieusement affaibli les trois sections de la capitale, une réorganisation s’impose : elle prend place en mai 1840 et c’est Dunning qui est élu secrétaire de la nouvelle Société londonienne des Ouvriers de la reliure (London Consolidated Society of Bookbinders). Il restera plus de trente ans à ce poste.
Administrateur habile et bon debater, Dunning, malgré son peu d’instruction, sait aussi écrire. Son style est précis, clair, cohérent. C’est une personnalité puissante, l’une de celles qui dominent le monde trade-unioniste du milieu du siècle. Leader respecté et écouté des ouvriers professionnels, il est bien le porte-parole de l’« aristocratie ouvrière ». Il fonde en octobre 1850 un journal syndical, le Bookbinders’ Trade Circular, qui sert de plate-forme à ses idées. Cependant le meilleur exposé de ses principes en matière syndicale se trouve dans la brochure qu’il publie en 1860 : Trades’ Unions and Strikes : their philosophy and intention (Les syndicats et les grèves : philosophie et objectif). Dans cet ouvrage, tout en reconnaissant que les salaires dépendent fondamentalement de la loi de l’offre et de la demande, Dunning justifie le rôle des trade unions, en expliquant que l’action syndicale doit permettre aux salariés de mener des négociations justes et fructueuses avec les employeurs (pour lui il y a harmonie possible entre les intérêts des patrons et ceux des ouvriers).
Au cours des années 1860, Dunning soutient les grandes causes réformistes mais à la différence de la plupart des chefs syndicaux, il se déclare hostile aux Nordistes dans la Guerre de Sécession.
Bien que dirigeant d’un syndicat de métier relativement modeste, Dunning a toujours été très respecté et il a exercé une forte influence dans le milieu des trade unions professionnels de la capitale. Le syndicat de la reliure était l’un des plus gros actionnaires de Bee-Hive et Dunning a fréquemment collaboré au périodique. En 1871, lorsqu’il abandonne le secrétariat de son syndicat, il continue d’en diriger le bulletin, le Bookbinders’ Trade Circular.
ŒUVRE ET BIBLIOGRAPHIE : En plus de la brochure Trades’ Unions and Strikes (Londres, 1860), Dunning a donné de fréquents articles au Bookbinders’ Trade Circular et à Bee-Hive. — S. et B. Webb, History of Trade Unionism, Londres, 1894 ; E. Howe et J. Child, The Society of London Bookbinders, Londres, 1952. — R. Harrison, Before the Socialists, Londres, 1965. — W.H. Fraser, Trade Unions and Society : The struggle for acceptance, 1850-1880, Londres, 1974. — J. Bellamy et J. Saville (éd.), Dictionary of Labour Biography, t. II.